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7 juin 2015 7 07 /06 /juin /2015 06:00
« Cette soirée au Lapin Blanc, ce ragù de Jancou, ce rosé des Riceys d’Olivier Horiot : « Une vrai tuerie ! »

Au fait, d’où vient-elle cette tuerie-là ?

 

« Rappelez-vous : autrefois, on disait «c’est trop fort», puis on en vint à s’exclamer «’tain ça déchire», avant de gueuler «ça tue !»

 

De là vient l’expression «un truc de la mort qui tue», qui exprime joyeusement que… c’est vraiment épatant. La tuerie désigne le massacre que l’on commet sur les avatars numériques et celui qui explose le cholestérol ; mais aussi le plaisir que l’on prend à (se) faire du mal. Le mal qui fait du bien, en somme. »

 

Ainsi s’exprimait Didier Pourquery dans une chronique de Libé écrite le 20 DÉCEMBRE 2008, soit une éternité 

 

Après voir noté que «C’est une tuerie» faisait un score d’enfer parmi les accros du pad. Normal et pas étonnant vu le nombre de jeux de baston et autres wargames qui y cartonnaient en cette préhistoire de la Toile.

 

Il ajoutait « Mais cette riche métaphore hyperbolique est aussi employée couramment par une autre catégorie de nos contemporains, les gourmands régressifs qui s’assument. Selon plusieurs versions, bien sûr. Façon VIe arrondissement :

 

«Ton cheesecake est une vraie tuerie, ma chérie» ; façon grande gueule qui fanfaronne…

 

Le mode girlie copine : «Attention les fiiilleeeuu, mon fondant au chocolat et à la crème de marrons est une vraie tuerie, vous êtes averties, hi hi hi.»

 

Mais ce cher Pourquery se trompait lourdement lorsqu’il pensait :

 

« On imagine mal un gourmet à casquette vintage, assis devant une toile cirée à carreaux, rugir façon Gabin : «Alors là, Monique, ma petite Monique, laisse-moi te dire que ta langue de veau sauce gribiche est une véritable tuerie… et j’m’y connais.»

 

En effet les réseaux sociaux sont passés par là et l’expression « c’est une tuerie ! » fleurit à propos de tout et de rien, et même du vin sur Face de Bouc.

 

Pour ne rien vous cacher je ne l’aime pas cette expression car elle évoque pour une image d’enfance : celle des tueries particulières de mon enfance évoqué dans cette chronique du 12 novembre 2013 « Je me souviens des « tueries particulières » celle de la Mothe-Achard tout particulièrement. » 

 

« Le terme de « tuerie » ou « tuerie particulière » fut d’abord utilisé pour désigner le lieu où chaque boucher abattait ses propres animaux : dans la cour ou la remise attenante à sa boucherie, parfois même directement sur le trottoir, devant la boutique. Le mot abattoir est apparu dans le langage professionnel et administratif lorsque des locaux spécialisés ont été imposés dans les grandes villes, et d'abord à Paris, pour y mettre à mort les animaux de boucherie. »

 

Métaphore pour métaphore entrons tout de suite dans le bain avec une autre métaphore bien connue « ça va être une vraie boucherie ». Faisant directement référence au contact de la viande et au côté sanglant du métier de boucher, on parle de boucherie lorsqu’une situation devient tendue, qu’une dispute est sur le point de surgir ou bien encore pour définir un capharnaüm. »

 

« Interviennent alors le boucher et la bouchère, le masculin pour des raisons culturelles séculaires étant étroitement lié à la viande, à son choix, à sa préparation, à sa présentation. Et si le mot viande surprend par son rapport à la vie, boucher est encore plus étrange, plus inattendu : c’est un dérivé très ancien de bouc. Au moyen âge, on a parlé de viandier, mais le mot, qui venait du sens ancien de « nourriture », désignait une personne qui nourrissait bien ses hôtes, de même que le vivandier, puis la vivandière, chargés de nourrir les troupes, jusqu’à ce que la cantinière ne détrône la vivandière. Rien à voir avec ce spécialiste qu’est le boucher. »

 

« … En fait, le « boucier » du XIIIe siècle était celui qui abattait les bêtes pour les vendre. La référence au bouc était sans doute symbolique, et ce mot voulait dire « sacrificateur », donnant à l’élevage la valeur que cette notion a chez Homère, certaines bêtes étant réservées aux dieux. Or, l’animal sacrificiel par excellence fut dans notre moyen âge le bouc, chargé de pouvoirs surnaturels… »

 

« … Le boucher d’aujourd’hui n’est sans doute plus le prêtre d’un sacrifice solennel. Mais son domaine s’est élargi : il est passé du bouc au mouton, au bœuf, parfois encore à la chèvre et au chevreau, laissant le porc au « cuiseur de chair », que dissimule notre charcutier familier, mais s’emparant parfois d’autres espèces. La boucherie appelée « hippophagique » fut naguère florissante, et continue à vivre dans le nord de la France. »

 

Note de la rédaction « La cynophagie - le fait de manger du chien - était une pratique répandue en Europe et surtout en France jusqu'au début du XXe siècle où l'on trouvait encore des boucheries canines. Plus encore, durant la guerre de Prusse de 1870, effort de guerre oblige, on se rabattit sur les viandes de basse qualité et un véritable marché du chien fut ouvert à Paris, rue Saint-Honoré. »

 

« … Si les mots boucher et boucherie, employés au figuré, gardent des traces de leur origine, l’abattage, lorsqu’ils s’appliquent au métier, qui est plus qu’un commerce, ils supposent un savoir-faire traditionnel très élaboré. On dit que, si l’on peut devenir cuisinier, on naît rôtisseur, ce qui suppose un sens inné de cet art. On peut en dire autant du bon boucher, qui n’intervient qu’après l’abattage – il y a des professionnels pour cela – et qui doit choisir, préparer, découper, mûrir, parer la viande, enfin la présenter de manière alléchante.

 

Menacée, comme tout artisanat délicat, par l’industrialisation effrénée de « l’agroalimentaire » , la boucherie est un patrimoine de talent et d’habileté à conserver jalousement, pour que la viande conserve son sens originel : ce qui conserve la vie et la santé. »

 

La viande, patrimoine vital par ALAIN REY 

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