Mes écritures, loin du brouhaha de la blogosphère, du harcèlement des communicant(e)s, de Félix&Popotin les grands critiques du vin, de l’addiction frénétique aux réseaux sociaux de certains de mes confrères, je glane dans mes archives, je lis, beaucoup, je baguenaude, je dors le jour, éveillé jusqu’aux première lueurs du jour je me laisse du temps pour laisser libre-court à mon imagination pour entamer une nouvelle aventure d’écriture.
Le temps d’écrire pour de vrai est venu…
Alors combien de temps me restera-t-il à consacrer à mon espace de liberté ?
Je ne sais mais ce que je sais c’est que je répondrai présent chaque jour que Dieu fait.
Sous quelle forme ?
Je ne sais…
Sans doute comme aujourd’hui irais-je puiser dans mes archives…
Vous verrez bien si je prends aussi le temps de vous mener sur d’autres chemins qui seront, soyez-en certains, toujours des chemins de traverse…
Et puis, si certains d’entre vous ont la plume qui leur démange rien n’est plus facile pour eux que de contribuer à l’aventure de cet espace de liberté. Merci par avance.
Avoir le bras long
« Entre Jean Pinchon, hobereau normand catholique, issu de l’Agro, nommé par la volonté de Rocard Ministre de l’Agriculture Président de l’INAO, et Jean-Baptiste Doumeng le petit gars de Noé pourvu de son Certificat d’études primaires, membre du PC, ami de Gorbatchev, le « milliardaire rouge », il existait une connivence profonde et sincère dont je puis témoigner.
Hommes d’influence, de réseaux, leurs bureaux mitoyens de l’avenue de la Grande Armée, le premier chez Louis Dreyfus, le second chez lui à Interagra, un bon coup de fourchette, un sens du théâtre plus poussé chez Doumeng, un goût immodéré du discours, du verbe chez Pinchon, mais surtout un attachement viscéral à leurs origines : normande à Épaignes avec son troupeau de Charollaises pour Pinchon, Noé pour Jean-Baptiste qui, lorsqu’il était à Moscou pour affaires bravait « les interminables attentes téléphoniques pour s’enquérir près de Denise (son épouse) de l’état du ciel à Noé, lui donner des conseils pour les travaux des champs, ou le signal des vendanges».
Ces deux forces de la nature, vrais poids lourds, grands habitués des antichambres ministérielles, amis des puissants de ce monde, bien plus que les poids plumes actuels, qui font du terroir un argument de marketing politique, eux avaient de la glaise aux bottes, tiraient de ce lien viscéral une réelle aura sans pour autant en jouer pour disqualifier leurs interlocuteurs aux Richelieu bien lustrée... »
Provocateur JB Doumeng l’était. Face à une flatterie indécente ou un propos maladroit ou un comportement minable il était capable des pires extravagances qui trahissaient « ses rancœurs et défis de gosse frustré, sinon méprisé ». Ainsi à un apparatchik fat, Ministre hongrois du commerce extérieur, qui à la fin de son discours osait placer cette aumône : « À présent, cher ami français, s’il vous manque quelque chose dites-le moi... »
Il rétorquait
- Oui, monsieur le Ministre, une belle peau d’ours.
- Simple détail, et facile à trouver. Pour un manteau, je suppose.
- Pas du tout... L’hiver, ma femme et moi adorons faire l’amour, nus, sur une peau de bête, devant un feu de bois... Ça amuse les enfants... La civilisation capitaliste, trop sophistiquée, nous a coupés de la nature. »