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12 novembre 2007 1 12 /11 /novembre /2007 00:03


Comme les gars du Beaujolais vont comme d'hab nous bassiner avec leur Beaujolais Nouveau qui arrive, pile poil, le même jour à la même heure, je me suis dit hier au soir que cette année, au lieu de faire comme tous les ans une petite chronique sympa pour ce breuvage mondial, rien que pour du beurre - pas très conviviaux les gars du Beaujolpince, t'invitent jamais à prendre un verre, faut être people pour ça, faut croire que je n'ai pas une tête de marketing - j'allais de ce pas chez un caviste de la rue Daguerre - enclave bobolesque du XIVe - " La cave des Papilles" tenue par des dispensateurs exclusifs de nectars fait à la main, m'acheter une boutanche de Vin Nouveau. Le fond de l'air était frais. Entré dans la cambuse les deux tenanciers, genre négligé du terroir, dégustaient avec deux clients du blanc sur le comptoir. M'ont à peine dit bonsoir. Ils bavassaient z'entr'eux. Moi j'ai ainsi pu faire mon tour de chauffe tranquille. Y'avait bien du Vin Nouveau.

Comme on ne me prenait pas la grappe j'ai eu tout le temps de rêver au temps du pépé Louis et de son vin nouveau. Ceux d'entre vous qui suivent ce blog depuis ses débuts savent qu'avec lui et Nénette, notre jument pataude et indolente, nous étions les rois de la décavailloneuse : voir la chronique sur cet épisode de ma vie de viticulteur en culotte courte :  www.berthomeau.com/article-658918.html 
Nos vignes, celles du pépé, complantées en hybrides à numéros, vivaient leur vie hors toute chimie, comme dirait l'autre : elles faisaient ce qu'elles voulaient, poussaient toutes seules. En Vendée " la vigne couvre encore actuellement 18 à 20 000 ha. A part quelques plants de folle blanche (cépage assez quelconque, qui diminue de jour en jour), cette superficie ne contient que des hybrides et, en particulier, du noah. Par endroits, il semble que le sol pourrait donner des produits passables, mais il est acquis que, de tout temps, le vin, dans cette contrée, a constamment été médiocre. Plaignons donc les Vendéens s'ils ne peuvent faire mieux" écrivait un plumitif d'avant-guerre. Dans les années 50, avec l'arrachage obligatoire, l'exode des bras, nos vignes 100% bio, étaient en fin de vie. Bref, on vendangeait ce qui voulait bien mûrir. On ne faisait pas péter les rendements et encore moins le degré/hl. Nous avions un pressoir préhistorique monté sur des roues en fer. Le pressurage se faisait au bord de la nationale devant la maison du Bourg-Pailler, à l'entrée du bourg. Le jus coulait dans un grand baquet de bois circulaire, ça moussait sec. On s'en lampait dans des verres Duralex jusqu'à avoir la courante. Le transfert dans les barriques, que le pépé avait rincé à l'eau claire, avec une chaîne dedans, en les balançant sur un pneu, se faisait avec une pompe à bras. Dans la cave tout juste éclairée par une ampoule pendue allait commencer la transmutation : le moût allait bouillir selon son bon vouloir. Il s'en donnait à coeur joie, sans contrainte, au petit bonheur la chance. Total bio le mec : un vin libre ! Et puis, je ne sais plus très bien, après soutirage et peut-être un petit coup de mèche, le pépé nous siphonnait une bouteille de vin nouveau. C'était le meilleur moment de sa vie : léger, fruité, gaillard, il se laissait boire. La suite de sa vie serait moins glorieuse mais c'est une autre histoire.

Aux Papilles branchées on s'inquiète enfin de mon sort. Je dis que c'est le Vin Nouveau que je veux. Un  des cavistes aux pattes en lame de poignard me balance : "c'est un Lemasson" comme chez un galériste comme Templon, pour faire passer le prix de l'oeuvre, on te signale sans autre forme de procès que "c'est un Alberola". 1-20544-G14545.jpg
J'opine l'air entendu pour ne pas passer pour un con mais dès que j'suis rentré at home je consulte Google pour lutter contre mon inculture vinique et je lis    
Bio… graphie
Sommelier de formation, Olivier Lemasson a croisé le chemin des vins naturels par chance… Il a travaillé chez l’un des plus anciens cavistes estampillé vins natures, Eric Macé à Rennes. Passionné par ces vins bizarres, Olivier a fait ses armes chez Marcel Lapierre pendant 4 vendanges, puis durant une année complète entre les vignes et le chai. Après un bref retour au métier de caviste, au Square Trousseau à Paris, le virus l’a emporté. Il est aujourd’hui installé en Touraine, à Chitenay.
Bon trève de bla bla bla : à la soupe ! pour se réchauffer le corps. En faisant réchauffer mes ravioles de Romans je tire-bouchonne mon Vin Nouveau qui bien sûr est un Red Table Wine à 11°5 au compteur. Bouchon plastoc rouge pétant ! Intelligent. Je me sers un verre. Belle couleur vermillon. Je lape. Je lui trouve un goût de vin nouveau du pépé Louis : léger, fruité, gaillard. Ma madeleine de Proust quoi ! C'est 6 euros les 75 coco... en fin de bouche l'a quand même comme un goût de gogo mon coco c'est peu un lourd pour un porte-monnaie de prolo... Comme je suis soi-disant un bobo jm'en sers un autre verre pour faire couler mon bout de Brie de Meaux. Allez, vive les vins contés de Lemasson que j'ai du croiser au temps où je becquetais au Square Trousseau près du marché d'Aligre. Quand on aime on ne compte pas dit-on...
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11 novembre 2007 7 11 /11 /novembre /2007 00:08


De grands enfants, sous leurs airs de hauts serviteurs de l'Etat compassés, mes trois vieux propres sur eux exultaient, tels des potaches dont le coup foireux serait "couvert" par un surgé plus con que la moyenne. Consternant ! Que ces messieurs fassent tout ce binz pour m'infiltrer comme agent dormant dans la nébuleuse gauchiste, bien plus verbeuse que dangereuse, je trouvais ça dérisoire. Minable. La note blanche, rédigée par les fins limiers de son service, que me tendit le patron des RG, m'achevait. Affligeant ! C'était un ramassis de lieux communs, où l'on trouvait tout et son contraire, alarmiste tout en soulignant l'absence de réel passage à l'acte,  torchée dans une langue de béton par de vieux routiers de l'anticommunisme primaire habitués au format immuable des cellules du PC et des sections de la CGT, qui accollaient à la Gauche Prolétarienne le label d'organisation para-militaire alors que le premier abruti venu savait qu'en dépit de ces appels à l'insurrection populaire, la poignée de jeunes bourgeois exaltés, épaulés par deux pointures en mal de point de chute, Geismar l'un des boss de 68 connu du grand public qui veut se fondre dans le gris des opprimés, et le tout en os déjà opportuniste July, dit "l'italien" au temps de l'UJC, se saoulait de palabres échevelés et débitait à la chaîne des tracts incendiaires distribués au petit matin aux portes des usines pour finir leur courte vie dans la merde des caniveaux.

Mai, le printemps de la parole, des discours enflammés, des rêves fous, des slogans libertaires, des affiches provocatrices, se figeait dans le plomb groupusculaire. La masse des insurgés, les joyeux dépaveurs casqués, bien vaccinés contre la dictature des encartés, des porteurs de certitude, fondait sous le soleil des plages aux côtés des Français de la France profonde qui se remettaient de leur grande trouille. Même les évènements de Prague, le cliquetis des chenilles des chars des pays frères, ne les avaient pas tiré de leur léthargie bronzifaire. Ceux qui restaient, le noyau dur des militants professionnels absorbés par leurs psychodrames internes, s'enfouissaient afin de préparer leur longue marche. L'ordre régnait à nouveau, pesant. La Vermeersch démissionnait du Comité Central du PC pour protester contre les réserves émises, par ce brave plouc de Waldeck Rochet, au coup de force de Prague ; une stal de moins mais déjà la trogne noiraude de l'immonde Marchais pointait son groin dans le paysage dévasté de la gauche française. Féroces, les irréductibles jetaient le "caïman" de la rue d'Ulm aux chiens : "Althusser à rien !" "Althusser pas le peuple !". De Gaulle exhortait les Français : "Portons donc en terre les diables qui nous ont tourmentés pendant l'année qui s'achève". Les socialos cliniquement morts, les PSU en voie de fractionnement nucléaire, les troskos pathologiquement sectaires, les révisos marxistes-léninistes hachés menus et en décomposition avancée, laissaient le champ libre aux purs révolutionnaires.

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10 novembre 2007 6 10 /11 /novembre /2007 00:01

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" J'ai écrit beaucoup moins que la plupart des gens qui écrivent, mais j'ai bu beaucoup plus que la plupart des gens qui boivent. "
GUY DEBORD

 " Réfléchir à long terme est une mauvaise méthode pour résoudre les problèmes économiques. Car à long terme nous serons tous morts." JOHN MAYNARD KEYNES "
C'est le véritable début de la négociation de Bretton Woods. Le 18 mai, Keynes, qui était devenu baron de Tilton en juin 1942, fait son premier discours à la chambre des Lords. Il porte sur la réforme du système monétaire international. Keynes insiste sur les similitudes entre les plans américains et anglais : « Neither plan conceals a selfish motive. The Treasuries of our two great nations have come before the world in these two Papers with a common purpose and with high hopes of a common plan » (JMK, XXV, p. 280). De celui des Américains, il dit qu'il s'agit en apparence d'une vieille bouteille, mais qu'elle contient un nouveau vin."
400px-Leonardo-da-Vinci--1452-1519----The-Last-Supper--1495-1498--copie-1.jpgLa Cène de LEONARD DE VINCI, autour d'une coupe, de gauche à droite en regardant le tableau : Barthélémy, Jacques le Mineur, André, Judas, Pierre, Jean, Jésus, Thomas, Jacques le Majeur, Philippe, Matthieu, Thadée, Simon.

C'est un peu tiré par les cheveux mais, que voulez-vous, y'a des samedi, comme ça, où l'ont sent ses cheveux après avoir trop fait honneur au facteur commun, ce cher divin nectar. Et puis, si vous êtes très observateur, vous remarquerez que l'apôtre le plus proche de Jésus c'est Jacques le Majeur, mon saint patron...

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9 novembre 2007 5 09 /11 /novembre /2007 00:07


Merci Marc d'avoir conçue cette cuvée et de l'avoir prénommée Zoé. Marc, c'est Marc Parcé de la Préceptorie de Centernach et Zoé est le prénom de ma petite fille. Depuis l'irruption dans notre quotidien de cette histoire de fous de "razzeteurs" d'enfants bourrés de soi-disant bons sentiments, pointe avancée de notre bonne conscience d'homme blanc en "mal d'enfant", je bous d'entendre du soir au matin, accolé à l'Arche qui n'est ni d'alliance, ni de Noé, ce prénom dont peu de gens connaissent l'éthymologie. Grâce soit rendue à notre Banuylenc de Marc, saisi lui aussi d'une sainte colère, pour une autre raison que moi, même si je partage avec lui sur cet espace de liberté son combat, qui sur sa contre-étiquette éclaire la lanterne des incultes surmédiatisés.


" Nous vignerons de la Préceptorie, affligés de la guerre déclarée au vin par tous les puritains, hygiénistes et prohibitionnistes qui sévissent en France aujourd'hui, avons souhaité par le nom donné à cette cuvée, affirmer que le vin, comme le pain, était indissociable de notre culture et de notre amour de la vie, en grec Zoi, traduction de Eve "La Vivante", mère de l'Humanité." Que c'est bien dit ! Tu ne peux pas savoir comme ça m'a fait du bien lorsque traînant mes guêtres chez Lavinia je suis tombé en arrêt, et sur ta cuvée, et sur ton portrait que je n'ai pas pu m'empêcher de flasher.

Certes notre Zoé, qui aime tant les poupées, et que les féministes me pardonnent la dînette aussi, n'est pas encore en âge d'apprécier ce divin nectar des Côtes Catalanes cher Marc, mais moi qui suis pour elle une sorte de papy d'Amérique un peu lointain je puis t'assurer qu'un jour elle appréciera la beauté de ton geste et ton sens de l'opportunité. A ta manière je suis persuadé que tu auras contribué à faire d'elle une épicurienne qui saura apprécier à leur juste valeur le bon pain de campagne et le bon vin de terroir et, qu'un jour peut-être, tout au bout de la France du Sud, le vrai, chez toi, notre Zoé, face à la splendeur des vignes en terrasses, des murets de pierres sèches, de cet amphithéâtre grandiose cernant la mer, se découvrira une vocation de vigneronne. Je rêve mais, que voulez-vous chers lecteurs, ça fait du bien de rêver dans ce monde de brutes.   

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8 novembre 2007 4 08 /11 /novembre /2007 00:09


Jérôme Quiot fait partie de ces hommes qui avancent, bâtissent, dérangent. A Chateauneuf-du-Pape, son terroir d'origine, j'ai pu le constater, lors de ma fameuse mission de réconciliation entre les deux syndicats, certains habillent leur ressentiment à l'égard de sa réussite économique d'un discours en défense de la tradition. Certes, notre homme va de l'avant, entrepreneur dans l'âme, ce qui ne signifie pas pour autant qu'il jette aux orties les fondements de l'AOC. Porté à la présidence du Comité Vin de l'INAO, succédant à la statue du Commandeur, Jérôme Quiot pressent que la belle mécanique s'emballe, qu'elle va s'enrayer. Lui qui se frotte aux marchés d'exportation sait mieux que quinconque que l'accession à l'AOC n'est pas le gage de l'excellence et le sésame de la réussite. Sa volonté de voir les professionnels se prendre en main, gérer, moderniser leur outil, assumer leurs responsabilités se heurtera à la frilosité de la tutelle et à l'inertie pesante des organisations professionnelles. Débarqué sans beaucoup d'élégance il en tire l'énergie des hommes fiers pour rebondir et se consacrer totalement à cette entreprise de famille dont il parle avec passion.

Fidèle en amitié, et c'est pour moi dans le monde politico-professionnel, où le pouvoir va et vient, une qualité majeure, Jérôme Quiot à toujours cultivé à mon égard l'amitié franche. Il monte facilement en régime le Jérôme, un peu soupe au lait, et moi indécrottable ferrailleur je suis un provocateur, alors dans les semaines qui ont suivi la publication de mon rapport, alors qu'il préside le CNIV, nous avons éprouvé avec bonheur cette franche amitié. Alors, je n'ai aucune pudeur à l'écrire, dans ma petite traversée du désert placardisée Jérôme Quiot a toujours su être à mes cotés sans souci de mon odeur de soufre. Mon portrait de lui, de son entreprise de famille, n'est nullement un renvoi d'ascenseur mais l'expression la plus rigoureuse de ma volonté de combattre l'ostracisme dont fait l'objet une réussite comme la sienne ou plus exactement celle de sa famille avec une mention particulière pour son épouse Geneviève. Réussite qui a prix : savez-vous combien de jours Jérôme Quiot passe par an hors de nos frontières hexagonales pour vendre ses vins ? Entre 180 et 200 jours dont 70 à 80 hors d'Europe. Au four et au moulin, la vie d'une entreprise familiale qui avance n'est pas un long fleuve tranquille. Alors parlons d'elle !
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Comme toujours dans notre France des terroirs, les histoires familiales plongent leurs racines dans les siècles qui ornaient les couvertures des Lagarde et Michard de nos humanités. 1748, le grand-père de Jérôme, céréalier, acquiert des vignes et ce coin de bord du Rhône où se construira la maison familiale, près de la Tour de Lhers, c'est à Chateauneuf-du-Pape. Le socle sur lequel les Quiot vont construire. Le domaine du Vieux Lazaret tout d'abord avec ses 110 hectares, la maison-mère dans ce village au nom connu aux quatre coins du monde. Puis, par Geneviève son épouse s'y sont adjoint les 15 hectares des Côtes du Ventoux et, en Provence, au pied de la Sainte Victoire, le domaine Houchard qui atteint aujourd'hui plus de 90 hectares. Enfin, en décembre 2007, c'est l'acquisition du Château de Trignon, 80 ha, avec la splendeur des Dentelles de Montmirail en toile de fond. On ne grandit pas pour grandir mais pour atteindre une taille permettant de prendre et de tenir sa place dans la compétition mondiale. Quand on exporte 90% de son chiffre d'affaires, avec des vins qui se situent à l'intersection des grands et de ceux qui veulent le devenir, il faut savoir offrir à ses clients, souvent fidèles, une gamme diversifiée et des séries significatives. Le tout en famille, Geneviève un peu fourmi, les enfants, pour Jean-Baptiste, vignes et vins, la technique et la qualité, pour Florence règlementation et social, l'image de l'entreprise, avec en permanence un oeil sur les marchés, l'attention aux clients. Les ventes ont progressé de + de 60% en 3 ans. C'est un choix assumé d'indépendance par une stratégie patrimoniale donnant à l'entreprise les moyens de sa politique. Reste encore beaucoup à faire pour chercher et trouver des synergies avec des entreprises du même type. C'est le fond de commerce de "Sans Interdit" d'en discuter mais, je vais vous faire une confidence, avec Jérôme, nous pratiquons l'art de la conversation, et là, loin des ratios et de la compétitivité, nos échanges en surprendraient plus d'un.

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7 novembre 2007 3 07 /11 /novembre /2007 00:06


Le monsieur Jourdain du storytelling : c'est un peu moi !

Depuis 2001, sans le savoir, je fabrique des histoires et on me lit. Rassurez-vous chers lecteurs, même si j'aperçois de mon balcon les hauts murs de l'hopital Ste Anne, je ne suis pas encore atteint par un délire de prétention aiguë. Pour tout vous dire, je suis le premier étonné et pourtant, le premier symptome de cet étrange manie, celle d'écrire, je l'ai constaté sitôt la publication de mon fichu rapport. L'ami Jean-Louis Piton, qui sait avoir la dent dure quand il le faut, me dit au téléphone : " Ton rapport il ne ressemble à rien de connu..."et moi de répondre, normal je l'ai écrit..." s'ensuivit un blanc au bout du fil - même si nous nous servions de portables - et moi d'enchaîner : "l'as-tu lu jusqu'au bout ?" la réponse fusait : "oui!" et de répondre : " c'était mon seul objectif, être lu ". 

 

Tout ça pour vous dire que, sans préjuger de la qualité ou de la pertinence de mes écrits, la forme adoptée : narrative, le vin raconté à un Ministre, mis sur le Net, a fait que ce document, bâti de bric et de broc, pas très conforme aux codes documents des chercheurs ou d'Ernest Young, a été lu, photocopié, traduit, diffusé et m'a assuré un référencement en béton sur Google. D'une certaine manière je suis devenu le rapport Berthomeau car celui-ci correspondait vraiment à ma manière d'être et, sa relative notoriété, bien plus qu'à la valeur du fond, est liée à ce qu'un jour de juin, en rentrant de Vinexpo, je me suis assis dans le petit bureau sur cour du 232 rue de Rivoli, devant mon écran, entouré de piles de documents, et je me suis lancé, comme ça, sans garde-fous, dans l'écriture d'une histoire. Bien sûr je savais où je voulais aller mais j'ignorais totalement comment j'allais y parvenir. Chaque jour je m'astreignais à l'écriture et, au bout d'un petit mois, les 80 pages étaient là. J'entends déjà des sarcasmes : voilà t'y pas qu'il se prend pour un écrivain maintenant ! Non, je me suis contenté de vous conter une histoire, j'ai fait du storytelling sans le savoir.



Mais me direz-vous, en quoi cette technique " apparue  aux Etats-Unis au milieu des années 1990, le "storytelling" ou l'"art de raconter des histoires" est-elle nouvelle ? C'est tout simplement parce qu' "elle a été déclinée partout depuis sous des modalités de plus en plus sophistiquées, dans le monde du management comme celui de la communication politique. Elle mobilise des usages du récit très différents, du récit oral tel que le pratiquaient les griots ou les conteurs jusqu'au digital strorytelling, qui pratique l'immersion virtuelle dans des univers multisensoriels et fortement scénarisés" in Storytelling de Christian Salmon éditions La Découverte www.editionsladecouverte.fr (à lire)


Certains d'entre vous vont sourire, le récit est aussi vieux que le monde, comme Roland Barthes l'écrivait " sous ses formes presque infinies, le récit est présent dans tous les temps, dans tous les lieux, dans toutes les sociétés ; le récit commence avec l'histoire même de l'humanité..." J'en conviens aisément mais c'est qui est nouveau, comme l'écrit Ch.Salmon c'est l'ampleur du phénomène et surtout par son utilisation comme "une technique  de communication, de contrôle et de pouvoir [...] Popularisé par le lobbying très efficace de nouveaux gourous, le storytelling management est désormais considéré comme indispensable aux décideurs, qu'ils exercent dans la politique, l'économie, les nouvelles technologies, l'université ou la diplomatie." Et d'ajouter : " Les grands récits qui jalonnent l'histoire humaine, d'Homère à Tolstoï et de Sophocle à Shakespeare, racontaient des mythes universels et transmettaient les leçons des générations pssées, leçons de sagesse, fruit de l'expérience accumulée. Le storytelling parcourt le chemin en sens inverse : il plaque sur la réalité des récits artificiels, bloque les échanges, sature l'espace symbolique de séries et de stories. Il ne raconte pas l'expérience passée, il trace les conduites et oriente les flux d'émotions. Loin de des "parcours de la connaissance" que Paul Ricoeur décryptait dans l'activité narrative, le storrytelling met en place des engrenages narratifs, suivants lequels les individus sont conduits à s'identifier à des modèles et à se conformer à des protocoles". 


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Je sais, je vous prends le chou avec mes histoires mais, croyez-moi, sur mon petit blog de rien du tout - les blogs sont le nouvel espace de contagion écrit Salmon -, minable confetti perdu sur l'immensité de la toile, je fais de la résistance à ceux qui vendent la dream society, où le travail sera dirigé par des histoires et des émotions et où  nous achèterons plus seulement des marchandises mais les histoires qu'elles racontent.

 

Mes histoires, mon histoire, vos histoires, notre histoire commune, pour nous les gens du vin qui sommes si attachés à l'origine, à une forme d'authenticité, chantres de la convivialité, sont un contre-poison efficace à la prolifération du formatage des esprits. Vous allez me trouver bien prétentieux mais j'assume au niveau qui est le mien, individuel, ce combat qui n'est pas une bataille d'arrière-garde mais bien au contraire un outil puissant d'affirmation de notre identité, de notre pérennité car, loin d'être des ringards, nous sommes l'expression la plus affirmité de la modernité : le bien vivre...  

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6 novembre 2007 2 06 /11 /novembre /2007 00:02

 

Dans une lettre du 2 juillet 2007 adressée à Hubert Védrine le président de la République lui " a demandé de réfléchir aux changements de positionnement de la France et de l'Union Européenne dans le monde globalisé, d'examiner si la France et l'UE ne devraient pas aujourd'hui défendre autrement leurs intérêts, promouvoir autrement leurs valeurs, et de faire, à partir de cette analyse, des propositions. " Ce rapport, publié chez Fayard, court et facile à lire, devrait fonder et nourrir nos débats. J'en propose un bref extrait à votre réflexion. Le vin est un produit global nous ne pouvons rester inerte ou camper sur des positions d'un autre âge. Vous pouvez le lire sur le site de l'Elysée : 

www.elysee.fr/.../2007/septembre/rapport_sur_la_france_et_la_mondialisation_par_m_hubert_vedrine.79348.html -

La France serait bien plus forte si les Français parvenaient à bâtir ensemble un concensus dynamique combinant étroitement adaptation, protection, régulation, solidarité et action européenne.
    Ce consensus souhaitable n'est atteignable que si cette policy mix est présentée et expliquée comme un ensemble cohérent et que chacun de ses volets est assumé comme indispensable et légitime, y compris les politiques de protection et de solidarité. Dans la pratique, c'est un peu ce qui se fait, mais dans le désordre et sans que cela soit revendiqué comme une stratégie d'ensemble.  Tous les pays comparables au nôtre pratiquent en réalité sans complexe une telle combinaison, pourquoi pas nous ? Pourquoi ne pas le dire clairement ? 
Il ne s'agit pas de geler artificiellement le débat droite/gauche, majorité/opposition, que rien n'empêchera de se poursuivre - et d'ailleurs le dosage exact "réforme/protection" varie partout en fonction du rapport de forces gauche/droite, mais de rassembler les Français sur une stratégie d'ensemble de longue haleine dans un domaine d'intérêt national. Regardons les Allemands : s'ils sont plus confiants que les Français en ce qui concerne leur position dans l'économie globale de marché, cela ne les empêche pas de débattre vivement de leur politique sociale : durée du travail, création ou non d'un smic, niveau de l'allocation chomage, etc., alors même qu'ils ont un accord de coalition ! Un concensus français ambitieux dans la mondialisation n'entraverait pas la poursuite du débat politique.

     Résumé du concensus à atteindre :

               A - les Français acceptent l'économie globale de marché comme un fait ;
               B - la France mène des politiques combinées pour tirer le meilleur parti de cette mondialisation. Elle s'adapte, elle se réforme et crée des emplois nouveaux en montant en gamme technologique tout en s'inscrivant dans la mutation écologique de l'économie ;
               C - elle préserve un coeur de compétences, de souveraineté et de responsabilités publiques ;
               D - elle amortit les chocs brutaux ; elle n'abandonne personne, aucune catégorie socioprofessionnelle. Elle met en oeuvre des politiques de solidarité et de reconversion nouvelles et ciblées. Cela concerne l'Etat, les collectivités locales, les organisations professionnelles ;
               E - elle mène et inspire au niveau européen une politique beaucoup plus offensive de protection, de solidarité et de régulation pour que l'Europe devienne la régulatrice du monde global.

Le but à atteindre est que les Français se convainquent que la France sait quoi faire et comment faire non plus face à la mondialisation, mais dans la mondialisation.
 Je sais que le terme de concensus va révulser les tenants du bloc contre bloc, les alters d'Attac et la gauche de la gauche, les souverainistes, pour ma part je ne l'apprécie guère lorsqu'il est mou, pure résultante d'un plus petit dénominateur commun inopérant, mais en l'espèce, ce que propose Védrine est un compromis au sens où nos voisins italiens, au temps de la DC et du PCI, le qualifiait de "compromis historique". Dans toute entreprise collective ce type d'accord permet d'avancer, de construire, de donner des perspectives à notre pays et à une UE à nouveau consciente de son rôle historique. Ce ne sont pas que des mots mais des principes d'actions clairs qui nous éviteraient de tempêter contre la mondialisation, les délocalisations, tout en emplissant nos caddies et nos armoires de produits chinois, indiens ou d'autres pays à coûts de production hors de notre atteinte et glisser imperturbablement dans une économie à la Wall Mart. Lisez Védrine et commentez ! Merci à vous.
      
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5 novembre 2007 1 05 /11 /novembre /2007 00:05

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Ce n'est pas un scoop mais comme j'adore la photo, très Edward Hooper de la couverture du dernier numéro de Télérama et que, dans l'interview que Francis Ford Coppola donne à ce magazine pour la sortie de son dernier film L'Homme sans âge, l'une de ses réponses me plaît beaucoup, je ne résiste pas au plaisir de vous les offrir chers lecteurs.

Question : Mais personne ne paye un film avec son argent personnel...

"Moi, je peux me le permettre. Pendant toutes ces années, parallèlement au cinéma, j'ai développé d'autres activités. Je me suis lancé dans le vin, un peu par accident, en achetant une maison dans le comté de Napa, en Californie, riche en vignobles. J'ai racheté l'un des plus vieux et plus importants vignobles américains, Inglewood. Tout était à faire : comme si j'avais acheté Mouton-Rothchild dans les années 20, avant que le baron Philippe ne le sauve de la ruine... J'avais aussi ce petit refuge au Belize, dans un parc naturel, dont j'ai fait un hôtel. J'ai eu de la chance, ces activités ont pris de l'ampleur, et m'ont mis, ma famille et moi, à l'abri du besoin."
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" A son retour au vignoble, Coppola engage de bons collaborateurs et affine son objectif : " ce que je veux dire par "grand vin", c'est un vin au goût contemporain, mais ayant un passé provenant de vignes ayant atteint leur apogée." Le progrès dans la vinification est immense et le rubicon, mélange de cabernet-sauvignon, cabernet franc et merlot, résiste à la comparaison avec les meilleurs vins du monde. Francis le visionnaire veut ensuite avoir un blanc digne du rubicon. Du mélange insolite de chardonnay, viognier, marsanne et roussanne provenant de ses vignes, sort un blanc de classe mondiale, à qui Francis donne le nom de blancaneaux. Il fait des essais dans plusieurs directions et se retrouve loin, très loin, de son objectif originel : "Avoir son propre vin, l'étiquette avec le nom de famille et la photo du grand-père." En février 1995, il achète le reste de la propriété, entame la restauration du château et remet à neuf les installations qui n'avaient pas tourné depuis 1966. A l'automne 2002, les raisins seront traités dans la nouvelle cuverie. Désormais, le vignoble de la propriété est à la base des Flagship Wines, rubicon et blancaneaux, qui sont marqués par le terroir de Rutheford. Coppola continue à rendre hommage à ses origines italiennes, en utilisant les mots bianco pour les vins blancs et rosso pour les rouges (...)"

in Vineland une histoire du vin aux Etats-Unis de Maurice Bensousan éditions l'Arganier

Je vous laisse le soin de commenter me contentant de formuler deux suggestions : 
     - Miren à quand la projection du Versailles de Sofia Coppola à Pennautier ?
     - Pierre pense à inviter Francis Ford à la prochaine édition de Toques et Clochers... 
 

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4 novembre 2007 7 04 /11 /novembre /2007 00:11


Le cambouis, chez moi, dans mon bocage crotté, les Boux de Casson et autres notables élus par le petit peuple, dans leurs discours de comices agricoles, adoraient en faire un usage ambigu auprès de leurs électeurs goguenards, paysans madrés, maquignons vicieux, bigotes au bras de leurs époux, journaliers endimanchés. Dans leur péroraison, au moment où il leur fallait marquer les esprits, mettre les rieurs de leur côté, mains sur les hanches, ils prenaient leur auditoire à témoin, l'air entendu de celui à qui on ne la fait pas : " Moi, mes chers amis, je ne suis pas comme ces beaux messieurs les scribouilleurs de feuilles de choux parisiennes qui nous donnent des leçons, nous traînent dans la boue, je ne crains pas de me mettre les mains dans le cambouis pour vous aider..." L'image leur parlait, elle tenait de l'évidence, se salir les mains pour ses électeurs quoi de plus respectable ! Les prébendes sont le juste prix du scrutin d'arrondissement. En descendant l'escalier métallique accolé à la guérite de Grabowski je ne savais pas encore que cette lèpre noirâtre, ce cambouis, le vrai bien gras, allait s'immiscer dans chaque pli de mon corps, me souiller, me pervertir bien plus que les discours de mes chefs. Imperceptiblement, dans cet atelier crasseux, je me glissais dans la peau de Marc Kranck, le petit juif illuminé prêt à sacrifier son avenir sur la chaîne de Javel, chez le pire des patrons, Citroën, pour y partager la galère d'un sous-prolétariat exploité, y porter la bonne parole révolutionnaire, faire se lever un nouveau vent de révolte contre les nervis de Bercot. Les trahir en fait, les infiltrer pour mieux les dénoncer, faire salement mon métier d'agent dormant.

Le vestiaire, avec ses armoires métalliques, son carrelage souillé, ses ampoules pendantes, son odeur de linge sale, me ramenait au grand bureau lambrissé de la place Beauvau où mon coup de gueule s'écrasa comme une fiente de pigeon sur l'indifférence de mes interlocuteurs. Leur silence assourdissant, en écho, me renvoyait un " jappe toujours mon garçon tu nous intéresses ! " qui me désarçonnait. Face à mes minables provocations, les deux molosses, et leur chef de circonstance, avec sa gueule de cocker triste, mains croisées posées sur l'enflure de leur petit gilet, me signifiaient qu'ils n'allaient pas lâcher pour si peu une aussi belle proie. La messe était dite. Fataliste, j'ironisais encore un peu, mais mollement, en lançant à la cantonade : " nous attendons Monsieur le Ministre, je suppose ! Plus on est de fous plus l'on rit..." Ce nouveau flop profond me plongeait dans une perplexité proche du ras-le-bol. Pourtant je me retenais de ruer dans les brancards. Leur petit jeu du chat et de la souris, même s'il commençait à me courir sur le haricot, devait cacher quelque chose. Au lieu de continuer à leur balancer des insanités je pris le parti de me taire. Ces messieurs, sous leur posture d'indifférence, transpiraient d'impatience. Manifestement tout ce petit monde constipé attendaient et, lorsque l'interministériel grelota, la tension monta d'un cran. Le directeur de cabinet me jeta un regard plein d'importance avant de décrocher le combiné blanc. Dans le mouvement il se levait et nous tournait le dos. Après un bonjour Pierre, il se tut, écoutant son interlocuteur en se dandinant d'un pied sur l'autre. Par moment il approuvait " très bien, très bien " puis, d'une voix obséquieuse il s'épandit en remerciements. Des mots : soutien, action déterminante, Matignon, intérêt supérieur, dégoulinaient de sa bouche pour le plus grand plaisir de mes deux voisins qui se rengorgeaient. Quand il reposa le combiné sur son socle, se tournant vers nous, il rayonnait. " Nous sommes couverts. L'opération double chevron peut commencer..."      

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3 novembre 2007 6 03 /11 /novembre /2007 00:08

Dindon-013.jpgJ'ai beaucoup aimé cette affiche accolée dans un bar de la rue Lepic - celui où l'on a tourné des scènes du film Amélie Poulain qui plaît tant aux américains qui nous prennent pour des nases -  qui, en détournant nos "célèbres" trois lettres : A.O.C, joue avec impertinence sur un registre border line les Apéros d'Origines Controlées... Suggestion iconoclaste : notre cher et chenu Institut pourrait peut-être en prendre de la graine pour populariser son cher logo auprès du bon peuple.


Rappellez-vous votre courroux à la suite de son rapport. Rappellez-vous aussi mes conseils de modération face à une opération médiatique destinée à vous énerver. Et puis, depuis ce temps-là, tout ce battage n'a fait que pchitt ! Disparu notre Chabadabada, évaporé, liquéfié... Moi je vous l'ai retrouvé, rue de Bercy, l'ancienne Mecque du gros rouge, où se jettent des affluents prestigieux, telles les rues de Chablis et de Pommard, et qui m'amène, lorsque je vais faire ma gym, jusqu'à la rue du Baron Le Roy. Un concentré d'Histoire, quoi ! Manque plus que Joseph Capus pour faire plaisir à mes amis de Sève. Reconverti en bistrotier le bougre de Chabadabada ! Et en plus, il a baptisé son pti commerce - normal pour un converti en buveur d'eau - Le rendez-vous des Vignerons. Y vont z'être contents les vignerons ! Mais au pécheur repenti miséricorde, ils lui accorderont le pardon ! Désolé mais il faut bien se marrer de temps en temps même si ce n'est pas le jour après tous ces chrysanthèmes.

Dindon.jpgPour finir, détournement de morceaux de verre flottés recueillis sur les plages de Nouvelle-Calédonie et recyclés joliment pour donner de la substance à un flacon original en grillage. Bel objet que l'on m'a offert. En arrière-plan une nature morte de Lemaître, un excellent peintre normand (1909-1995). A quand dans nos produits dérivés autre chose que des tire-bouchons ou des tabliers ?

 
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