Suis snob, les insoumis vont me taxer de mépris de classe, de railleur des gilets jaunes de rond-point, de boomer qui a ruiné la France, oui je fais mon coming-out : je déteste les barbecues, dit BBQ, ça pue, ça fume, la bidoche est carbonisée, les saucisses dégoulinent de graisse, on s’en fout partout. L’horreur !
Même si je ne suis pas vegan en ce temps de chaleur estivale, ça me rappelle mai 68, je préfère, sous la tonnelle, une belle salade Waldorf.
« Fatiguer la salade » j’adore cette expression, par ailleurs définie dans le Robert Culturel : comme étant l’action de « la remuer pour y mêler l’assaisonnement » (1845), tout d’abord parce que je la trouve bien plus belle que « mélanger sa salade » ou « touiller sa salade », mais surtout parce qu’elle transpire d’une chaude sensualité.
C’est une salade excentrique avec ses dés de pommes et de céleri agrémentés de noix, intimement mêlés par une mayonnaise, couchés sur un lit vert printanier...
Et comble de snobisme, cette entrée acidulée, croquante, colorée et rafraîchissante est désuète et pire encore, elle est née à New York, la Grosse Pomme ! Là, je suis taxé d’être complice de l’impérialisme américain.
Recette dépouillée
« La Waldorf est ancienne. Elle a été inventée en 1896 à l’occasion d’un gala de charité qui se tenait au célèbre hôtel Waldorf Astoria de New York. Bizarrement ce n’était pas une création des chefs mais du maître d’hôtel, Oscar Tschirky. Ce dernier avait, à l’époque, un véritable don pour inventer des plats qui allaient devenir des classiques, comme la vinaigrette Mille-Îles et les œufs Bénédictine. Le nom de la salade pourrait laisser croire que celle-ci fait la part belle aux noix [Waldorf ressemble à walnut, qui veut dire noix], mais il s’agit juste du nom du lieu où elle a été créée, et les noix n’ont été ajoutées qu’en 1928. »
« Mais la Waldorf n’est pas un classique pour rien : c’est vraiment un plat délicieux, où l’association des ingrédients instaure un bel équilibre entre le sucré et le salé, le croquant et le moelleux. »
La délicieuse désuétude de la salade Waldorf ICI
Pomme, céleri, raisins, noix et mayonnaise… Les ingrédients qui composent la salade Waldorf forment un attelage improbable. Mais cette composition aux “airs seventies” est un savant dosage entre le sucré et le salé. L’hebdomadaire britannique “The Spectator” dresse le couvert
1 petite grappe de raisins (environ 100 g)
1 pomme croquante
4 côtes de céleri
75 g de noix
½ cuillère à soupe de jus de citron
1 cuillère à soupe d’huile d’olive extra-vierge
3 cuillères à soupe de mayonnaise
Mettez les noix dans une poêle et faites chauffer jusqu’à ce qu’elles soient grillées : dès que vous sentez leur arôme, elles sont prêtes. Transférez immédiatement sur une planche à découper, et hachez grossièrement.
Coupez le céleri en tronçons de 2 cm et coupez les raisins en deux. Pelez et épépinez la pomme, puis coupez-la en tranches aussi fines que possible.
Mélangez le jus de citron, l’huile et la mayonnaise, ainsi qu’une bonne dose de poivre noir et de sel pour assaisonner. Ajoutez le céleri, les raisins, la pomme et les noix à la sauce mayonnaise, mélangez et servez dans un saladier.