« Indifférentes aux effets de mode, de nombreuses liqueurs plus que centenaires se sont maintenues sur le devant de la scène et sont devenues des produits incontournables. Leur force ? Avoir su s’adapter à leur époque tout en conservant leur identité. »
Liqueur : boisson alcoolisée et sucrée, obtenue grâce à différents procédés : macération, infusion et distillation de fruits ou de plantes. Son degré varie de 15 à 55% et, sauf exception, sa teneur en sucre est d'au moins 100 grammes par litre.
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Ce matin, je vais me contenter de puiser dans mon stock de vieilles chroniques, une de mai 2008 : 1 mai 2008
Le flacon à liqueurs et le buffet Henri II des Boucard
Mon père Arsène Berthomeau, entrepreneur de travaux agricoles et de battages au Bourg Pailler de la Mothe-Achard, à ses débuts était associé pour le battage avec Marius Boucard de St Georges de Pointindoux. Parfois j'accompagnais mon père chez les Boucard. Ils habitaient une grande bâtisse dans le bourg. La salle à manger, où l'on nous recevait, était sombre et, occupant presque tout un pan de mur trônait un imposant buffet Henri II. Aller chez les Boucard me plongeait dans des sentiments mêlés : on me faisait boire du thé et je détestais le goût apre de ce breuvage ; le père Jules, le père de Marius, qui chiquait, ce qui donnait à sa moustache une allure de ballet de chiotte, ressemblait à une vieille chouette et me faisait peur ; Marius, lui, me faisait penser à Judas Iscariote et il me mettait mal à l'aise ; enfin, mon imagination, déjà débridée par mes lectures romanesques, me voyait bâtir des récits où, derrière les mystérieuses portes du buffet Henri II se cachaient de lourds secrets. Je me la jouais maison hantée ce qui me valait au retour - étant un grand somnambule - des sommeils agités qui étonnaient toujours la maisonnée. Pourtant, à chaque fois que mon père me le proposait, sans hésiter je le suivais. La raison, outre que j'adorais et que j'adore toujours les lieux incertains, c'est que chez les Boucard, du ventre du fameux buffet Henri II, au lieu de la traditionnelle bouteille de goutte, la femme du père Jules, dont j'ai oublié le prénom, retirait un flacon à liqueurs qui me fascinait. Comme je devais avoir 7 ou 8 ans je carburais à l'orangeade ou à la limonade, pour moi les liqueurs avaient les couleurs du péché.
Le flacon avait une forme de pompe à essence de luxe avec son piètement et ses bouchons dorés – pour faire genre cultivé je pourrais écrire qu'il avait des allures Hoppériennes (d'Edward Hopper le peintre) – et il contenait 4 sortes de liqueurs aux couleurs pétantes : jaune orangé ce devait être de l'abricotine, vert menthe pour la liqueur du même nom, bleu de lagon pour celle à base de Curaçao et enfin le gris argenté du Triple Sec.
Dans mon souvenir cette dernière appellation devait cingler les gosiers comme la cravache d'un cavalier et elle équivalait en force à l'un des breuvages favoris de l'inénarrable Capitaine Haddock qui serait, de nos jours hygiénistes, censuré dans une publication destinée à la jeunesse pour apologie de l'ivrognerie, mille millions de mille sabords. Dans sa définition la plus courante le Triple Sec est une liqueur blanche à base d'orange, d'eau-de-vie et de sucre. Le triple sec et le Curaçao sont synonymes. A noter cependant qu'au Canada, les triples secs sont toujours transparents et les curaçaos colorés (ambrés, oranges, bleus, verts, etc.)
Pour voir le flacon et le texte sur le buffet Henri II c’est ICI
Les liqueurs de pépé et mémé ont de l’avenir, la France aussi !
9 mai 2016