Mon affirmation tient à deux raisons, l’une d’enfance et l’autre plus administrative.
Enfant j’allais à Noirmoutier avec la famille Remaud, dans le C4 qui sentait bon le pain, le p’tit Louis était boulanger, nous empruntions le passage du Gois et je n’ai jamais le sentiment que je me rendais sur île car, pour moi, comme celle d’Yeu, seul un bateau pouvait m’y transporter. J’aime bien ce qu’écrivait Marie Maugeret en 1830 « Un pays qui ne tient à la terre ferme que certaines heures, et, pour ainsi dire, du bout du pied, vraiment c’est comme un rêve. »
Maintenant, depuis la construction du pont, la coupure biquotidienne du cordon ombilical routier du Gois qui rendait à Noirmoutier son insularité fait que la question se pose avec plus d’acuité. Même si, comme le souligne, Éric Bouhier, dans son livre Noirmoutier inventaire inachevé éditions Litote en tête, celle-ci « relève avant tout de la provocation et de la litote, il est symptomatique que Noirmoutier ne fasse plus partie officiellement des îles du Ponant (15 îles, de l’île d’Aix aux îles Chausey) depuis la construction du pont. »
Noirmoutier je l’ai évoqué ici en proposant à la lecture en juillet 2007 un beau texte d’Octave Mirbeau extrait de son petit opus Noirmoutierlink
Et puis, pour un gars marnant chez le Ministre de l’Agriculture j’ai mis à l’honneur la nouvelle star de l’île la Bonnotte link et link
Quand j’étais enfant, chose rare car nous n’achetions guère de légumes, le jardin y pourvoyait, et surtout pas des patates, maman achetait des pommes de terre nouvelles de Noirmoutier qu’elle faisait cuire à l’eau et que nous mangions chaudes avec du beurre salé.
Mais la vedette incontestée en ce temps-là était le mimosa de Noirmoutier.
Éric Bouhier, dans l’origine du mimosa écrit « Venant d’Australie, ayant fait son succès un détour par la Côte d’Azur, le mimosa trouve au milieu du XIXe siècle sol et climat favorables à son implantation dans l’île. S’il est planté dans un premier temps dans le bois de la Chaize, appelé parfois bois des Mimosas, où il est destiné à rompre la monotonie des pins et des chênes verts, il colonise assez vite toute l’île, illuminant les allées sombres de certains jours d’hiver de ses taches jaune d’or éclatantes et du vert tendre de ses frondaisons. Recherché en une période où les fleurs sauvages sont rares, il fait l’objet d’un commerce, d’une cueillette respectueuse et parfois d’un véritable saccage. Sa variété d’hiver, celle que l’on admire de janvier à mars, est l’Acacia dealbata, à ne pas confondre avec le mimosa des quatre saisons, Acacia retinodes, qui porte curieusement ce nom alors qu’il ne fleurit qu’une fois en juillet, sans l’éclat comparable de son prestigieux cousin. Petit arbre fragile, il est sensible au vent et aux gelées, et s’il n’était pas doué d’une étonnante capacité de résurrection par un marcottage spontané, les hivers 1962-63 et le « général Hiver » 1986-87 lui aurait été fatal. »
En ce qui concerne le Gois la littérature est abondante et Éric Bouhier en fait un recensement exhaustif dans son livre. Je m’en tiendrai donc à une simple anecdote « la tradition rapporte qu’un certain cordonnier-tailleur du nom d’Auguste Gauvrit, petit homme boiteux et bossu, ose le traverser à cheval en 1766, en suivant à peu près le tracé que l’on connaît aujourd’hui. Une plaque apposée deux cents ans plus tard sur un restaurant à l’entrée du Gois, côté continent, en témoignait, jusqu’à ce que le propriétaire la décroche. »
Reste le cinéma, les admirateurs de Claude Sautet, j’en suis, savent « que l’île prête ses décors » à de deux de ses films où il fait appel à Yves Montand. « Les témoins du tournage se rappellent sa bonne humeur et le plaisir qu’il eut de passer du temps dans l’île. La plage de Mardi-Gras au Vieil, un des décors de César et Rosalie, garde un charme intact et, en regardant la maison Domalba, on se plaît à imaginer Montand, Romy Schneider ou Samy Frey en sortir. »
Aussi Agnès Varda et Jacques Demy, ce sera pour une prochaine chronique...
Noirmoutier L’Inventaire inachevé d’Éric Bouhier fait partie, comme le souligne la 4e de couverture, de « ces recueils popularisés sou le nom de « miscellanées » ou « cabinet de curiosités », et dont le but est de donner envie au lecteur curieux, averti ou non, de partir lui-même à la découverte des personnages, des lieux, des histoires, des ouvrages cités, et de tout ce qui fait » de Noirmoutier, un lieu unie et attachant.