Photo empruntée à mon collègue www.glougueule.fr Merci
Marcel Lapierre vient de mourir ce jour. Qui mieux qu’un de ses amis, Sébastien Lapaque, peut parler de lui. Dans son livre écrit en 2004 « Chez Marcel Lapierre » il nous menait sur la route des beaujolais « sinueuse, flâneuse, parée des milles couleurs de l’automne » jusque chez Marcel Lapierre, viticulteur à Villié-Morgon.
Suivons-le sur ses lignes !
« Relief apaisé, tons reposants, harmonie des mauves, des verts, des bruns.
« J’aime bien ce chemin. En regardant le paysage, on n’a pas besoin de se poser de questions, les idées viennent toutes seules. »
Au domaine des Chênes, Marcel Lapierre vinifie son morgon comme son grand-père et son père avant lui, en laissant le temps au gamay noir à jus blanc de devenir du vin. Le viticulteur qu’un article du magazine Gault et Millau célébra comme « le pape du morgon » dès 1988, avant qu’il ne devienne un mythe de Lyon à Chicago et de Paris à Tokyo, n’est pas un doctrinaire.
Aucun discours dogmatique chez lui, nulle tentation de moquer ses collègues ni d’éreinter ceux qui inondent chaque année le marché mondial d’un pinard obligatoire baptisé beaujolais bouveau, affreux breuvage gonflé à l’acétate d’isoamyle – le fameux goût de banane. Moraliste d’un genre oublié, Marcel Lapierre sait que les gâcheurs de raisin sont à eux-mêmes leur propre punition. Pourquoi les accabler ?
Mieux vaut se promener. Savourer les retrouvailles quotidiennes avec les chemins de l’enfance qui ont épousé les rêves d’un homme. »
Marcel Lapierre était de ces hommes libres dont j’appréciais la démarche tranquille et sereine, loin de la nostalgie stérile du bon vieux temps et de l’intégrisme de certaines chapelles. Marcel Lapierre était vigneron, sans ostentation, avec discernement, il gardait comme un bien précieux sa faculté de jugement. Modeste, il ne se vantait pas d’avoir fait école mais, à l’instant où il quitte notre chemin, celui des encore vivants, c’est son emprunte et sa trace que je veux saluer avec amitié et simplicité.
Je m’incline devant la peine et la douleur de Marie Lapierre, qu’elle sache que la mort de Marcel donne tout son sens à sa vie, une belle et forte vie. Que Matthieu, leur fils, soit lui aussi assuré de la tendresse de tous ceux, dont je suis, qui ont porté sur le travail de son père le regard ému et reconnaissant d’amoureux du bien vivre. Bonne route à vous et à tous ceux pour qui Marcel Lapierre était un être cher.