Avec mon ami JLV, suite à mon rapport et à la note stratégique Cap 2010 le défi des vins français, nous avions posé, avec 3 acteurs majeurs du marché, les fondations d’un grand groupe français en capacité de répondre au défi des vins du Nouveau Monde sur les grands marchés émergeants.
Le cours de l’Histoire en a décidé autrement mais ce n’était pas un château en Espagne comme ce que nous annonce Le Figaro, qui se targue d’être une référence en économie des entreprises, mais qui a la mémoire courte lorsqu’il titre que le rachat de Cordier Mestrezat, l'un des trois plus grands négociants de Bordeaux, par In Vivo, un groupe coopératif, le premier du pays (c’est une Union) est une Révolution Quai des Chartrons.
La révolution c’aurait été ça : 22 juin 2009 Coup de tonnerre à Vinexpo : une mystérieuse holding lance 1 OPA inamicale sur les Big Three coopératives de South of France…
« Vin&Cie a reçu dans la nuit un communiqué émanant d’une mystérieuse Holding « CCL » qui déclare vouloir prendre le contrôle des Big Three de South of France en lançant une OPA inamicale auprès des détenteurs de parts sociales de ces groupes coopératifs qui contrôlent une large part de la production viticole languedocienne et qui sont parmi les plus importants metteurs en marché du pays. »
En effet, y’a belle lurette que la maison Cordier est passée sous pavillon coopératif grâce à l’un de ces montages (avec le groupe suisse TAG) qu’affectionnait l’audois de Bizanet, Yves Barsalou, lorsqu’il présidait boulevard Pasteur ce que l’on appelait alors le Crédit Agricole (maintenant c’est CASA) et qu’il menait en sous-main le Val d’Orbieu.
Lorsque le Val d’Orbieu se vit pour des raisons de survie économique dans l’obligation d’élaguer : fourguer Listel au champenois Vranken et, comme on dit chez les banquiers, faire porter par CASA ce que le groupe coopératif ne pouvait plus supporter dans le groupe Cordier Mestrezat. Suite à cette dernière opération 78% du capital était entre les mains du Crédit agricole et du groupe suisse TAG, propriétaire de l'écurie de F1 McLaren et de TAG Aviation, leader du jet privé, le restant détenu par le Val d’Orbieu.
Ce sont ces 78% qu’In Vivo vient d’acquérir pour près de 40 millions d’euros nous dit Le Figaro et j’oserai écrire que les vendeurs doivent se dire : ouf merci Aspro !
En effet, ça fait un bail que Cordier était sur le marché et ne trouvait pas preneur.
Thierry Blandinières, directeur général du groupe déclare que «C'est la première pierre à l'édifice du pôle vin d'In Vivo » et qu’il est déterminé à faire du vin son quatrième pilier à côté de l'agriculture, de la santé animale et du pôle grand public (Gamm Vert, Delbard).
«Nous sommes déjà présents en amont de la filière via la gestion de vignes, explique-t-il. Nous souhaitions nous développer dans l'aval et allons saisir des opportunités de structurer ce nouveau pôle pour atteindre assez vite un chiffre d'affaires de 500 millions d'euros.»
Le Figaro nous dit que pour y parvenir, In Vivo veut développer les ventes des vins de la marque Cordier, qui représentent 25 % du chiffre d'affaires de sa nouvelle filiale (45 millions d'euros) aux côtés du négoce de grands crus (50 %) et de petits châteaux bordelais (25 %).
Le groupe coopératif (5,4 milliards d'euros de chiffre d'affaires dans 28 pays) mise sur son savoir-faire d'exportateur pour développer à l'international la marque Cordier sur le segment premium (8 à 10 euros en grandes surfaces).
Il veut convaincre plus de viticulteurs de lui vendre leur production et est prêt à élargir la gamme Cordier au-delà des bordeaux.
Si In Vivo réalise son objectif, Cordier Mestrezat deviendra le troisième acteur français du vin, derrière les groupes Castel et Grands Chais de France. Et sera un acteur majeur de la riposte française à l'offensive des acteurs des vins du Nouveau Monde, bien meilleurs dans la commercialisation des vins de marque. »
Don’t acte !
Permettez-moi de penser que baser une stratégie de conquête des marchés émergeants sur Cordier et sur Bordeaux c’est vraiment se fourvoyer…
L’avenir tranchera…