« Le monde de la viticulture français est en effervescence. Une bataille cruciale est en train de se jouer dont l'issue conditionnera le futur des vignerons, des territoires, des négociants et du secteur économique du vin. En jeu, la mise en place des autorisations de plantation de nouvelles vignes… »
Je me frotte les yeux. Roulez tambour : c'est la guerre !
Comme l’avait dit, avec un humour féroce, l’un de mes Ministres, à un directeur départemental de l’agriculture tenant un discours très costaud, qui accompagnait une délégation de maïsiculteurs cornaquée par un Henri Emmanuelli, à gauche toute à Paris, mais très corpo dans ses Landes, « vous êtes le porte-parole de la FNSEA ? »
Là, Laurence Girard, se fait elle le porte-voix du lobby de la CNAOC et du Syndicat des Vins de Pays d’OC réunis. Comment peut-on enfourcher un tel canasson fourbu, usé d’avoir trop servi, dans un journal de référence comme le Monde ?
Réduire le débat qui se déroule en ce moment à une opposition entre des vignerons attachés aux systèmes des AOC-IGP et des négociants qui souhaitent l'industrialisation du secteur et sa prise en main par quelques grands groupes, relève d’une méconnaissance absolue des réalités du secteur viti-vinicole français.
Si c’était aussi simple que cela ça se saurait !
Souvenir, souvenir, de la mission de porte-plume auprès de Madame Vautrin, députée de la Marne – comme c’était étrange – sur le maintien du régime des droits de plantation qui, rappelons-le avait été aboli en 2008 avec la voix du Ministre de l’Agriculture français de l’époque. Le pire moment de ma carrière de « nègre ». Pas la queue d’une idée nouvelle énoncée lors des auditions de la kyrielle des représentants de toutes obédiences. Je n’avais pas voix au chapitre alors j’ai laissé la très impérieuse parlementaire s’enferrer dans un rapport ni fait, ni à faire. Vive le statuquo, le ne touchez pas à nos petites cuisines entre nous, on verrouille tout du côté producteurs et on fait du mi-chèvre, mi-chou du côté du négoce.
Depuis, rien de nouveau sous le soleil et je plains vraiment le ministre de l'agriculture, Stéphane Le Foll, qui a demandé à FranceAgrimer de préparer « un Plan stratégique de la filière viticole 2025 » qui devrait lui être remis en juin. La copie besogneuse risque d’aligner de belles analyses mais bien peu de propositions opérationnelles pour redynamiser le secteur qui, sous le vernis des bons chiffres du commerce extérieur, régresse doucement et sûrement.
Étant rangé des voitures je ne vais pas m’échiner ce matin à refaire encore une fois le film, ce serait prétentieux et vain. Mais désolé madame Girard le futur de la vigne France, des hommes qui en vivent et des territoires qui la porte, ne dépend pas des modalités de gestion des autorisations de plantation.
L’épisode présent n’est qu’une minuscule tempête dans un verre à dents. J’ironise à peine.
Je contente de vous donner en pâture :
1- Négociants et vignerons s'affrontent sur l'avenir de la viticulture française l’article de Laurence Girard du Monde link
2- Le négoce veut accéder au « robinet des volumes » La Vigne link