Il est de bon ton dans les cercles d'esthètes détenteurs du bon goût de brocarder le Beaujolais nouveau. Dans notre beau pays la réussite est toujours un peu suspecte, surtout celle des autres. Moi je dis chapeau à ceux qui, pionniers, ont bâti avec ténacité et professionnalisme ce succès.
Bien sûr ce Beaujolais nouveau, en jean et chemise ouverte, manque pour les maîtres des étages élevés de quartiers de noblesse, il est trop gouailleur, il hume l'air du temps, certes parfois il s'égare un peu sur des chemins de traverse, mais plein de vitalité il retrouve vite son style canaille, sans prétention, c'est un teufeur, un bon ambassadeur du vin de France pas collet monté pour un sou.
Et puis, avant d'aller chez l'ami Jacques Dupont fêter le nouveau venu, je voudrais dire à ceux qui vivent de leur plume -j'en suis- que l'art de la critique ne s'apparente pas à une entreprise de démolition... Dites nous ce que vous aimez, ça suffira largement à notre pti bonheur de buveurs de canons. Pour le reste, accordez-nous cette confiance, nous sommes assez grands pour faire le tri entre le bon grain et l'ivraie...