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2 août 2007 4 02 /08 /août /2007 00:01

Cette chronique est le troisième volet de la typologie des cabinets ministériels de Guy Carcassonne.

Les valets

   C'est évidemment la forme la moins aguichante, pas obligatoirement la plus rare ni la moins efficiente.
    Dans ce système, les recrutements, à une ou deux exceptions près (généralement le chef de cabinet et l'attaché parlementaire), sont laissés à la discrétion du directeur de cabinet.
     Celui-ci occupe une place stratégique, non qu'il se substitue au ministre mais parce que ce dernier a décidé de l'avoir comme interlocuteur unique, par lequel tout doit impérativement passer et qui est le véritable responsable de l'équipe.
     Les conseillers, réputés techniquement compétents, ne communiquent avec leur patron que par des notes dont ils ont rarement l'occasion de défendre personnellement le bien-fondé. Ils doivent toujours être prêts à exécuter les ordres, adopter une attitude respectueuse à laquelle une certaine obséquiosité ne nuira pas.
     Vis-à-vis des services, deux variantes sont possibles. Dans l'une, le ministre entretient des relations plus suivies avec les directeurs qu'avec son propre cabinet. Celui-ci ne peut alors exercer de véritable autorité sur ceux-là et son rôle se borne à veiller à l'application de décisions prises en dehors de lui. Dans l'autre, les responsables de l'administration sont également privés de contacts directs et fréquents avec le ministre, le cabinet regagne alors un peu de son aura dans la mesure où il est l'intermédiaire obligé, mais sans vraiment pouvoir s'imposer car son audience est connue limitée.


     Dans certains départements ministériels, ceux dont la conduite est la plus politique, cette substitution d'une brigade de valets à des conseillers personnels peut ne pas présenter de grands inconvénients et donner des résultats.


     Dans les autres, elle a deux défauts graves. Parce que le ministre ne veut voir personne et que le directeur de cabinet ne peut voir tout le monde, des frustations naissent rapidement, tant chez les membres du cabinet, dont la fonction est trop peu gratifiante pour provoquer la mobilisation souhaitable, que chez les fonctionnaires qui apprécient peu d'être de simples exécutants. En outre - et c'est le second défaut - le sentiment d'un travail d'équipe, et de la solidarité correspondante, est impossible à susciter lorsque chacun ignore non seulement ce qui sera fait de son avis mais aussi ce que font les autres membres du cabinet.


     Il est, enfin, un indice qui ne trompe pas pour déceler cette situation : la plupart des cabinets fonctionnant sur le mode ancillaire tiennent leur réunion hebdomadaire, quand elle existe, le mercredi matin, c'est-à-dire au moment où les obligations gouvernementales interdisent toujours la présence physique du ministre.

à suivre 

 Ce type de cabinet est le plus répandu...

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1 août 2007 3 01 /08 /août /2007 00:12

Dans un charmant petit resto de la Butte aux cailles, chez Paul, dans le 13ème, récemment j'ai mangé en dessert une pomme tapée. Délicieuse, un vrai régal ! Pour vous faire saliver et instruire les ignorants, ce matin je vous livre cette chronique : " c'est quoi les pommes tapées ? " en vous contant l'histoire d'un couple : Sylviane et Alain Ludin, passionnés d'habitat troglodytique, qui se sont installés entre Loire et coteau, à Turquant près de Saumur, là où est né le tuffeau. Creusée de kilomètres de galeries la roche à longtemps abrité la vie cachée des troglodytes. Le couple y découvre des fours. Deux vieilles dames, 94 et 91 ans, leurs révèlent l'usage de ces fours : la fabrication de pommes tapées. Elles se souvenaient, avant la guerre 14-18, d'avoir tapé des pommes le soir en revenant de l'école.


L'histoire est la suivante : c'est au XVIII et XIXeme siècle dans la vallée de la Loire, entre Chinon et Saumur, que se développe la production de pommes, coté Anjou, et de poires, coté Touraine, tapées. A l'époque c'est la marine marchande qui constitue l'essentiel de la clientèle. La pomme tapée permet d'équilibrer l'alimentation des marins et de lutter contre le scrobut. Suite aux ravages du phylloxéra dans le vignoble cette production est une véritable aubaine pour les vignerons ruinés. Elle devient l'activité principale de la région. C'est une industrie florissante : en 1914, il y avait plus de 200 fours à Turquant. L'arrivée de procédés modernes de conservation et le retour de la vigne provoqueront son déclin puis sa disparition. Notre couple, passionné, a mené l'enquête pendant 2 ans. Les archives municipales renfermaient des écrits statistiques et comptables, mais pas de recettes. C'est donc à partir des récits des anciens qu'ils ont ressucité la formule. Pour eux c'est une reconversion professionnelle étonnante. D'octobre à Pâques, ils tapent les pommes, près de 6 tonnes, et pendant la belle saison ils accueillent des visiteurs.


Fabriquer des pommes tapés est, semble-t-il, " assez simple mais demande finesse et doigté. D'abord, il faut éplucher les pommes, ensuite les faire suer dans un four type four à pain, bien alignées dans leurs paniers en osier, et au fur et à mesure les aplatir d'un coup de marteau bien précis, évidemment sans les éclater. La variété des pommes reste elle, un secret bien gardé..." Pour tous renseignements adressez-vous aux intéressés : Le Troglo des pommes tapées Le Val Hulin, 49 730 TURQUANT tél : 02 41 51 48 30.


Pour la consommation il faut réhydrater la pomme ou la poire avec le liquide de votre choix : eau, vin rouge, blanc ou rosé, cidre, poiré, eaux-de-vie, bouillon ( 1 litre de liquide pour 250 g de pommes ou de poires tapées ) ainsi vous recréerai le goût que vous souhaitez en fonction de la destination : accompagnement d'un plat type boudin aux pommes ou un dessert poires au vin rouge...


Du côté accompagnement liquide tout est possible : un Chinon bien sûr, un cidre forcément, du poiré de Domfront pour les esthètes www.idac-aoc.fr . Bonne dégustation les amis.

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31 juillet 2007 2 31 /07 /juillet /2007 00:25

Dans South of France y'a du soleil, il est donc normal d'y porter des lunettes de soleil. Of course, mais, comme en toutes choses il y a ceux qui s'achètent des chaussures et ceux qui se chaussent chez Loebb en sur-mesure ; il y a ceux qui s'achètent des chemises par deux et ceux qui vont chez Turnbull&Asser à Londres faire changer leurs cols. Pour la lunettes de soleil le plan est différent car, pour les Ray Ban, il y a ceux qui font chic en les portant et ceux qui sont d'une vulgarité extrême lorsqu'ils se trimballent, en tout lieu et par tout temps, en arborant ces lunettes mythiques. Vous comprendrez que je ne me prononce pas sur un sujet d'une telle importance. Mes écrits sont purement anthropologiques. Je me contente de décrire ce que je vois. Parlons de la légende de Ray Ban plutôt que de ceux qui les portent.

En 1937, suite aux demandes de l'US Air Force, qui voulait équiper ses pilotes d'avion de meilleurs verres solaires, deux associés Bausch&Lomb créé la marque Ray Ban. Les deux modèles les plus populaires sont les plus mythiques Ray Ban Aviator, dont on dit qu'elles ont été déterminantes dans la victoire des ailes américaines lors de la bataille du Pacifique. Mais dès 1937 les stars d'Hollywood portent la Ray Ban Aviator. Le second succès de la marque est la Wayfarer, disponible depuis 1952, c'est encore de nos jours le modèle de lunettes le plus vendu au monde.

Il faut toujours garder le meilleur pour la bonne bouche : ici en l'occurence : le perfecto. Quand on s'apelle John D. Perfecto, qu'on est fils d'émigré italien installé à Oakland, il semble naturel d'imaginer plus que quiconque un blouson de cuir qui allie la rigueur de celui de l'US Air Force et la séduction pure et dure des loubards de l'équipée sauvage. Harley Davidson s'en empare et fait de "Perfecto" une de ses marques sous-traitantes. Il devient l'emblème des Hell's Angels. Il est l'un des symboles de la Fureur de Vivre de James Dean. Il est associé au mal de vivre de la jeunesse urbaine. Ceinturé, zippé, il devient le signe de ralliement des rockers de Gene Vincent à Sid Vicious. Au temps de la tontonmania celui de Renaud, agrémenté d'un bandana rouge, devient l'emblème des laisse-béton. Les créateurs l'adoptent, l'interprètent, et si le noir de la révolte reste dominant, le Perfecto se civilise. Il devient un collector.  

Avec les Ray Ban et le Perfecto je vous conseille de boire soit une mousse au bar du coin, soit un Bourbon bien raide au goulot ou, si vous voulez faire l'américain, un lait fraise en passant dans un drive-in en vous tapant un Big Mac ou, si vous voulez verser dans l'anti-américanisme primaire, vous sifflez une boutanche de Daumas-Gassac en hommage à Aimé Guibert l'archange d'Aniane qui a bouté les barbares mastiqueurs de gomme hors de SdF....

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30 juillet 2007 1 30 /07 /juillet /2007 00:17

Cette chronique est la suite de la typlogie des cabinets de Guy Carcassonne...

Les enfants.

   Un ministre relativement âgé, vétéran des campagnes politiques, expérimenté dans les fonctions gouvernementales, a souvent la tentation, voyant poindre sa retraite, de s'entourer d'une équipe jeune, qu'il formera et lèguera à la République. Plus il est lui-même "politique", plus il peut se permettre de choisir des assistants seulement "techniques".
    La sagesse conseillant de ne pas multiplier les risques, le directeur de cabinet sera, dans un premier temps, choisi parmi les contemporains du ministre, deux esprits circonspects n'étant pas superflus pour contenir la fougue qu'on prête à la jeunesse.
    Les rapports au sein du cabinet sont alors de respect teinté d'affection. Respect des plus anciens pour la compétence qu'ils découvrent chez les plus jeunes et leur acharnement, affection des aînés pour ceux qui les font baigner dans la jouvence. Mais également respect des disciples qu'impressionne l'expérience, que ravissent les anecdotes puisées dans des souvenirs savoureux ou prestigieux, et avec lesquels la complicité crée, par-dessus les générations, un courant de sympathie.
   Bien vite les conseillers, judicieusement choisis, acquièrent sur leur patron une influence réelle. Un peu de son autorité retombe sur leur comportement, sans qu'ils soient tentés d'en abuser, au risque d'un douloureux rappel à l'ordre, l'âge n'excluant pas plus la fermeté qu'il ne s'assimile à la sénilité.
    Lorsqu'elle est réussie, cette combinaison donne d'excellents résultats. Le ministre connaît assez les traditions du fonctionnement administratif pour en inculquer le respect à ses collaborateurs. Ces derniers sont suffisamment conscients de l'intérêt de leur apprentissage, de la chance qu'il leur offre, pour se plier de bonne grâce aux volontés du "père" et faire globalement confiance à son jugement.
    Contrairement aux copains, les enfants prennent de l'autonomie. Si leur père politico-spirituel est appelé à d'autres fonctions, tous ne le suivent pas. La formation et l'initiation qu'ils ont reçues en font des responsables recherchés que plusieurs ministres pourront se disputer.

à suivre

 En faisant un parallèle osé, et vous savez que j'ose facilement, ces ministres pouponneurs sont l'équivalent dans notre métier des négociants-éleveurs...

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29 juillet 2007 7 29 /07 /juillet /2007 00:03

Mes allers-retours dans le sommeil plaquaient des images sur chacun de mes éveils. Notre premier métro avec Sylvie, celui qui nous montait place de Clichy. Premier maillon, Sylvie y menait le bal. Gauchement je la suivais. Nous nous connaissions à peine et pourtant je me sentais en confiance aux côtés de cette grande fille délurée, vive et forte. En fait elle me trimballait. J'en prenais conscience en constatant que son escapade ne devait rien à l'improvisation. Sylvie, depuis des mois, ne pensait qu'à ça. Dans le café des artistes, rue Biot, lorsque nous nous sommes assis face à une grande bringue aux cheveux décolorés tirés en queue de cheval, j'avais le sentiment de jouer le rôle qu'elle m'avait dévolu. A notre entrée, dans ce bistrot mouchoir de poche, accoudée au bar, face sans doute à un Martini, cette fausse blonde, que Sylvie me présenta comme étant Martine dans le civil, et Betty au turbin, semblait elle aussi tout droit sortie d'un magasin d'accessoires. Sylvie et elle s'étaient embrassées avec effusion. Moi je tendais la main. Betty - car nul doute dans mon esprit, ce prénom était son fond de commerce - l'ignorait. Elle me déposait deux baisers humides tout au bord de mes lèvres tout en se tortillant comme une anguille. " Il est chou ton homme..." fut sa première déclaration me concernant. Je tentais de bien donner le change en affichant un port de tête le plus dominateur possible. A plusieurs reprises, Betty, insistait sur ma future position qui, soulignait-elle avec gourmandise, plaçait Sylvie au-dessus des contingences ordinaires du métier. En écho, les regards moqueurs de Sylvie, confirmaient mon étrange et nouveau statut.

Dès cet instant, sans mot ni écrit, nous venions de valider notre contrat. La Betty, un peu chichiteuse, jouaient les affairées indispensables. De son grand sac elle tirait une carte de visite qu'elle tendait à Sylvie : "Je t'ai trouvé un deux pièces du côté de la Place d'Aligre, dans le 11 ième, pas loin de Bastille. L'immeuble ne paye pas de mine mais c'est au calme et en étage. En plus ce n'est pas cher. Tu vas, ma belle, pouvoir exercer tes talents de décoratrice car tout est à refaire..." Ses mots dansaient dans ma tête. Son "vous y serez tranquilles..." me laissait de marbre. Sylvie le sentait. Elle rectifiait " Benoît va vivre sa vie de son côté. Nous sommes de bons amis, parfois un petit peu plus, mais nous n'allons pas nous installer ensemble pour faire des enfants..." La Betty gloussait. Sylvie ajoutait une dernière couche " Faudra t'y faire ma cocotte. C'est plus moderne..." La Betty s'extasiait face à tant d'audace. Moi, la modernité de Sylvie m'en bouchait un coin. Je me crus obligé de lancer une vanne qui jetait un froid " il n'empêche chère Betty que c'est Sylvie qui portera la culotte..." Là, pour la chère Betty, je me vautrais dans l'obscène. Autant pour elle, vivre des charmes de Sylvie relevait de la bienséance, alors que lui faire don de mes burnes sans contrepartie versait dans les mauvaises manières. Sylvie, un peu fâchée, tentait de la rassurer " Fais pas attention Betty Benoît fait toujours dans l'humour au second degré..." Sans être mauvaise langue je fis remarquer à Sylvie, lorsque Betty nous quitta, que sa copine me semblait imperméable à un quelconque degré dans l'humour.  

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28 juillet 2007 6 28 /07 /juillet /2007 00:22

Ma revendication d'aller voir Sylvie à la morgue laissait Dornier sans voix, pour lui je vivais sur une autre planète que la sienne et ça le stupéfiait. Avant qu'il ne reprenne ses esprits Mousset ramassait les photos éparses et me prenait par les épaules : " Viens mon garçon, on y va..." Derrière son bar, face à notre repli, le patron esquissait un sourire plein d'espoir et se risquait à affirmer, d'une voix mal assurée, " l'addition est pour la maison. Merci de votre visite... " Dornier, faute de pouvoir s'opposer à notre coalition, lui tombait méchamment sur le rable : " toi, le bic, te fiches pas de notre gueule sinon je vais te foutre une inspection sanitaire au cul pour t'apprendre la politesse. Tu fais l'addition, mon collègue passera la régler un de ces quatre..." Décomposé, le limonadier, se lançait dans une séance d'à plat ventre pitoyable. Tout y passa les excuses dégoulinantes, les promesses non voilées d'une collaboration sans faille, les flatteries sirupeuses. Dornier se délectait " c'est comme ça que je les aime les melons, bien sucrés." Mousset qui me tirait vers la sortie s'immobilisa face au patron qui, en se tordant les mains, ponctuait ses interventions de courbettes grotesques : " te donne pas tant de peine, carpette, il te suffit pour plaire à monsieur de récurer tes gogues à la turque. Comme toutes les grosses fiottes, mademoiselle adore se faire empaffer par des petits gitons mais comme elle est très délicate la donzelle, il lui faut de l'hygiène pour sa rondelle..." A mon grand étonnement Dornier ne protestait pas, il passait la porte en roulant son gros cul. Le patron rasséréné nous tenait la porte, penaud. Il lançait à Mousset un " merci monsieur " chaleureux. Celui-ci haussait les épaules " tu vois mon garçon je n'aurais jamais pu être dans le commerce. C'est un métier de larbin."

Tassé dans le fond de la 403 je regardais les filles défiler sur les trottoirs. Avec l'irruption des mini-jupes elles exhibaient leurs cuisses au soleil neuf. Je me sentais vieux. Marie portait si bien la mini-jupe. Elle pouvait tout se permettre Marie. Le genou est l'ennemi de la mini-jupe. Les deux maigres qui couraient en sortant de la bouche du métro les avaient pointus ; la boulotte qui attendait son bus : cagneux ; Marie, elle, offraient au regard des genoux amandes, lisses et voluptueux. Ma barbe de trois jours me tirait la peau. Vieux ! Complaisant plutôt, elle ne raterait pas Marie si elle me voyait ainsi avachi. Je me ferais remettre d'équerre. " Tu passes trop de temps à la contemplation de toi mon petit Benoît. Cesse de te mettre en scène ! Laisse toi vivre tout simplement..." Aux prochains feux tricolores, ouvrir la porte. Descendre. Saluer Mousset. Dire à Dornier que, de ce pas, j'allais écrire ma lettre de démission sur la table du premier café venu. Oui mais il y avait Sylvie dans son tiroir métallique. Je ne pouvais fuir si vite. Assumer. Et après ? Après il n'y aurait toujours pas Marie. Comme l'autre détraqué de Brejoux, enfermé dans la prison sans barreaux que je m'étais construit, je ne voulais pas sortir. L'air libre me paniquait. La peau de Marie me manquait. La toucher. Qu'elle me touche. M'ébranle. Je croisais le regard bleu de ciel de Mousset dans le rétroviseur. Petit à petit les effets du Calvados me précipitaient dans des assoupissements ponctués de réveils brutaux.     

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27 juillet 2007 5 27 /07 /juillet /2007 00:27

J'ai découvert Anna Mouglalis, dans le film de Chabrol " Merci pour le chocolat". Comme lui - il l'a confié à la presse - je suis troublé. Des yeux immenses, mystérieux, un rien orientaux, une bouche magnifiquement dessinée, pulpeuse, raffinée. Elle bouge avec une grâce fluide, sa voix est sophistiquée, grave et mûre, elle prend bien la lumière. Beauté moderne, distante et proche à la fois, c'est une Carole Bouquet, sans la froideur des trop belles pour moi. Transgressive soft cette nantaise qui se balade en jeans sur sa vieille mobylette dans les rues de Paris pour aller boire des bières dans un bouiboui avec ses amis en écoutant Jimmy Clift. Bref, c'est la ruée des médias : sus à la nouvelle femme fatale ! Et puis, le pire lui arrive : Karl Largerfeld qui voit en elle " la voix de Jeanne Moreau, la force d'Anna Magnani, la présence d'Ava Gardner..." Rien que ça, n'en jetez plus.

Chanel donc ! Anna Mouglalis en 2002 est choisie, après Inès de la Fressange et Carole Bouquet, pour représenter l'image de la maison. Le communiqué de presse est dithyrambique " Ce mélange de chic suprême et de décontraction, de masculin et de féminin, de raffinement et de simplicité, cette façon bien à elle de jouer avec les conventions en font naturellement une femme digne de Chanel. Comme une petite soeur de Mademoiselle, qui donnait sa propre définition de l'élégance : pour être irremplaçable, il faut être différente" Fort bien, tout ça et bel beau mais il semble que mon Anna n'a pas confirmé ses prémices prometteurs. La petite soeur de Mademoiselle, sans être rangée au rang des accessoires inutiles, se place en retrait. Son image n'est peut-être plus aussi vendeuse. Ainsi va la vie des apprenties stars : un jour en pleine lumière, le lendemain dans l'ombre et pourtant la belle Anna Mouglalis reste éperdue de beauté brute...

Ceux d'entre vous qui dans un accès de folie souhaiteraient séduire l'inaccessible Anna, je leur conseille d'aller l'attendre à la sortie d'un tournage dans une Juva 4 bleu postal et de lui payer un coup de Muscadet dans un verre Duralex...

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26 juillet 2007 4 26 /07 /juillet /2007 00:35

Cette chronique se place dans la veine de celles que j'ai consacré aux objets cultes. Elle s'étalera sur deux jours (la prochaine le 31/07)et, pour tenter de dessiner le personnage friant de l'accoutrement complet que je vais m'efforcer de mettre en scène, un garçon connu de nous tous, une figure, un icône occitan, une seule image m'est venue à l'esprit : celle de Dennis Hooper dans Easy Rider. Plus que Peter Fonda, Hooper, alias Billy, colle très bien à l'image qu'a toujours voulu se donner l'homme qui parlait si bien juché sur le tonneau.

Nous allons commencer par le bas : les santiags. Ronald Reagan, qui avait fait lui aussi l'acteur avant de présider aux destinées des USA, en possédait une trentaine de paires. Elles ont chaussé les pionniers anonymes des origines du Texas, au siècle dernier, tout autant que le légendaire Buffalo Bill, ou les Gary Cooper, John Whayne et Eastwood, au même titre que les champions de rodéo ou les camionneurs solitaires de la transaméricaine. Aujourd'hui c'est la Rolls de la chaussure. Le petit Bush a même essayé, lors d'un G8, d'en fourguer à notre grand Jacques qui préfère le moccassin sur chaussette transparente. Les meilleurs bottiers spécialisés américains offrent le choix entre 9 coupes de talons, 6 formes de pointes, 4 découpes de tiges, 6 modèles de surpiqures et 8 tailles dans la largeur, dans une variété de peau et de coloris extraordinaire.

A l'origine, ne l'oublions pas, les santiags étaient des objets fonctionnels. Elles étaient faites pour des gugus qui se tapaient le cul sur une selle de cheval toute la sainte journée en gardant des vaches : des cow-boys quoi. Elles se glissaient impec sous le jeans, le Levi's. Si elles sont effilées c'est pour faciliter leur entrée dans les étriers. Leurs longues tiges doivent protéger la jambe des frottement des étrivières. Quant aux talons taillés en biseau et aux renforts de semelle en acier, ils permettent de mieux s'enfoncer dans le sol quand on doit résister à la force d'une bête prise au lasso. Je vois votre oeil s'illuminer : sur l'asphalte des trottoirs des villes pour la manif y'a rien de mieux mon Jeannot ! La mythologie, surtout la sienne, ça se cultive avec le même soin qu'un bonzaï. J'en resterai là pour aujourd'hui et, pour ne pas rompre avec la tradition qui veut que je vous offre avec ma chronique un petit verre, aujourd'hui je vous propose : un vin des Côtes de Thongue... www.cotes-de-thongue.com

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25 juillet 2007 3 25 /07 /juillet /2007 00:03

Cette chronique reprend des extraits d'un papier de Yann Moix dans Voici ( j'ai déchiré la page dans la salle d'attente de mon dentiste, pardon Christian d'avoir privé tes patients d'une lecture roborative...)

" A l'âge où Einstein développait sa théorie de la relativité restreinte, où Stendhal terminait le Rouge et le Noir et où Mozart agonisait, Benjamin annonce, lui, fièrement, que dans le prochain Loft, il y aura "sûrement" une piscine. C'est une des vertus du castaldisme ça : l'adolescence infiniment prolongée [...]

Le "benjamin", dans une famille, est traditionnellement le plus jeune. C'est un très bon départ pour être aussi plus immature. Les historiettes avec Flavie, les gamineries lofteuses, cher Benjamin (et pour reprendre un vocable d'incontinence orgasmique adolescente) : on s'en branle. Les fiches préparées, façon ENA, pour annoncer qu'une pétasse blonde va se faire féconder dans le chlore d'une piscine, l'oreillette branchée, façon NASA, pour prévenir qu'un blondinet beauf en rut va sortir du Loft si on compose le "36 quelque chose", toute cette gravité factice posée sur du néant, cette morgue scolaire greffée sur du perlimpinpin vulgos, je te le dis, ô Benjamin : ça fout le cafard.

Car il faut bien que quelqu'un écrive ce qui suit : la télé ce n'est rien. Et les animateurs télé, ça ne peut animer que du rien. Faire bouger du rien, donner vie à du rien, donner de l'importance à du rien, ce n'est pas à la portée de tout le monde : il faut être spécialiste du rien. Un docteur du vide. Un diplomé du creux. Je connais des gens qui, avec un rien, parviennent à faire un tas de choses. Benjamin, lui, avec un tas de rien, parvient à une seule chose : cette seule chose s'appelle sa "carrière". La poule qui pond son oeuf prétend-elle faire une "carrière" de poule ? Non. "

Yann Moix

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24 juillet 2007 2 24 /07 /juillet /2007 00:29

Un jour dans une chronique j'ai confondu Jules Roy avec Claude Roy, afin de me faire pardonner de l'auteur de la série Les Chevaux du Soleil, dont j'ai tant aimé le tome III : Les Cerises d'Icherridène je vous offre un extrait d'un de ses petits bijoux : La Mort de Mao écrit en 1969 à Vézelay et publié chez Christian Bourgois. Bien sûr je dédie ce texte à mon ami le guide du Pous, grand timonier des années de braises soixante-huitardes.

Je l'avais appelé Mao parce que je revenais de Chine. Je voulais qu'il règne sur moi comme le grand empereur de la nouvelle dynastie sur son peuple. Certains virent là un signe de mépris pour le vainqueur de la Longue Marche. Pour cela, il aurait fallu donner son nom à un porc ou à un veau. Mon dernier chien s'appelait César comme celui de la ferme de mes grands-parents dans la Mitidja. Ainsi à nous deux portions-nous le nom du général qui conquit la Gaule et la soumit à Rome. Dans l'idée que, ce Mao-là, du moins, je pouvais l'aimer, et qu'il m'obéissait, j'avoue qu'on pourrait discerner quelque secrète démarche ou fourberie : sans penser à ramener, symboliquement, la Chine au servage de l'Occident, j'admets que se nichait là une innocente ironie, mais quoi, j'aurais aussi bien appelé mon chien Charlie pour me gausser espièglement de notre roi, si grand, si fier et si puissant. Après tout, quand on donne aux chiens le nom d'un homme, c'est que cet homme est illustre, et l'hommage ainsi décerné flatteur pour un monarque, qu'il soit roi de France ou empereur de Chine. Et puis Mao peut s'écrire comme un vieux nom français. Un gendarme de Vézelay s'appelle Mahaut, et il eut assez d'humour pour ne pas se vexer quand il a su que mon chien portait le même nom que lui. Chaque fois que nous allions chez le menuisier, c'était des Mao par-ci et des Mao par-là. La gendarmerie est au-dessus, et le fils du gendarme Mahaut un familier de l'artisan, qui tient bistrot.
Ne devrais-je pas employer l'imparfait de l'indicatif ? A présent, la gendarmerie a été bâtie hors des murs de la ville, le menuisier s'en est allé, le bistrot a changé de propriétaire. Serais-je en vie quand ces pages paraîtront ?

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