Dans la famille Brun, y’a bien sûr le petit, dit thé Brun, puis y’a le monsieur Brun de Pagnol, vérificateur des douanes à la retraite, et il y a maintenant Jean-Paul Brun du Domaine des Terres Dorées en Beaujolais qui s’est dit qu’avec un si beau terroir le mieux pour ses vins c’était de l’exprimer. Pour faire court, le JPB ne fait pas dans le carbonique (vinification semi carbonique) mais plutôt dans le canonique (vinification bourguignonne) « j’ai une table de tri, on égrappe et on fait une cuvaison d’à peu près trois semaines un mois. » Donc plutôt chemin de traverse qu’autoroute à 4 voies ce qui donne des boutons aux normalisateurs type CAC croskill qui vénèrent l’air de famille en nos appellations.
Attention les poteaux, et je n’ose écrire les potiches de peur des représailles, ce matin en prenant la roue de JPB je n’enfourche pas pour autant la tendance dénégatrice des anciens zélateurs du Bojolo Nuovo qui l’ont abjuré 3 fois avant que le coq ne chante, ni ne me met dans les vents portant de la nouvelle tendance récupératrice des bojolos nuovo bobos. Moi je suis du genre fidèle : lire ma chronique du 3 :12/2008 « Lettre ouverte aux AA (agréeurs anonymes) pour le renouveau du Beaujolais » http://www.berthomeau.com/article-24976848.html Mais tout cela est de l’histoire ancienne, du moins je l’espère, et comme JPB est un passionné, un innovateur né qui cultive la tradition, je vais ce matin entonner un nouveau couplet de ma chanson.
Tout d’abord, il faut que j’éclaire votre lanterne sur la cuvée « BQ » que je vous recommandais d’entrée pour fêter l’arrivée du Beaujolais Nouveau. Désolé pour les petits cochons qui sommeillent en chacun de nous les hommes le B n’est pas ce à quoi vous pensiez, même si dans Beaujolais il y a beau. En la circonstance « BQ » c’est Bruno Quenioux http://www.berthomeau.com/article-desapprendre-a-deguster-recevoir-plutot-que-de-prendre-par-bruno-quenioux-53185915.html En effet, Jean-Paul et Bruno se connaissent depuis plus de 15 ans. Ils ont un langage commun qui permet au second dans l’exercice d’assemblage de se calquer dans la personnalité du second. Cette fidélité liée à la sincérité de la démarche donne à Bruno Quenioux l’avantage d’avoir la primeur – j’adore la primeur du Primeur –, c’est-à-dire de pouvoir choisir le premier entre toutes les cuves. Comme le souligne Bruno avec Jean-Paul il ne faut pas être pressé car la cuvaison prend plus de temps que la carbonique. Tout goûter, mettre la barre très haut, faire la cuvée qui lui plaît, revenir parfois 3 fois, le temps toujours le temps.
Pour 2010 ce sera 85% d’une cuve provenant d’un coteau un peu chaud + 15% en provenance de l’argilo-calcaire pour le socle puisant dans la profondeur du minéral. Dans toutes les cuvées ce socle est toujours présent, c’est l’assise, le marqueur de la conjugaison du travail de Jean-Paul et de la patte de Bruno. Tirer la quintessence du terroir des Terres Dorées, lumière et finesse, retrouver, se rapprocher de sa belle origine qui fut, avant l’irruption du développement à tout va, l’équivalent de celui de Corton ou de l’Hermitage. Cette réappropriation n’est pas synonyme d’une revendication de prestige ou de grandeur mais l’affirmation d’une simplicité ouverte sur l’authenticité. Comme le souligne Bruno Quenioux « On a perdu la simplicité dans le vin. Le Beaujolais Nouveau est l’occasion de la retrouver. Et de prouver qu’à la condition de faire le tri il en existe d’excellents. »
Allez, trêve de mots il faut faire sauter les bouchons du Beaujolais Nouveau de Jean-Paul Brun. La nuit tombe Jean-Paul malgré un chausseur de bus de la RATP n°27 qui se prenait pour Sébastien Loeb est lui aussi arrivé. C’est l’heure de trinquer. BU et APPROUVÉ : L’ANCIEN de Jean-Paul BRUN est un jeune gaillard plein de vivacité qui, à n’en pas douter, va enchanter bien des palais.
Aurélia Fillon