Ne me dites pas : et pour moi ce sera un Calva... Même si c'est pour me faire plaisir, je n'aime pas ça car ça sonne la condescendence avec une petite pointe de mépris : du genre ça sent la bouse des vaches normandes et la rincette du pépé dans la tasse de café. Bien sûr je n'ai rien contre la rincette et le trou normand mais entre nous ce n'est pas avec de telles images qu'on se fait une petite place dans l'univers impitoyable des spiritueux. Alors dites moi : et si prenions un Calvados !
Le Calvados j'en préside l'interprofession depuis 5 ans et si ce matin je consacre ma chronique à cette belle eau-de-vie d'appellation c'est que j'ai le sentiment du devoir accompli. La maison est en ordre et, grand bonheur, après de longs palabres, mes chers professionnels se sont mis d'accord pour que l'un d'entre eux se présente à ma succession. C'était mon souhait. Il a fallu du temps, mais comme aimait le dire un président de la République : il faut laisser le temps au temps...
Si je tiens tant à ce que l'on nomme par son nom le Calvados c'est parce que depuis qu'il a quitté le zinc des comptoirs il se cherche un second souffle et, même si ce n'est pas facile tous les jours, le produit a un bel avenir, surtout à l'exportation qui représente déjà la moitié des ventes. Alors permettez-moi amis du vin de vous conseillez de ne pas opposer alcool fort et vin, car ce sont les usages que l'on fait du produit qui peuvent conduire à l'addiction.
Pour terminer je souhaite dire aux élus, plus particulièrement à ceux des régions, que s'ils souhaitent voir fleurir de beaux pommiers haute tige - c'est aussi vrai pour la vigne - il faut mobiliser tous les moyens disponibles pour ouvrir, conforter, développer nos marchés à l'export en s'appuyant sur des entreprises locomotives. Nos artisans, bien ancré dans leur terroir, proches de leurs clients, porteurs de notoriété occupent prioritairement le marché de proximité. Une vision trop agricole, de rente foncière, conduit au repli sur soi et très vite au déclin. La synergie entre producteurs fermiers, artisanaux et entreprises en capacité d'aller conquérir des marchés lointains est la carte de maîtresse que nous devons jouer ensemble...