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30 janvier 2006 1 30 /01 /janvier /2006 00:00

Le Société Française de mon père, vert profond, pataud, massif, avec ses gros phares qui lui donnaient des allures de myope, son rythme haletant de monocylindre à deux temps crachotant une fumée bleue, c'est le souvenir des battages. Ce monstre indestructible se démarrait à la main, plus précisément en balançant une grosse poulie, une fois sur deux l'éléphant se lançait à l'envers, il fallait recommencer. De plus, comme c'était un semi-diesel, on partait sur l'essence puis on passait au fuel et l'explosion était provoquée par un chapeau de fonte porté au rouge. C'était un rituel fascinant car des retours de flammes jaillissaient de l'énorme pot d'échappement.

 

La SFV fabriquait ses tracteurs à Vierzon et basait sa publicité sur la solidité, la durabilité, l'économie et c'était vrai la bête était indestructible et consommait tout ce qu'on lui présentait, même des huiles de vidange. Et pourtant le diesel a triomphé. La SFV a sombré, rachetée par une société américaine Case. C'était au tout début du Marché Commun et la France, grand pays agricole, n'a pas fait éclore de grandes entreprises de tracteurs ou de matériel agricole. Renault, la Régie comme on disait, assemblait son tracteur en important un moteur Perkins. Nos grandes plaines céréalières étaient investies par le vert de Class, le jaune de New Holland ou le rouge de Mac Cormick et le bleu ciel de Braud, un petit challenger angevin.

Penser avoir raison contre tout le monde, s'entêter, refuser d'innover et, de la Société Française de Vierzon, où mon père allait chercher son dernier 551 pour le ramener par la route à 20 Km/h jusqu'à la Mothe-Achard, il ne reste qu'un site nostalgique www.chez.com/sfv/ et pour moi un beau cendrier que m'ont offert mes collègues de la Direction de la Production du Ministère de l'Agriculture lorsque je suis parti travailler, en 1978, à l'Office des Vins de Table (ONIVIT) . C'est un bel objet avec le sigle de la SFV : un blason tricolore, tout un symbole...


Caillou-9154.JPG

 

La nostalgie et les brocantes, les foires à tout et les vides-greniers qui fleurissent dans les villes et les villages, les banlieues et les quartiers, où les vieilleries se vendent à des prix d'objets d'art, me troublent car je n'ai pas envie de léguer à mes petits enfants, j'en ai, un musée poussiéreux où déambulerait la terre entière pour comtempler nos beaux restes...   

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27 janvier 2006 5 27 /01 /janvier /2006 10:23

Aurais-je pris un coup de froid ? Parler d'eau, d'eau virtuelle de surcroît, sur un blog dédié au vin c'est s'exposer aux foudres des compagnies bacchiques ou des esthètes qui font leurs emplettes chez Lavinia. Mais Vin&Cie est un espace de liberté et ce concept "d'eau virtuelle" doit nous donner à réfléchir. Keskecé ?

C'est le constat qu'au travers du commerce international de produits agricoles, de l'eau est implicitement échangée, à travers son incorporation dans le produit. Que ça nous choque ou non ya beaucoup d'eau dans le vin. Conséquence pour un futur où l'eau serait plus rare : un pays pourrait économiser ses ressources en eau en choisissant d'importer un produit agricole plutôt que de le produire localement. Attention, l'économie réalisée n'est pas égale à la quantité d'eau virtuelle contenue dans le produit importé, mais à celle nécessaire si le bien avait été produit dans le pays importateur.

Des études récentes montrent que 90% des échanges mondiaux d'eau virtuelle sont associés au commerce international de l'agriculture. Pour Alexandre Le Vernoy du Groupe d'économie mondiale de Sciences PO, la libéralisation des échanges agricoles aurait un impact sur l'évolution des flux d'eau virtuelle : en réallouant dans le bon sens les flux d'eau virtuelle, c'est-à-dire des pays utilisant plus efficacement l'eau vers les pays les moins efficaces (en éliminant les subventions gaspilleuses d'eau) et en favorisant les pays exportateurs utilisant davantage l'eau pluviale par rapport à ceux recourant plus à l'agriculture irriguée...

Bon, je sens que je vais me faire tomber dessus à la fois par les productivistes et par les altermondialistes mais je crois que ça vaut la peine de s'arrêter sur ce sujet et d'en débattre chers lecteurs.

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26 janvier 2006 4 26 /01 /janvier /2006 08:54

" Elle qui connaissait par leur nom et leur saveur toutes les variétés du raisin portugais, depuis l'alvarelhào jusqu'à la malvoisie, depuis le moscatel jusqu'au "cul de brebis" et au "doigt de la dame", s'enfonça peu à peu dans la pauvreté sans jamais abandonner l'image de la grande quinta de bardeaux, avec, au fond, l'église, tel un calvaire perdu parmi les chênes d'Amérique (...)

 

Elle-même faisait partie de ce Douro ténébreux, noble, regorgeant de quintas édifiées avec ténacité, arrachées aux entrailles de schiste et de terre sèche, de ce Douro sosutrait au phyloxéra, planté de vergers et de cyprès; Mossul, Torre, Santa Ana, Frades, Rede et Esteveiro, tous ces lieux chargés d'histoire, de péchés, de souvenirs brefs et de vin, encore et toujours le vin, qui stagne en flaques sur le sol des chais, qui s'égoutte, s'infiltre, pénètre les murs et, certains jours, semble sourdre de l'au-delà comme pour annoncer une autre Cène du Christ, plus glorieuse et plus prometteuse (...)"

 

Extrait du roman d'Augustina Bessa-Luis Le Principe de l'incertitude éditions Métaillié

 

Le Portugal, l'Espagne, l'Italie et quelques autres, la vieille Europe du vin, n'avons-nous pas un avenir commun, le construisons-nous, nous les français grands donneurs de leçon sommes-nous ou nous mettons-nous en position d'être au coeur d'une belle et nouvelle aventure pour les horizons que nous ouvre le vaste monde des découvreurs de vin ?

 

A ceux qui ont réagit à mes chroniques je signale que les réponses sont en vis-à-vis de leurs commentaires. Je les remercie, le débat c'est le début de la vigueur...

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25 janvier 2006 3 25 /01 /janvier /2006 10:11

Petit texte écrit le 2 juin 1994 que je dédie aux amateurs d'authentique. Comme eux j'aime les niches lorsqu'on y expose des œuvres d'art, des piétas ou des totems de Chaissac, mais je leur demande de ne pas m'imposer un art officiel et de me laisser aimer même un petit biscuit "standard" produit à des milliards d'exemplaires dans une usine des bords de Loire, aujourd'hui transformé en lieu culturel, et de ne pas faire accroire que c'est le seul chemin à emprunter.



Ils ont tué le petit LU /


La nouvelle m'est tombée dessus /


Le premier juin après dîner /


Alors qu'au fond de mon plumard /


Je lisais en père pénard /


Le Monde daté /


Du jeudi deux juin mille neuf cent quatre vingt quatorze /


Le rédacteur un certain Pierre Georges /


Avait trempé sa plume dans la réprobation /


Et moi je sombrais dans l'affliction /


Qui étaient ces meurtriers anonymes /


Quel était le mobile de leur crime? /


Fallait-il rechercher les assassins /


Du côté de son rival le petit Brun? /


Ces ignobles adorateurs des courbes de vente /


Qui dans leurs luxueuses soupentes /


Pour contenter d'immondes petits niards /


Téteurs de coke noir /


Bouffeurs de Big Mac baveux /


Auraient en moins de deux /


Exécutés mon petit beurre /


Me touchant en plein cœur /


Balayant sans le moindre remord /


Ma folle jeunesse passée au bord /


De la Loire /


Où quand tombait le soir /


Le fond de l'air avait des senteurs /


de petit beurre /


Et ces chaudes soirées du mois de mai /


Soixante-huit où tes accoucheurs /


Avaient déposé leurs tabliers /


Pour manifester /


Toi notre petit beurre /

 

Ton odeur manquait à notre bonheur /


Assis sur mon céans, ulcéré /


Je décidai que jamais l'usurpateur /


Ne franchirait le seuil de ma demeure /


Et, n'y tenant plus je me suis levé /


Pour extraire /


De la dernière étagère /


Du buffet / 


Un paquet entamé /


Des derniers petits LU /


Ici vus /


Sachez messieurs les faussaires /


Qu'au perron de la maison /


De mon père et de ma mère / 

 
Le seul panneau de réclame accepté /


Était dans sa monacale simplicité /


Celui de la maison LU /


Qui nous payait pour seul tribut /


A la fin de chaque année /


Une boîte en métal de petits beurrés /


Ça me donne le droit d'être le dépositaire /


Des mannes du goût /


De l'ancêtre créé par Louis Lefèvre Utile /


Et de crier à la foule versatile /


Ils sont devenus fous.

 

 

Note de la rédaction : le service marketing avait décidé de modifier la recette du Petit Lu pour soi-disant s'adapter au goût des jeunes consommateurs ( le sucré ) et aujourd'hui c'est sus au sucre...

 

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24 janvier 2006 2 24 /01 /janvier /2006 00:00

Dans les tribunes des stades, lorsque les visiteurs sont à la peine, les supporteurs entonnent sans pitié : " mais ils sont où ? " C'est une version édulcorée des jeux du cirque et mon propos de ce matin ne joue pas dans ce registre, pourtant très en vogue par les temps qui courrent, il se contente de faire appel à la mémoire des responsables de la coopération vinicole française en leur demandant de relire un texte d'août 2001 à propos du pilotage de la ressource vinicole...

" Il faut multiplier ces adhérences entre deux mondes qui se sont longtemps opposés afin de multiplier les partenariats, les alliances, pour un pilotage fin du vignoble par les metteurs en marché. Pour la coopération ce n'est pas vendre son âme au diable, c'est au contraire se positionner en partenaire, en partenaire qui tient le vignoble, le fait évoluer et surtout fait évoluer les troupes, la base. A tout prendre il me semble plus responsable de s'engager dans cette voie que de continuer à laisser les caves dans leur isolement faire du vin pour attendre ensuite le passage du courtier. La base a bon dos en période de crise si on ne lui donne aucune visibilité à moyen terme, si on n'a pas le courage d'aller lui expliquer les évolutions des marchés, les nouvelles attentes des consommateurs français ou étrangers, elle raisonne au niveau de son caveau et elle est justifiée à réclamer des aides pour faire tourner la boutique.

En rester là est sans issue, ce travail de fond d'explication, de méthode, de persuasion, patient, au raz des pâquerettes, est le seul qui puisse faire avancer les choses. Encore faut-il qu'il soit accepté et porté par les dirigeants professionnels et relayé par des actes concrets des pouvoirs publics... "

La vigne est une plante pérenne, 4 ans et 4 mois ce n'est presque rien dans la vie d'un vignoble mais beaucoup pour un temps de réaction face à la nouvelle donne des marchés en croissance, arracher des vignes est la résultante de ce refus de choisir... 

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23 janvier 2006 1 23 /01 /janvier /2006 10:34

Né dans un pays de ventre à choux, les choux à vaches, et de piètres vignes, la première fois que j'ai découvert sur l'étiquette d'une bouteille d'un vin venu de Bourgogne acheté par mon père à un représentant qui me semblait pas très catholique (c'en était mais ça n'en portait pas le nom) la mention de négociant-éleveur, j'en fut surpris. On élevait donc le vin mais seuls les négociants le mentionnaient, les vignerons non. Fort bien me dis-je il existait donc des vins légitimes et des vins adoptés. Par la suite j'ai pu mesurer le poids de ces mots dans la perception du vin chez nos concitoyens.

Pourtant ce matin, le mot élevage me fait penser à ceux qui sans modération proclament que le salut de notre viticulture se situe dans les niches. Sans ironiser à outrance, c'est pas très vaste une niche, on y loge pas beaucoup de bouteilles, alors faut-il après les vins de garage parler des vins de chenil. Attention aux vins perdus sans collier, aux abandonnés sur les aires d'autoroute, à tous ceux à qui on a fait miroiter des lendemains heureux alors que nul n'a songé à leur construire un avenir...

Face à la mutation que nous sommes en train de vivre si l'on souhaite se mettre en situation d'élaborer une stratégie que l'on veut gagnante il faut situer son point d'observation du terrain ni trop haut, ni trop près. Sinon : trop haut les gratte-ciels semblent être des niches ; trop près les niches semblent être de beaux espaces.

 

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23 janvier 2006 1 23 /01 /janvier /2006 00:06

Désolé pour cette publication intempestive d'une vieille chronique ce sont les mystères des petites machines qui n'en font qu'à leur tête... ou alors c'est Bruno qui avait envie de revenir sur mon espace  de liberté...


Au temps de ma mission Rivesaltes, l’AFED, par l’entremise de son délégué général, ne me facilitait guère la tâche, nous pataugions dans un inextricable contentieux communautaire qu’il avait provoqué. Bref, vous me connaissez, j’étais très remonté. Et puis, il y eut mon rapport qui « trouva grâce » auprès des chefs de cette organisation qui se positionnait sur un créneau « libéral » et je fus auditionné rue d’Anjou en présence des grands chefs : Joseph, Jean-Louis et le jovial André Lacheteau président de l’AFED.  Bruno Kessler, jeune homme fringant et souriant, développait la doctrine de l’AFED avec une conviction communicative et un savoir-faire reconnu. Il énervait un peu les caciques, y compris ceux de l’AFED, mais fort de la dynamique des Grands Chais de France, tous reconnaissaient que ses idées, dérangeantes et en rupture avec l’inertie ambiante, marquaient une réelle rupture dans le métier de négociant. Nos rapports toujours emprunts d’un respect mutuel se sont toujours placés sur le terrain de la franchise décapante et du débat privilégiant l’intelligence.

Oenologue diplômé de la Faculté de Reims en 1986, Bruno Kessler a commencé sa carrière en Californie, chez Piper Sonoma, avant de s'installer comme vigneron dans son Anjou natale au château de Cheman. Il retourne vers le négoce chez Louis Eschenauer où il découvre Bordeaux et ses grands crus, puis plus tard chez Lacheteau/Vinival où il développe déjà des caves de vinifications. En 1994, il participe, en tant que directeur des achats et de l’œnologie, à la métamorphose de Grands Chais de France, entreprise qui devient championne de l'exportation dans 160 pays, il met en place le sourcing de la première marque de vin français JP CHENET. À partir de juin 2009 sa carrière va prendre une nouvelle orientation : « Bruno se met à son compte. » Président de l’AFED, vice-président de l’AGEV, membre de Vinifhlor, Bruno Kessler met aussi la main à la lourde pâte du débat interprofessionnel en défendant une «  libéralisation encadrée de la réglementation viticole  et une œnologie moderne adaptée à l'élaboration et au sourcing  des vins de marque d'aujourd'hui et de demain »

 

Question N°1 : Supposons que je sois un jeune bachelier passionné par le vin. Je cherche ma voie Sur le site du CIDJ je lis « L’œnologue, grâce à ses connaissances scientifiques et techniques, accompagne et supervise l’élaboration des vins et des produits dérivés du raisin. Sa principale activité concerne la vinification. Il conseille les viticulteurs dans le choix des cépages et la plantation des vignes. Il surveille les fermentations en cave, le traitement des vins et leur conditionnement. Il effectue des analyses et procède à des recherches technologiques visant à l’amélioration des cépages. L’œnologue peut également être chargé de la distillation ou fabrication des alcools à partir des marcs de raisins. Enfin, connaisseur et expert en dégustation, il participe à la commercialisation des vins en France et à l’étranger. En raison de la concurrence rencontrée désormais par la production française de vin sur le marché mondial, l’œnologue remplit une fonction stratégique pour le maintien ou l’amélioration de la qualité des produits de la viticulture française. »

Présenteriez-vous ainsi votre métier à une jeune pousse Bruno Kessler ?

Réponse de Bruno Kessler : J’ignorais qu’une pareille définition exista encore au CIDJ !!! Il ya tellement à dire sur cette vision trop académique…

Tout d’abord en vérité   l’œnologue travaille surtout chez des négociants ou pour des négociants  !!!  Il est avant tout au quotidien un homme de production qui doit répondre efficacement à des demandes de plus en plus complexes de la distribution mondiale et de ses clients.

Notre métier est en profonde mutation, la formation d’œnologue nécessiterait d’être remise à jour pour répondre aux besoins de l’industrie vinicole…Une commission essaye de s’y appliquer mais avec un pas de sénateur… L’œnologue ne doit pas se laisser enfermer dans son diplôme car le vrai « métier » c’est l’expertise et pas seulement en dégustation… l’expertise la vraie c’est trouver des réponses à une problématique générale, comment maintenir la croissance durable de la consommation des produits issus du raisin, dans le Monde.

 Le coté passionnant du  métier c’est de comprendre la demande des clients de la traduire en raisins et en process de vinification ou en assemblage de cuvées pour mettre en place un « sourcing » adapté aux gouts et aux budgets des consommateurs. Cette capacité demande de  plus en plus une réelle sensibilité créatrice, une vision qui permet d’assurer le succès commercial de grandes entreprises …   la compétence technico commerciale  est le cœur du métier de « sourceur ».

Le  métier de l’œnologue  de demain sera de concevoir des produits adaptés aux besoins des marchés en partant des raisins et de participer à la mise en place de filières durables.

C’est cette expertise en « sourcing » moderne et innovant que je trouve passionnante et que je vente aux jeunes pousses… tout comme le chef fait ses courses, l’œnologue choisit ses raisins et les « cuisines » selon les gouts et les moyens des consommateurs.

Pour moi le vin est divers, c’est ce qui fait son universalité et ce qui  fait naitre la passion.

Question N°2 : « Monsieur Seignelet, qui avait assis Bertrand face à lui, donnait à mi voix des leçons d’œnologie, récitait des châteaux, des climats, des millésimes, émettait des jugements, prononçait du vocabulaire : puis il voulut enseigner à son fils aîné le rite grave de la dégustation. » Tony Duvert « L’île Atlantique » éditions de Minuit 2005. Dans le fameux manga « Les Gouttes de Dieu » «  Le héros est présenté comme œnologue alors que manifestement c’est plutôt un œnophile doué et cultivé.

Quel est votre sentiment sur ce glissement sémantique Bruno Kessler?

Réponse de Bruno Kessler : Bon je l’avoue ça m’agace toujours … Je le confesse c’est un problème d’égo sans doute … Mais c’est grâce à cette confusion entre le métier de la dégustation et celui de l’expertise de l’œnologue définit ci-dessus que l’on est sorti du cliché blouse blanche et laboratoire…  Ainsi j’ai le plaisir d’avoir des nouvelles de mes amis  le samedi  pour savoir quelle divine bouteille leur procurera du plaisir avec tel met préparé avec passion. 

Par contre je regrette que l’expertise technico « dégustative » ne soit pas plus souvent utilisée par nos grands clients … Un vin peut être bon mais encore faudrait il s’assurer qu’il le restera dans le temps … la nécessaire connaissance intime du vin s’imposerait alors compte tenu des enjeux financiers… confier les choix à une simple dégustation aussi précise et détaillée soit elle ne suffit pas pour apporter les garanties de l’expertise d’un œnologue… Aux œnologues de trouver les moyens de se « stariser » un peu plus !!!

 Les anglo-saxons ont mis en place des concours valorisants les compétences de leurs winemakers … à quand le concours du meilleur œnologue de l’année…

Question N°3 : Moi qui ne suis qu’un pur amateur aussi bien pour le vin, que pour la musique ou la peinture je place ma confiance non dans les critiques mais plutôt dans ma perception au travers de l’œuvre du génie du compositeur ou du peintre. Pour le vin l’affaire est plus complexe entre l’origine, le terroir, le vigneron, le vinificateur, le concepteur du vin, l’exécution est à plusieurs mains. La mise en avant de l’œnologue, une certaine starification, correspondant par ailleurs avec l’esprit du temps, à une forme de marketing du vin, ne risque-t-elle pas de nous priver d’une forme de référence objective, celle de l’homme de l’art, nous aidant à mieux comprendre l’esprit d’un vin ?

 

Réponse de Bruno Kessler : Le gout du vin est bien plus subjectif que celui de l’art. Le gout est par essence subjectif. La perception du vin à travers une image starisée ou pas contribue à cette subjectivité qui sublime nos sensations et nous apporte plus de plaisir …

La valorisation de certains vins ET de leurs clients est de plus en plus liée à des critères marketés…

On peut le regretter mais c’est aussi ce qui attire tant et a permis la révolution de la consommation que nous vivons. Le vin produit de luxe starisé c’est quand même un phénomène récent. Je comprends que cela fascine ou énerve, en tout cas c’est grâce au développement des «F1 du vin » que la qualité moyenne des vins ne cesse  de monter avec tous les bénéfices que peuvent en tirer tous les consommateurs et les producteurs… 

 Le plaisir du vin doit certes être instinctif et amené à la portée de tous … Mon frère Mathieu  qui est un esthète Nietzschéen s’investit depuis des années pour que « l’art » soit à la portée de tous, je crois aussi à la démocratisation du plaisir bachique…Mais ce plaisir est aussi lié au rêve et, les vins starisés en sont les ambassadeurs…

Et puis c’est aussi pourquoi j’adore les dégustations à l’aveugle… il faut demeurer humble et simple devant  les bouteilles…

 

 

 

 

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20 janvier 2006 5 20 /01 /janvier /2006 12:48

La maison familiale, une ancienne auberge relais de chevaux, bordait la nationale sur laquelle les estivants gagnaient les plages du littoral. A la fraîche, assis sur des chaises, nous comptions les voitures des congepés, que des françaises, et en compagnie du gendre d'Alida la laveuse, un ramenard mécano à Bondy, on ne disait pas encore neuf cube, les commentaires allaient bon train sur les parigots, surtout sur ceux d'adoption : le fils ou la fille de montés à Paris et qui parlaient pointus. A l'époque les grosses voitures, les Versailles, la Frégate ou les DS ne me fascinaient pas, je les trouvaient vulgaires, prétentieuses, très quincaille mon grand amour c'était la deudeuche gris perle, une décapotable dans laquelle on prenait le temps de contempler le paysage.

Mon père en acquit une, à son volant j'ai appris à conduire sur les petits chemins vicinaux. Ma première voiture fut une 2CV, celle du curé, elle était verte, modernisée, mais j'ai toujours un petit pincement au coeur quand je parle d'elle. Alors, vous comprendrez que lorsque sur mon grand vélo je voisine avec les 2CV décapotée de " 4 roues sous 1 parapluie " je suis sous le charme.

Qu'est-ce donc que www.4roues-sous-1parapluie.com ? Une petite entreprise qui vous propose le charme d'une balade originale au coeur de Paris. " Installés dans votre 2CV, vous serez conduit par votre chauffeur (avec casquette en tweed) qui répondra à toutes vos attentes : pauses photos, idées de restaurant, de spectacles etc..."

Les touristes étrangers adorent. Et si certains d'entre-vous envisageaient un petit partenariat avec eux : une ptite bouteille dans du papier journal avec un pti mot sympa jsui à peu près sûr que ça ferait un joli pti sujet sur une chaîne de télé américaine ou japonaise, et comme les nôtres sont suiveuses on parlerait du vin dans la lucarne sans l'autorisation des puritains...   

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19 janvier 2006 4 19 /01 /janvier /2006 10:02

Le vin c'est 2,7% des aides de la nouvelle PAC, l'un des plus petit budget, moins que le sucre 2,9% et l'huile d'olive 5,2% ; les poids lourds étant bien sûr les grandes cultures 37,8% et la viande bovine 18,2%...

Et pourtant, les têtes pensantes de Berlaymont veulent fourer dans le même sac, à dessein je n'écris pas le même tonneau, les aides de l'OCM vin. On découple, on horizontalise, on ne veut voir qu'une seule tête, on rêve d'un grand dossier unique avec plein de cases à remplir, d'un ordinateur big brother, des brigades de contrôleurs chassant la fraude, de contrôleurs des contrôleurs auditant les procédures, de beaux tableaux de statistiques et la viticulture rejoint le peloton des commodités qui sillonnent le monde sur des vraquiers battant pavillon de complaisance ou des porte-containers aussi longs que des portes-avions...

Pendant 5 ans j'ai géré les aides de la première OCM réformée après les accords de Blair House, celle des oléagineux, alors je sais de quoi je cause. Le découplage est une méthode comme une autre pour faire fondre le système des aides aux produits, pour déconnecter le soutien des prix, mais pour le vin qui est un produit fini, même si le commerce des mouts existe, je ne vois pas de raison valable, sauf de l'envoyer au casse-pipe à l'OMC, de le faire entrer dans le grand tiroir de l'aide unique à l'exploitation.

Voilà un beau sujet de débat pour la filière, le groupe de travail du Copa-Cogeca a pris une position claire, fondée, alors on bosse dessus chers lecteurs ? A vos cahiers ou à vos souris, bon courage... 

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18 janvier 2006 3 18 /01 /janvier /2006 09:11

Ne me dites pas : et pour moi ce sera un Calva... Même si c'est pour me faire plaisir, je n'aime pas ça car ça sonne la condescendence avec une petite pointe de mépris : du genre ça sent la bouse des vaches normandes et la rincette du pépé dans la tasse de café. Bien sûr je n'ai rien contre la rincette et le trou normand mais entre nous ce n'est pas avec de telles images qu'on se fait une petite place dans l'univers impitoyable des spiritueux. Alors dites moi : et si prenions un Calvados !

Le Calvados j'en préside l'interprofession depuis 5 ans et si ce matin je consacre ma chronique à cette belle eau-de-vie d'appellation c'est que j'ai le sentiment du devoir accompli. La maison est en ordre et, grand bonheur, après de longs palabres, mes chers professionnels se sont mis d'accord pour que l'un d'entre eux se présente à ma succession. C'était mon souhait. Il a fallu du temps, mais comme aimait le dire un président de la République : il faut laisser le temps au temps...

Si je tiens tant à ce que l'on nomme par son nom le Calvados c'est parce que depuis qu'il a quitté le zinc des comptoirs il se cherche un second souffle et, même si ce n'est pas facile tous les jours, le produit a un bel avenir, surtout à l'exportation qui représente déjà la moitié des ventes. Alors permettez-moi amis du vin de vous conseillez de ne pas opposer alcool fort et vin, car ce sont les usages que l'on fait du produit qui peuvent conduire à l'addiction. 

Pour terminer je souhaite dire aux élus, plus particulièrement à ceux des régions, que s'ils souhaitent voir fleurir de beaux pommiers haute tige - c'est aussi vrai pour la vigne - il faut mobiliser tous les moyens disponibles pour ouvrir, conforter, développer nos marchés à l'export en s'appuyant sur des entreprises locomotives. Nos artisans, bien ancré dans leur terroir, proches de leurs clients, porteurs de notoriété occupent prioritairement le marché de proximité. Une vision trop agricole, de rente foncière, conduit au repli sur soi et très vite au déclin. La synergie entre producteurs fermiers, artisanaux et entreprises en capacité d'aller conquérir des marchés lointains est la carte de maîtresse que nous devons jouer ensemble... 

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