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14 septembre 2007 5 14 /09 /septembre /2007 00:02

Rue Lecourbe, un dimanche matin, j'entre chez un caviste, tablier et carrure de rugbyman. Je suis heureux, fait beau et j'ai chiné une petite esquisse à deux balles, deux balles. Le tenancier m'ignore, serait-ce mon pull zarbi qui motive ce dédain ? Je fouine. Je m'agenouille pour tripoter l'une des bouteilles déposées dans un panier. Je sens sur mes épaules l'impact de la réprobation du spécialiste planté derrière sa caisse ce qui ne m'empêche pas d'aller jusqu'au bout du décryptage de l'étiquette de la bouteille dont je me suis saisi. Beau spécimen, je repose le flacon avec ses soeurs, me relève, remercie le muet et sors. Un grand silence me suit. Quelques mètres et, dans ma petite tête, je me dis que cette étiquette ferait une petite chronique. Volte, retour à la cave, elle est vide. Je me saisis de la bouteille. Le 3ième ligne revient. Sourit. Emmaillotte la bouteille de soie. L'enfourne dans un sac plastique. Je paie. Je salue, et cette fois-ci, lui aussi. Après ça je vais déjeuner chez un auvergnat jovial. Le petit Saint Pourçain coule bien.
Un-dimanche-ordinaire-copie-1.jpg

Mais qu'est-ce qu'elle avait donc de spécial cette étiquette ? Voyez vous même en regardant la photo ci-dessus. Très scripturale au premier regard qui, sous le nom du domaine Saint Roche, se concentre sur un texte d'une longueur inusitée. Je vous le retranscris :
- ISSU DE RAISINS DE L'AGRICULTURE BIOLOGIQUE? SAINT ROCHE A ETE PRODUIT AVEC SOINS ET RIGUEUR AFIN QU'IL CONSERVE TOUTES SES QUALITES NATURELLES;
- WINE PRODUCED FROM ORGANICALLY GROWN GRAPES WITH THE UTMOST CARE, SO AS TO PRESERVE ALL THEIR NATURAL QUALITIES;
- ÖKOLOGISCHER ANBAU UND SORGFÄLTIGE HERSTELLUNG BEWAHREN DEM SAINT ROCHE SEINE NATÜRLICHEN EIGENSCHAFTEN
.
 Le large bandeau vert : vin issu de raisins produits en AGRICULTURE BIOLOGIQUE certifié par Ecocert passe une couche supplémentaire pour ceux qui n'auraient pas compris.
Ensuite, l'apposition transversale en rouge MIS EN BOUTEILLE A LA PROPRIETE donne à cette mention une force qui me surprendra toujours dans la mesure où je ne vois pas quelle garantie elle me donne puisque je n'ai jamais mis les pieds dans la dite propriété. Mais à propos d'où vient-il ce nectar ? 
Je cherche.
C'est un vigneron récoltant. Bien ! GFA Domaine de Tavernier F 30300 Beaucaire. Bien ! 
C'est dans le Gard, je sais, mais où est donc passée la mention AOC, VdP ou VdT de ce nectar ?
Je cherche.
Ce n'est pas simple. Toujours en rouge, en bas à droite, sous un bandeau Saint Roche, de traviole : Vin de pays du Gard.
 Bien !
 
Un-dimanche-ordinaire-003-copie-1.jpg

En résumé, ce qui est mis en avant, si je puis m'exprimer ainsi, c'est :
- l'origine agri bio des raisins : 4 mentions,
- la mise propriété : 2 mentions,
- l'origine France : 2 mentions.
Fort bien, tout y est, le degré, le millésime, c'est nickel krome, pas de problème mais entre nous pour le commun des mortels c'est tout de même une embrouille sauf à se dire que l'étiquette n'est là que pour faire plaisir à la cible visée : les akro bio, ce qui ne me dérange pas mais me laisse rêveur pour ce type de viticulture respectueuse de la naturalité. Comme je suis sans doute " un pervers polymorphe " (appellation favorite de Jean Nestor ex-dir cab de Nallet pour désigner les gus qui adorent faire chier leur monde) je me dis, qu'après tout, sous l'apparente confusion, notre Gé-f-iste beaucairois, joue à merveille de 3 identifiants propres à rassurer le consommateur bio gaulois, rosbif ou teuton : une signature Saint Roche avec petit krobar en médaillon (vignes, portail, toit pointu), une origine : France, une qualité : les raisins d'origine biologique. Tout ça va déplaire à Perrico et à ses godillots qui se shootent à l'extrait de terroir et qui, à juste raison, feront remarquer que tout ça est facilement reproductible dans nos vastes vignobles de France... 

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13 septembre 2007 4 13 /09 /septembre /2007 00:03

Samedi après-midi, comme le soleil nous gratifiait de sa présence et que mon cher vélo me faisait défaut, faute à un satané clou, et comme je n'allais pas me rabattre sur le Vélib j'ai baguenaudé à pied dans Paris. Tout d'abord un Irish Coffee en terrasse au Sélect en lisant la presse. Puis, en passant, un petit tour à la Cave de la Grande Epicerie du Béhème pour jeter un oeil sur leur nouveau concept : les dress codes du vin (cf chronique du 11 septembre). A l'entrée, sur un présentoir, le catalogue de la foire aux vins, comme toujours classieux (voir photo) minimaliste, sous un bandeau transparent. " Que voulez-vous, très chère, nos sommes dans le VII ème [aime], la Rive Gauche quoi [koa}..." Au plan pratique, rien de bouleversifiant dans la présentation des vins, alors je vais vous livrer, brut de décoffrage, si je puis m'exprimer ainsi, la déclinaison Rive Gauche des dress codes du vin en 5 catégories : Chic, Classic, Casual, Sporty et Must auxquelles sont associées des caisses de 6 bouteilles censées vous allez le mieux. Pour ma part, je n'ai pas connecté et, comme je suis un Shoes Victim, j'ai craqué pour les nouvelles Veja cuir série limitée de Christine Phung d'un bleu de nulle part ailleurs. Si vous êtes gentil avec moi je ferai une photo de ces petites merveilles équitables. 
Un-dimanche-ordinaire-007.jpg

CHIC* 
Pour une soirée de gala, un vin rare et précieux est de rigueur. Il enchante les sens et ébloui par son charme, son raffinement et son caractère.
                     - Caisse de 6 bouteilles / 1550 euros -
BORDEAUX
Château Haut-Brion                 Pessac-Léognan  2001    x 2
Château Lafite Rothschild                       Pauillac  2001    x 2
Château Latour                                           Pauillac  2001    x 2
(*) chic
CLASSIC * 
Votre atout : vous connaissez vos classiqques, les crus que l'on peut déboucher sans risques, quelle que soit la situation : visite impromptue, déjeuner dominical ou dîner officiel.
                            - Caisse de 6 bouteilles / 135 euros -
BORDEAUX
Château Bahans Haut-Brion         Pessac-Léognan 1999 x 2
Château Chasse-Spleen                Moulis-en-Médoc  2001 x 2
Château Maucaillou                         Moulis-en-Médoc 1999 x 2
(*) classique
CASUAL *
Et voici les vins à déguster au quotidien, sans façons, entre amis. D'ailleurs, vos choix sont judicieux : on vous réclame tojours les références.
                              - Caisse de 6 bouteilles / 175 euros -
Champagne Deutz Brut Classique                                 x 2
Pauillac du Château Latour                         Pauillac 2002  x 2
Blanc Fumé de Pouilly     Domaine D.Dagueneau 2005  x 2
(*) décontracté
SPORTY *
Partager votre passion du vin est un plaisir qui vous est cher, un goût que vous cultivez avec art, autour de crus sympathiques. Bravo !
                                - Caisse de 6 bouteilles / 49,90 euros -
Champagne Montcuit                                                         x 1
Château Bois Pertuis                             Bordeaux  2004 x 1
Heredad Ugarte Crianza                                Rioja   2006 x 1
Domaine Saint-Nicolas Reflets  Fiefs Vendéens 2006 x 1
Crozes-Hermitage cuvée L    Domaine Combier  2006 x 1
Domaine des Pothiers                Côte Roannaise  2006 x 1
(*) sport
MUST *
Il est des moments privilégiés qui exigent l'ouverture d'un cru rare, d'une bouteille singulière dont seuls les initiés peuvent apprécier la personnalité.
                                   - Caisse de 6 bouteilles / 117 euros -
BOURGOGNE
Meursault "Genevrières"                     Domaine Ballot-Millot 2005 x 2
Saint Aubin "En Remilly"                     Domaine M.Colin&fils 2004 x 2
Vosne Romanée "Clos du Château" Domaine Liger-Belair 2004 x 2
(*) exceptionnel

Un-dimanche-ordinaire-004-copie-1.jpg
Je m'abstiendrai de commentaires vous laissant ce soin. J'estime que, en dépit du lieu de vente, il s'agit d'un cas d'école - y'a tout ce que j'aime dans le genre je parle pour ne rien dire - qui devrait être soumis à nos formatés des grandes écoles de commerce et, bien sûr, aux gens du vin. Pour compléter l'information sans alourdir cette chronique, je dois à l'exhaustivité de signaler que sous chaque dress codes les "génies" du Béhème proposent à la vente une liste de 7 à 8 bouteilles. Je me contente de vous donnez la fourchette de prix et une bouteille représentative.

CHIC : entre 41 et 59,80 euros - Château Lafite Rothschild 2002 : 250 euros
CLASSIC : entre 24,80 et 45 euros - Château Sociando-Mallet 2001 : 31 euros
CASUAL : entre 11,50 et 39 euros - Saint-Joseph "Clos de Cuminaille" Domaine  P.Gaillard 2004 17,60 euros
SPORTY : entre 7,30 et 18,45 euros La gloire de mon père Domaine de Conti 2004  9,50 euros.
MUST : entre 14,75 et 49,55 euros Rully St Jacques Domaine A et P de Villaine 2005 16,75 euros
 

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12 septembre 2007 3 12 /09 /septembre /2007 00:03

Lors de notre première rencontre, du haut de mes trente ans fougueux, alors que je logeais dans la grande maison d'en face, celle des vins d'en bas, qui n'en finissaient pas de ressasser sur son âge d'or, l'objet s'occupant des vins d'en haut, prit les traits bonhommes d'un brave IGREF plonplon, costume gris incorporé, répondant au nom de Marquet, Pierre de son prénom ; le même que celui de mon directeur énarque, frais émoulu de cabinets ministériels, qui lui avait un nom avec trait d'union, né à Caudéran, et qui tenait Pierre Perromat, qui présidait le Comité des vins d'en haut, pour une caricature de bordelais, ce qui dans sa bouche de natif du lieu ne s'apparentait pas à un compliment. Bonjour l'ambiance ! Avantage à ma maison : les gens d'en haut craignaient une OPA inamicale sur leur vieille boutique poussiéreuse. Bref, on ne s'ennuyait pas au 232 rue de Rivoli (disparu depuis juillet dernier).

 

Je m'égare. Retour au sujet du jour : pourquoi diable Pierre Marquet venait-il consulter dans l'antre de l'ennemi, un obscur comme moi ? La réponse tenait en ce constat : " l'INAO étant un établissement public sui généris, doté d'un personnel sous statut Gaillard (du nom de Félix, l'autre charentais, le plus jeune président du Conseil de la IV em) donc contractuel, les syndicats lorgnaient sans strabisme en direction du statut des personnels de ma maison, l'ONIVIT, un EPIC (établissement public industriel et commercial).

 

Je proposai donc, à mon cher collègue, mes services pour expertise et plus si affinités. L'affaire ne se fit point, trop de méfiance. Il fallut attendre les socialo-communistes, en l'occurence la loi Le Pors sur l'accès à la Fonction Publique de certains contractuels, dont ceux de l'INAO, pour que je retrouve le dossier au cabinet de Rocard en 83, où je convainquis les syndicats de renoncer au statut de la FP, puis à celui de Nallet en 88. Affaire règlée dans les termes que j'avais proposé à Marquet en 78. Dix ans c'est un temps court pour l'administration. J'ai fêté la bonne nouvelle avec les intéressés au château d'Yquem lors d'un CN, en juin 1988 je crois, madame de Lurs-Saluces, qui m'avait placé à sa gauche (la droite étant occupée par le président du CN) était fort en beauté ce soir-là lors du dîner en plein air. 

Tout ça pour dire que l'INAO, en ce temps-là, avait quelque chose d'exotique : un étrange cocktail d'autogestion professionnelle et de gestion publique qui m'a fait le qualifier d'objet juridique non identifié, ce qui pour moi était un compliment. Avec une telle approche, face au goût immodéré des anglo-saxons pour le droit non écrit donnant aux tribunaux et aux lawyers des espaces infinis, nous dressions une muraille immatérielle qui s'opposait à l'uniformisation du monde. Un bel avantage, dix longueurs d'avance, pour parler vulgairement, ils y bitaient que dale nos petits paganinis des prétoires avec Votre Honneur incorporé comme à la télé. Une grande part de la réussite incontestable de l'AOC tenait à ce mariage heureux du droit privé et du droit public. 

 

Les professionnels français pilotaient une multitude de chouettes conduites intérieures, gentiment désuettes, indémodables, inimitables et, par une forme prononcée de suffisance, d'inconséquence, ils se sont engouffrés dans des cars pour voyages organisés. Bien évidemment, comme toujours dans ce type de périple, le micro du cicérone était tenu par le commissaire du gouvernement. A partir de là, on ne savait plus qui faisait quoi, où si, plus exactement, les fonctionnaires se piquaient de faire dans le stratégique, ils pensaient, et les professionnels du Comité National, tout en poussant des cris d'orfraies sur l'insupportable mainmise publique, s'occupaient de l'intendance du quotidien qui plaisait tant à la base et le Ministre disait amen (le mien y compris). Certains ont tenté de ruer dans les brancards, de proposer, de choisir. On leur demanda d'aller exercer leurs talents ailleurs.

Face à cette dérive, les nouveaux entrants : produits laitiers et autres, suite à la réforme de 1990, que j'ai défendu au Conseil d'Etat, après un temps d'observation, constatant la cécité des représentants du vin et ne se laissant pas éblouir par leurs faux-semblants, petit à petit ont pris le pouvoir, puis profitant de leur entregent dans les allées du Pouvoir ils ont fait prévaloir une conception normative de l'AOC. En clair, face à une production agro-alimentaire de masse, formatée, incolore, inodore et sans saveur, l'AOC devient la pointe de la pyramide des signes de qualité.

 

Le tour est joué. On se noie dans les logos : rouge, vert et je ne sais quelles autres couleurs. On érige le contrôle extérieur en principe fondateur. Le directeur du CIVB a raison de confier à Jacques Dupont dans le point : " c'est en quelque sorte une OPA amicale mais ferme, qui donne le sentiment que tout continue comme avant, alors qu'il n'en est rien " Est-ce pour autant une "nationalisation" de l'INAO ? Une mainmise de la machine étatique sur le secteur ? La réponse est clairement non. Il s'agit tout bêtement de la pure insertion du vin dans le grand Meccano de l'agro-alimentaire. Bien plus que les débats récurrents sur l'opposition entre vins artisanaux et vins industriels, les nouveaux tuyaux, si aucun tri n'est fait en amont, vont plus que jamais formater les vins d'AOC. Faut-il le regretter ? Oui, si la nouvelle mécanique confiée à des "experts extérieurs" - l'externalisation ne règle rien si on ne se met pas d'accord sur les règles du tri - exclut les originaux, les non typiques, les francs tireurs, les inventeurs au profit du gros du peloton et des éternels trainards. Non, si les patrons du gros du peloton assument le statut d'un peloton en acceptant de reconnaître qu'il n'est pas homogène. En clair, avant de mettre le vin dans les tuyaux préoccupons-nous de la vigne et du raisin : la ressource ; laissons la responsabilité première à ceux qui font le vin pour le vendre sous leur signature ou ceux qui le font faire pour le vendre sous leur marque pour traiter ceux qui font leur vin sans souci de ceux qui l'achètent...

A suivre ( ayant été acteur je vous livrerai mon point de vue et mes découvertes dans des chroniques à venir)

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11 septembre 2007 2 11 /09 /septembre /2007 00:02
Complet, rationnel, pratique : votre dressing abrite toutes vos tenues, du sportswear** à la robe du soir. Tout comme votre cave qui, à l'abri du jour, accueille des bouteilles soigneusement choisies pour faire face à toutes les situations. Parce qu'une cave, tout comme une garde-robe, se doit d'être revue régulièrement. La Grande Epicerie de Paris vous propose de la compléter et de l'enrichir : à vous de découvrir ou de retrouver, parmi les crus sélectionnés par notre chef de cave, ceux qui vous iront le mieux.
In the " la lettre rive gauche " du 13 septembre au 6 octobre à la Grande Epicerie de Paris, Le Bon Marché
  Un-dimanche-ordinaire.jpg

 



C'est t'y pas beau ça les dress codes : les codes vestimentaires, en français du terroir profond, ça fait post-moderne, ça permet de la ramener chic dans les dîners en ville : " comme je suis venu en Vélib avec mes tongs, cool koi, chemise blême ouverte à la BHL, et hop, en trois coups de pédale à pot, un petit détour par la rue de Sèvres, à la grande épistoche du Bé-ême, pas de problème je me suis dit, comme notre Laetitia est une fashion victim, et que son Tom est un accro du déstructuré Paul Smith, et que la plupart des petits loups invités ici ce soir n'achètent que des jeans au prix du caviar, emballé c'est pesé je fais dans le vigneron star, genre Athanase Marchandeau, un mec qui vous fait carburer avec un jaja de table bichonné comme un top model d'Alexander Mac Queen, mais en plus charnu, plus rond, hot extrême quoi, mais avec un peu de paill'ettes dans ses sabots vernis Gucci, minimaliste, épuré, pas filtré, trié grain à grain, dorloté comme un mouflon qu'on met à l'Ecole Alsacienne, le fin du fin qu'on ne trouve pas chez le premier pékin venu, très chère. Du terroir à vous trouer le cul, j'ose le dire. Y'a pas de lézard vous allez exploser vos papilles, implosez les saveurs de fruits rouges ou noirs. De la nature en barre, de la matière, du style, la patte du créateur, le génie, presque de la pièce unique mes loustics. Moi, comme vous le savez, je ne colle pas aux fesses de la tendance comme tous les peignes-culs abonnés aux revues, j'la fais moi avec des petits riens, comme l'accessoire qui tue : matez-moi cette étiquette mes cocos, ça déchire grave. Avec les shushis, cette Négrette, qui à souffert bien plus que sainte Blandine sur des terroirs en terrasses balayées par le vent d'autan, va s'épandre comme une maîtresse exigeante. Rien que du plaisir, l'extase absolu..." 

Comme d'ordinaire je délire. Le concept d'une cave, physique ou imaginaire, conçue comme une garde-robe me va bien si, comme dans le domaine de la mode, le monde du vin accepte enfin de segmenter son offre, qu'à partir de la haute-couture qui correspond à nos vins îcones bordelais, bourguignons et autres belles régions, le coeur du marché désigné par le terme générique de prêt-à-porter dans la mode rassemble aussi bien les petits créateurs : nos vignerons stars ou présumés tels, très expression du terroir, artisans et novateurs, éthérodoxes ou chantres de la tradition, que les signatures de grands domaines ou de caves coopératives qui ont les moyens volumiques de proposer des vins adaptés aux divers segments de prix du marché comme le font un Emergildo Zegna ou un Hugo Boss avec leurs costumes allant de 500 euros à 1500 euros vendus en boutiques comme dans les grands magasins. La base de cette pyramide étant bien sûr constituée par l'équivalent des Zara, H&M, CA ou GAP, le gros du marché pour les petites bourses, les coups de coeur, la consommation quotidienne. Et bien sûr, le jeu ne consiste pas à faire sa notoriété en dénigrant ceux du dessous. Cet ensemble où tous les ressorts de la consommation moderne jouent : le vin n'en déplaise à certains est un produit de consommation, où la créativité de certains renforce la notoriété de tous les producteurs d'une AOC ou d'un vin de pays, où l'innovation et l'originalité ne sont pas bridées ou rabotées par une typicité syndicale à la Sallette - pas le pélérinage mais le plumitif de l'INRA - où les marques sont des locomotives, où sur les marchés extérieurs la griffe France joue à plein. Je pourrais, au risque de vous lasser, vous en tartiner des pages sur ce thème. Bref, bien plus qu'un Grenelle du vin, suggéré par Vitisphère, qui ne serait qu'une grand messe de plus, c'est l'acceptation collective de la primauté des metteurs en marché, quels qu'ils soient, vignerons vendeurs directs, domaines, coops ou négociants, sur le maquis des zins-zins institutionnels, pompes à fric, réserve de présidents, joujous de leur technostructure, où le poids économique des diverses entreprises créatrices de vin n'est pas pris en compte. La fausse démocratie étouffe le système, le bloque, le maintien dans le douillet cocon de la Médiocratie "chère" à mes amis de Seve, le plus petit dénominateur commun, un petit goût de l'ex-URSS...
  

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10 septembre 2007 1 10 /09 /septembre /2007 00:02

J'aurais pu titrer ma chronique : " Du pain, du vin et des clanpins..." mais j'ai préféré pour une fois faire dans le sérieux qui sied à nos grands experts qui prévoient tout, sauf les mauvaises récoltes...
" Pour la troisième année consécutive, la récolte française de céréales à paille(blé, orge, avoine...) sera décevante. Alors que les moissons sont quasiment terminées, la plupart des producteurs font grise mine. En juillet, le Ministère de l'agriculture tablait encore sur 34?7 millions de tonnes de blé tendre. " Finalement, la production devrait tourner autour de 32,5 millions de tonnes, soit un recul de 2,5% par rapport à 2006, qui avait déjà été une mauvaise année" détaille Pierre Behal, porte-parole de L'ONICG..." Principale explication : les caprices de la météo, en 2006 la vague de chaleur de fin juin avait grillé la récolte sur pied. Cette année, trop de pluie après un mois d'avril chaud et sec, le printemps et l'été ont été froids et humides, ce qui a nui au remplissage des grains. Ces phénomènes météo ne touchent pas seulement la France, 5ième producteur mondial, mais aussi les pays du nord de l'Europe frappés par des pluies abondantes, l'Australie et l'Ukraine en proie à des sécheresses historiques. Autre raison : la consommation progresse dans les pays émergents, comme l'Inde et la Chine, où les classes moyennes adoptent les habitudes des consommateurs occidentaux. Depuis trois ans, la production mondiale est inférieure à la consommation. Les stocks de blé sont au plus bas " dans l'UE, ils ne représentent plus que 2,5 mois de consommation" Bien sûr, les prix flambent : le "rendu Rouen", référence du prix du blé tendre, a bondi de 86 % en un an pour atteindre 229 euros. Si l'on rajoute à ces tendances l'essor rapide des bio-carburants, qui diminuent les surfaces consacrées à l'alimentation, on peut estimer qu'à moyen terme le phénomène est durable.

Vous allez me dire, qu'est-ce que ça à voir avec le vin vos histoires sur le marché mondial du blé ? Essentiellement une constation : l'incapacité des services de la Commission de l'UE d'anticiper les grandes tendances des marchés. Quand je lis dans le journal le Monde : " Cette flambée devrait inciter Bruxelles à réagir rapidement. Un Conseil européen des Ministres de l'agriculture s'est tenu le 16 juillet. Les jachères obligatoires, qui représentent 10% des terres cultivées, seront supprimées lors de la prochaine campagne. Bruxelles estime que cette mesure devrait permettre de produire au moins 10 millions de tonnes supplémentaires en 2008" je suis stupéfait. Trois ans pour réagir, une paille ? La buraucratie bruxelloise, empétrée dans ses grands principes de "tout pour le marché" est aveugle et sourde, lourde comme un porte-avions, incapable, comme l'était le Gosplan d'anticiper. Depuis que je les pratique, ils se sont toujours trompés, toujours en retard d'une guerre, toujours aussi suffisants et donneurs de leçons. N'oublions pas que le blé est un produit stockable, que la France, pour le plus grand plaisir des IGREF est couverte de silos à grains, que nous sommes en capacité de jouer un rôle important dans la régulation du marché mondial. Foin de ces conneries régulatrices, les beaux esprits de la DG VI ont préféré faire joujou avec le blé Ukrainien, quite à peser sur la sécurité alimentaire de ce pays, et aujourd'hui celui-ci se voit dans l'obligation de mettre en place des quotas pour limiter ses exportations à 2,5 millions de tonnes, après un pic à 6,5 millions en 2005. Je passe sur la jachère industrielle où, là encore, ils ont freiné des 4 fers avant de retourner leur veste. Toujours tout faux les mecs !

Alors, comprenez que je n'ai nul envie de confier les clés de l'avenir de la viticulture européenne à ces " désastronautes ". Et pourtant nous sommes engagés sur ce chemin faute d'avoir su prendre notre destin en main. Comme les experts de Mackinsey avec le désastre d'Enron aux USA, l'adage " les conseilleurs ne sont pas les payeurs" joue plein pot avec nos grands prévisionnistes de la DG VI. Pour ma part, si l'on s'achemine vers un démantelement de tous les outils de régulation, ce qui peu parfaitement se concevoir et produire des effets structurants à terme, je l'ai expliqué dans ma chronique : les raisons de ma colère, je demande aux décideurs européens d'engager de concert un vaste plan social pour réduire les effectifs de la DG VI. Dans une économie "libérée" nous n'avons nul besoin d'une bureaucratie tatillonne pour compter le nombre de coquelicots au m2 ou faire suer le burnous sur la dimenssion des panneaux annonçant le financement de travaux par le FEOGA. La subsidiarité suffira à notre bonheur. Pour autant, pour montrer l'exemple, nous nous devrons de faire nous aussi un léger ménage dans l'ensemble des zinzins qui "encadrent" et pompent de la substance financière sur notre viticulture. Mon souci d'élagage ne va pas jusqu'à l'abattage, je reste un partisan de la mise en oeuvre, comme le font nos grands concurrents, d'outils de réflexion collective débouchant sur une stratégie définissant les voies et moyens d'atteindre les objectifs souhaités. Qu'on le veuille ou non, les succès que nous avons connus, qui d'ailleurs nous placent toujours en bon rang, sont le fruit de la proximité et du sens de la responsabilité qu'on sut avoir, à cette époque, la puissance publique et les professionnels.

Hier au soir, pour la première fois depuis que mon espace de liberté existe,  j'ai retiré une chronique mise en ligne le 4 octobre 2006 : Le donneur de leçons. Celui-ci vient de mourir " d'une longue maladie " à 62 ans et je me devais d'effacer cette petite charge contre un homme que j'avais cotoyé dans ma vie professionnelle. La mort n'efface rien, elle renvoie chacun de nous à l'origine première. Je respecte le silence des morts...           
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9 septembre 2007 7 09 /09 /septembre /2007 00:02

- C'est tout de même beau c'que j'dis les gars... Vaut mieux tard que jamais d'avoir c'te chance... J'en reviens pas... Vous êtes témoins, ni l'maire, ni même notre curé en chaire, n'ont élocu... élocutionné d'une si belle manière...
Le vieux Turbé agitait son feuillet en prenant son public à témoin. Tout au fond de la salle, le grand Célestin Turbé, cousin germain de l'orateur, se dressait, raide comme la justice, pour le rappeler à l'ordre : " Continue bougre d'âne ! T'es pas là pour faire le paon mais parce qu'on a le nez sale. C'que tu dis c'est pas toi qui l'a écrit alors ne nous demande pas de te passer la brosse à reluire..." Un murmure, dont je ne sus s'il était approbateur ou désaprobateur, parcourut l'assistance. Marcelline, dont les formes moulées par sa robe trempée frisaient l'indécence, coupait court à cette contestation mal venue : " Tais ta goule grand machin ! Laisse dire notre Anselme, lui, au moins, il sait lire..." Vexé comme un poux le Célestin se rasseyait l'air mauvais. Ses voisins ne manquaient pas de se foutre de sa grande gueule enfarinée. Fort de ce soutien de poids, le vieux, rajustait ses besicles et reprenait le fil de la prose de Jean en brodant un peu pour se donner des aises : " Depuis ce foutu soir, nous qui suçons autre chose que de la glace, nous vivons dans la honte. Jamais une chose pareille n'était arrivée sur l'île : une si jeune et si belle fille, et pas de chez nous. J'ose l'affirmer, et je prends le bon Dieu à témoin, sans l'offenser bien sûr, la cirrhose de ce pochtron de Gulmineau aurait mieux fait de l'emporter en terre quelques mois plus tôt. Mais ce qui est fait est fait. A nous aujourd'hui de payer la dette, de l'apurer... " Le patron tendait un verre d'eau à Turbé. Il l'engloutissait. Je fixais Jean avec un sourire désolé comme pour lui dire que faire du Frantz Fanon sur ce confeti de granit relevait de l'infantilisme des gauchistes : apurer leur dette, pauvres marins....

Vous infliger la suite du discours n'apporterait rien de bien intéressant à mon propos déjà bien décousu. Jean s'était laissé aller au meilleur comme au pire et, comme le vieux Turbé fatiguait, la péroraison qui se voulait digne de l'aigle de Meaux, le grand Bossuet, fut débité à la serpe, comme du vulgaire bois de chauffage, dans une inattention totale. Tout ça n'était que du remplissage, les gars attendait la chute. J'y viens. L'orateur, sentant l'arrivée proche, retrouvait du gaz. Il abandonnait son feuillet pour adopter un style et un vocabulaire plus proche de l'entendement de ses ouailles : " L'idée est venue du plus con d'entre nous. Ce n'est pas lui faire injure que de dire de notre Bayaya, le petit Cornevin, a une case de vide. N'empêche que tout simplet qu'il est, c'est le moins tordu de nous tous. Bref, comme y nous'entendait nous lamenter, le voilà t'y pas qu'il dit à son père, ce grand beda morvoux de Cornevin, qu'y fallait qu'on fasse un monument à la Marie. L'a reçu en réponse deux revers de main sur son nez aussi morvoux que celui de son père. Mais le s'est pas démonté le gamin. En reniflant l'a dit que la Marie elle était gentille, qu'elle lui donnait toujours des carambars, que c'était une princesse et qu'au princesse on fait des monuments. Par bonheur, l'Angèle, la laveuse, l'a entendu et, comme c'est une langue de pute qui garde rien pour elle, au soir tout Port-Joinville était au courant. On l'a pas invité ce soir, mais on aurait du, car le pti Bayaya nous a tiré une belle épine du pied. Laisser ta Marie sous cette petite butte de terre ça n'était pas chrétien. Alors, comment dire, ce monument c'est nous qui... tu vois ce que je veux dire... c'est pas la peine que j'en dise plus... vaut mieux que je taise ma goule... "

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8 septembre 2007 6 08 /09 /septembre /2007 00:02
Le blog Berthomeau est toujours à la pointe de l'actualité. Pour accompagner votre petit déjeuner je vous offre une revue de presse typiquement british sur un sujet qui a agité le Landernau du vin cette semaine et sur lequel j'ai pondu deux chroniques : ça tourne au vinaigre pour le terroir et Berthomeau marque contre son camp... Sans vouloir ironiser ça a un léger goût de marmelade d'oranges amères chère au breakfast de nos amis anglais. Comme le notait avec gourmandise un journaliste de la perfide Albion : si l'Argentine gagnait contre la France ça donnerait un piment supplémentaire à la Coupe du Monde de rugby. Ils nous adorent ces roosbifs mais ce sont de gros clients... A vos clics et peut-être apprécierez-vous mes claques... 

Couverture presse suite à un article intitulé “« Réforme des AOC viticoles : Le tiers de la production doit sortir de l'appellation ! », paru dans le magasine Que Choisir (03/09/2007-cliquer sur le lien pour lire l’article).

   

·         Total audience cumulée enregistrée jusqu'à ce jour : 4,165,201 (à date du 05/07/2007, sans compter l’Internet)

·         Liste des media qui a couvert ce sujet (à ce jour)

 

- Daily mail: (lectorat) 2,400,143

- This is money

- The Independent: 240,116

- Daily Telegraph: 889,289

- The Times : 635,653

 

·         Résumé des articles paru dans la presse anglaise:

 

Ø       Une enquête réalisée par l’organisation “que choisir » affirme que le système « AOC » est devenu sans signification.

Ø       Les britanniques qui achètent des AOC de renommées ont été avertis qu’un tiers de ces vins sont de qualité très moyenne.

Ø       Un certains nombres des AOC les plus reconnues (Bordeaux, Sancerre, Saint Emilion) ne seraient peut être même pas de la région désignée

Ø       Selon le groupe de défense du consommateur (que choisir) ,un tiers des vins vendus sous le système AOC seraient d’une région totalement différente.  

 

L’article du journal « The Times » quant à lui souligne que la France va faire face à l’une des plus petite vendange de ces 20 dernières années (selon le comité national des producteurs)

 

 

·         Liens Internet pour chaque article

 

DAILY MAIL: (2 article+ article sur le site “this is money”)

 

·         Article page 5: French inspectors 'marking up sub standard wines' & en ligne sur: http://www.dailymail.co.uk/pages/live/articles/news/news.html?in_article_id=479982&in_page_id=1770

et sur leur site dédié à la finance (this is money) http://www.thisismoney.co.uk/news/article.html?in_article_id=424006&in_page_id=2

 

 

·         autre article (seulement sur leur site Internet): The Bordeaux that may not be from Bordeaux: Up to 1/3 French wines may be sub-standard

http://www.dailymail.co.uk/pages/live/articles/news/worldnews.html?in_article_id=479919&in_page_id=1811

 

 

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THE INDEPENDENT (1 article)

·         article page 21: Appellation controlée label 'no guarantee of quality'  et en ligne sur: http://news.independent.co.uk/europe/article2927104.ece

 

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DAILY TELEGRAPH (1 article)

·         article page 11: “Fine French wine labels may lie” et en ligne sur: http://www.telegraph.co.uk/news/main.jhtml?xml=/news/2007/09/05/wfrawine105.xml

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THE TIMES: (1 article)

 

·          article page 32: Weather and disease swallow wine production in French vineyards & ONLINE

http://www.timesonline.co.uk/tol/news/world/europe/article2388158.ece

 

 

 BBC NEWS (1 article – 05/09/2007)

·         seulement en ligne: Doubt over quality of french wine

http://news.bbc.co.uk/2/hi/europe/6979650.stm

 

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                                                The Scotsman– (1 article-05/09/2007):

·        One in three French regional wines a sham: consumer group

http://news.scotsman.com/international.cfm?id=1413742007

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GOOGLE (partnership with AFP-1 article -04/09/2007):

·        One in three French regional wines a sham: consumer group http://afp.google.com/article/ALeqM5gr846AcyGDvqhNbk8O5hbOEunzJA

 

 

 

 

 
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7 septembre 2007 5 07 /09 /septembre /2007 00:08

Les critiques de certains de mes amis pleuvent sur mes larges épaules car j'aurais marqué contre mon camp en osant critiquer l'approche de Que Choisir sur les AOC qui ne sont pas des AOC. Tout d'abord, première remarque d'importance : je n'ai pas de camp puisque je ne suis ni viticulteur, ni négociant. Je suis, au sens opérationnel, hors-jeu. D'ailleurs c'est une position constante de ma part puisque j'ai toujours plaidé pour que ce soient les opérateurs qui décident eux-même de leur avenir : la mise en place et le fonctionnement du groupe stratégique qui a élaboré Cap 2010 en est le plus bel exemple. Ce sont 250 professionnels qui se sont mobilisés autour des 6 du groupe de pilotage pour aboutir à la note stratégique : le défi des vins français. Mon rôle a été celui d'un catalyseur, d'accoucheur de décisions. C'est la mission que mon employeur m'a confié. Dans ce cadre je me suis toujours efforcé de traduire ce que j'observais de la réalité économique et sociale, même si elle ne cadrait pas toujours avec mes goûts ou ma sensibilité personnelle. Pour autant, par l'action que j'ai mené ou que je continue de mener sur ce blog j'entends peser sur l'évolution des règles qui régissent notre secteur. En cela, bien sûr, je suis un acteur d'une partie qui se joue, ou se joue pas d'ailleurs, depuis trop d'années.

Un rapide retour en arrière va vous aider à comprendre les raisons qui m'ont poussé à ironiser, parfois sans doute avec trop de virulence - j'aurais pu m'abstenir " de la pauvre dame elle fait ce qu'elle peut ", mais, que voulez-vous, je vis dans le souvenir des FH de Virieu et PM Doutrelant aux plumes documentées et acérées - sur la manière approximative qu'a eu cet organe de presse d'aborder le débat. En effet, même si notre document CAP 2010 était imparfait, il répondait clairement à toutes les questions de fond posées. Pourquoi se fait-il, qu'au nom de la Défense des consommateurs, Que Choisir l'aie délibérément ignoré ? La réponse est simple : parce que ce document préconisait le partage clair de notre ressource vin entre les vins d'origine (VQPRD en sabir européen) avec un distingo AOC de stricte obédience et ce que nous avions appelé VRD (les AOC volumique et les vins de pays de grande zône) et un espace de liberté permettant de relever le défi du Nouveau Monde. Au nom de la pureté "ethnique" des vins, des seuls vins de propriété et les antiennes récurentes sur le vin industriel, les gens de Que Choisir ont choisi de nous ignorer alors que l'heure était à la mobilisation pour fissurer le front des conservatismes. N'en déplaise à mes amis, l'article en question reste sur cette position. On ne fera pas bouger d'un centimètre le bloc compact des dirigeants professionnels avec de la pure stigmatisation, des exclusions partielles ou temporaires par les ODG. Pour que le système bouge il faut que la responsabilité du produit soit confiée, sous contrôle externe bien sûr, à ceux qui font le vin et le vendent. En clair, aussi bien aux vignerons dans le cas des AOC de stricte obédience que des metteurs en marché en ce qui concerne les produits de marque. A force de rêver à des vins fantasmés les gens de Que Choisir oublient de défendre et d'informer les consommateurs sur 80% des vins mis sur le marché. Le vin est un produit de consommation au même titre qu'une boîte de petit pois Cassegrain.

Quand à l'affirmation : "un tiers de la production ne mérite pas cette appellation" fondée sur une enquête "fantôme" auprès de 75 professionnels "anonymes" travaillant en relation avec 20 AOC génériques représentatives des grands bassins, elle relève pour moi du même niveau de rigueur scientifique que si je prenais les 75 même professionnels et que je titrais que d'après eux :" les 2/3 des représentants professionnels siégant dans les interprofessions ne sont pas dignes d'y figurer parce qu'ils sont vieux et qu'ils sont cons ". C'est du même tonneau et ça ne ferait pas avancer le schilmblick d'un pouce. En effet, la qualité comme la connerie sont des capes trop amples qui recouvrent des réalités différentes, et surtout, dont la perception est largement influencée par l'acquis culturel et l'environnement socio-économique. L'affirmation selon laquelle on a assisté depuis un certain nombre d'années à une baisse qualitative régulière dans beaucoup d'AOC est infondée. En effet la qualité globale des vins d'AOC a progressé, ils sont mieux fait, mieux suivis mais ce n'est pas pour autant que le bilan soit globalement positif. L'AOC, selon Capus et ses disciples, n'est pas et ne sera jamais un signe de qualité comme l'est le label rouge. Comme son nom l'indique c'est la certification d'une origine contrôlée, en clair comme le dirait les gens de Seve un vin qui exprime son terroir et cette expression, sans aucun doute, ne peut s'épanouir que dans le respect des conditions de production et des méthodes de production durables. C'est au cep que tout se joue. Attendre que le vin soit fait pour que, sous le verdict d'une labellisation (antinomique pour moi avec l'AOC) on le rattache définitivement à son origine ne résiste pas à la pression sociale. La fameuse segmentation commence dans la vigne avec le raisin. Le viticulteur choisit et, comme il n'y a pas de sot métier, je ne vois pas au nom de quoi ceux d'entre eux qui choisirerait de fournir un grand metteur en marché selon des critères fournis par lui seraient couverts d'oppobre par des plumitifs qui se soucient comme de leur première chemise de ce dont vivent les gens d'en bas. Si cette réalité n'est pas prise en compte nous assisterons à une délocalisation d'une part de notre vignoble et j'entends déjà couler les larmes de crocodile des même plumitifs.   

  Note de la rédaction : voir texte joint

PARIS (AFP) — One in three of all wines marketed under France's regional appellation system -- from Bordeaux to Cahors, Saint-Emilion or Sancerre -- do not deserve the label, a top consumer group charged Monday.

Under France's wine classification system, wines from some 470 regions are each recognised as an "appellation d'origine controlee" (AOC) -- a system based on the notion of "terroir" according to which wine-growing areas have specific characters nurtured since Gallo-Roman times.

But according to France's UFC-Que Choisir consumer rights group, slack controls which saw 99 percent of all candidate wines awarded their AOC label in 2005, and pressure to produce higher yields, have led to a collapse in quality.

"For a number of years, we've seen a steady fall in quality in a number of AOCs, which has completely undermined consumer confidence," Alain Bazot, the association's head, told reporters.

UFC said that one in three AOC bottles were now either of sub-standard quality or insufficiently linked to the region, questioning the impartiality of the AOC award panels made up of local wine professionals.

The association called for the national appellation institute INAO to take urgent steps to correct the situation, if necessary by striking wines from AOC lists, warning it may be "the last chance" for the system to reform.

AOC wines account for 44 percent of all French wine production, a share that has doubled since the 1970s.


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6 septembre 2007 4 06 /09 /septembre /2007 00:02

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"Cherche d'urgence raisins murs et sains... Toute origine... Toute provenance... " Dans le vignoble méridional, on me dit que nul besoin d'une telle annonce pour que le marché des raisins à roulettes soit ouvert. Il l'est m'assure-t-on ! La demande existe, donc, on m'affirme qu'il ne reste plus qu'à trouver des offreurs. Ceux-ci existent aussi me précise-t-on. Ils sont depuis quelques années à la ramasse, trésorerie exangue, proches de jeter l'éponge. Qui pourrait leur reprocher de succomber aux sirènes d'un prix qui leur semble rémunérateur après les temps de vaches maigres ? Pas moi bien sûr, même si ces cépages auraient sans doute trouvé preneur à des prix encore plus rémunérateurs dans un marché qui va se tendre. Si tant est que ce phénomène existe, le problème ne se situe pas à leur niveau mais à celui de l'ensemble du système de cloisonnement juridique de notre vignoble où, pour que le vin vienne de là où il dit venir, son origine contrôlée - si les mots ont encore un sens - il faut que le raisin qui a fait ce vin soit récolté dans la zone délimitée. C'est la règle de l'AOC. Dans d'autres produits d'AOC, comme ça été le cas pour le Roquefort un temps où une partie du lait de brebis venait de Corse, le procédé de fabrication et " d'élevage" prévalent sur l'origine de la matière première. Pour le vin, sans être mauvaise langue, c'est la règle honnie par les cnaociens de stricte obédience, des 80/20. Tout ça pour dire, et je l'ai déjà écrit en 2001, que comme la pile Wonder, les grands principes fondateurs ne s'usent que si l'on s'en sert pour les tourner, les tordre, et que comme le disait le cardinal de Retz " on ne sort jamais de l'ambiguïté qu'à son détriment. "



Certains m'objecteront qu'il s'agit d'une pure rumeur sans fondement, et qu'au pire il ne s'agit que d'un phénomène marginal, sans effet sur l'authenticité de l'origine de la plus grande part de nos vins d'AOC et qu'en chroniquant sur ce sujet je me fais le véhicule de ragots qui nuisent gravement à la réputation du vignoble français. Je veux bien en convenir mais si, après un petit débat interne, j'ai pris le risque d'en parler, c'est que cette rumeur parvient à d'autres oreilles que les miennes. Des oreilles plus ou moins bien intentionnées, des oreilles bruxelloises, des oreilles de grands concurrents, des oreilles de journalistes... et le mal est fait. Ces achats, s'ils existent bien sûr, sont souvent fait pour la bonne cause : assurer la continuité du produit, en qualité, en quantité, afin de ne pas se retrouver en rupture. La vie économique est sans pitié. Les marchés difficiles à conquérir, faciles à perdre aussi, et chacun essaie de se "débrouiller" dans le maquis des vins de papier pour satisfaire ses acheteurs. Mon propos de ce matin n'a pas de visée morale et encore moins répressive - il existe des services officiels - mais de stricte opportunité dans le débat ouvert par nos amis de Seve. Leurs propositions, comme celles de Cap 2010 de segmenter le marché, en tenant compte à la fois des principes et des réalités économiques et commerciales des uns et des autres, permettraient de régler cette question des raisins qui voyagent - où les vins faits avec - en pleine lumière, sans risque, ni rumeur. Avec les errements climatiques les accidents sont prévisibles, il serait temps d'en tenir compte. Prévention vaut mieux que répression. Dans les archives de Châteauneuf-du-Pape j'ai lu que la délimitation de la zone avait eu pour objectif premier d'empêcher les négociants bourguignons de faire leurs courses là-bas et d'opérer la transmutation d'origine. L'histoire, chers lecteurs, n'est qu'un éternel recommencement... 

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5 septembre 2007 3 05 /09 /septembre /2007 00:02

Le titre de la dépêche AFP datée du lundi 3 septembre, 18h30, claque comme un verdict sans appel : " Vins AOC : un tiers de la production ne mérite pas cette appellation ". Le président de l'UFC-Que Choisir, un certain Alain Bazot, lors d'une conférence de presse téléphonique (concept nouveau) a déclaré que " Depuis un certain nombre d'années *, on * observe une baisse qualitative régulière * dans beaucoup * d'AOC qui a miné complètement la confiance des consommateurs vis_à-vis des AOC". La dépêche ajoute que " Selon une enquête de l'UFC-Que Choisir, 75 professionnels représentatifs * de la filière viticole assurent qu'un tiers du volume du vin français produit en AOC ne mérite pas cette appellation du fait de son faible niveau qualitatif et du manque de lien avec le terroir * " C'en était trop pour moi, tel un corbeau par l'odeur du fromage alléché je me rue chez le premier marchand de journaux près de chez moi et j'achète pour 4 euros 20 le numéro 451 de Que Choisir www.quechoisir.org Le titre de l'article est très raccoleur - c'est pour ça que je l'ai choisi pour ma chronique car je suis très pute - " ça tourne au vinaigre pour le terroir ". Je feuillette. Je trouve les photos de Michel Issaly et de Marc Parcé très belles, même si Marc en rajoute un peu sur le look terroir profond mais, il lui sera beaucoup pardonné, car il tient un verre à la main. Bref, je lis le papier de Florence Humbert qui, entre nous ne casse pas trois pattes à un canard, même si elle rapporte des propos justes et intéressants. Elle dis tout et son contraire, et comme il est de tradition dans le journalisme français, son article est plus un point de vue qu'une relation de la réalité. Mais bon, elle fait ce qu'elle peut la brave dame. J'adore, le couplet " un conseil qui sonne comme une injonction de s'engager dans la voie de la wine industry et de ses vins "Coca Cola", qui ont fait le succès des produits du Nouveau Monde. " à propos d'une déclaration d'Yves Bénard sur la nécessité de réécrire les décrets et de repositionner certaines appellations. Plus c'est gros plusça impressionne le gogo mais c'est idiot. Le florilège est exceptionnel : " Bruxelles a soif de vins "faciles à boire", l'authenticité et la tradition menacées par la logique du marketing, le grand tournant de l'industrialisation... Les barbares sont à nos portes gaulois montez aux créneaux. Défendez le fortin, les sabots et le foin ! Mais mon propos n'est pas de traiter sur le fond cet article mais de souligner l'absence de la fameuse enquête auprès des 75 "salopards anonymes " * qui ont craché dans le cuvon. Rien. Queue de chique. De la publicité mensongère : un comble dans un organe indépendant de défense des consommateurs. 

Alors pour redonner un peu de tenue scientifique au débat je vais ici poser des questions à Que Choisir en me reportant  aux astérisques que j'ai déposé au cul de certains mots utilisés dans le communiqué :
* un certain nombre d'années : combien ? 5, 10 ou 15 ans...
* on : qui on ? des noms, des études, des rapports...
* une baisse qualitative régulière : merci de nous communiquer la courbe de cette baisse pour nous puissions observer sa régularité en nous précisant l'unité de mesure de la qualité.
* dans beaucoup d'AOC : lesquelles ?
* 75 professionnels représentatifs : la liste SVP et la définition de la représentativité.
* manque de lien avec le terroir : c'est quoi le lien avec le terroir ?
* merci de me communiquer l'enquête pour lecture.
* " les 75 salopards " en référence du Manifeste des salopes, qui elles n'étaient pas restées anonymes, pour l'avortement à l'initiative de Gisèle Halimi. 
Bref, tout ça est tout, sauf très sérieux et, ce qui me chagrine, c'est qu'une telle littérature approximative nuit plus au combat que je mène depuis 2001, monsieur le Président de Que Choisir, qui êtes un peu un piètre ouvrier de la dernière heure, qu'elle ne le sert. Je le regrette. Vous donnez des armes aux tenants de l'immobilisme. Quand on se veut un organe de défense des consommateurs on ne patauge pas dans l'amateurisme, le sensationnalisme et surtout on ne met pas en avant une enquête fantôme. Je m'emporte mais ce n'est pas l'abomination de la désolation mais du petit bricolage à la française... Désolant !

Note de la rédaction : lorsque j'ai écrit en 2001 que sous les grandes ombrelles des appellations se cachaient des vins indignes : 
1° j'ai signé mes écrits avec les conséquences que vous connaissez, 
2° je n'ai donné aucune indication quantitative pour la bonne et simple raison que je ne disposais d'aucun chiffre, 
3° à cette époque Que Choisir devait roupiller car je n'ai rien lu sur le sujet, 4° ce n'est pas en renforçant la répression qu'on fera bouger les choses. Commencer dans la vigne.

 

 
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