« La femme sera vraiment l’égale de l’homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente. » c’est signé Françoise Giroud qui fut secrétaire d'État auprès du Premier ministre Jacques Chirac, chargé de la Condition féminine, entre juillet 1974 et août 1976, et qui pouvait avoir la plume assassine, c'est Jacques Chaban-Delmas, en campagne présidentielle en 1974, qui en fit les frais « On ne tire pas sur une ambulance ». L’Histoire lui a donné tort puisque Mitterrand nomma Edith Cresson Premier Ministre ce qui ne fit pas avancer l’égalité entre les femmes et les hommes bien au contraire.
Le monde du vin, jusqu’à ces dernières années, était le domaine quasi-exclusif des hommes, les choses changent, sans pour autant avoir une grande ampleur. Pour ce qui concerne la représentation professionnelle du secteur les mâles gardent avec un soin jaloux leurs présidences gigognes. Ne disposant d’aucune statistique précise j’ai donc décidé de me replier sur ce qui me tombait sous la main en ce domaine : ceux cités par Vanessa Postec dans son livre Le Goût des Femmes à table chez PUF au chapitre : Quoi de neuf chef ? Elle y constate que « le machisme e, matière de gastronomie est une donnée de base : 94% des chefs cuisiniers sont toujours des hommes ! »
Ça s’amélioré depuis l’ouverture aux filles du CAP cuisine : elles « représentaient environ un quart des effectifs en écoles de cuisine au tournant du millénaire. » À la sortie de l’école : elles ont un petit quart dans la restauration traditionnelle, presqu’à parité dans la restauration collective et majoritaire dans les cantines « même si le « chef » y est, encore aujourd’hui, le plus souvent un homme. »
Du côté des M.O.F, catégorie cuisine : sur les36 finalistes de l’édition 2011 : « une femme et une seule, Anne Ernwein, déjà (et unique membre) du bureau des Maîtres cuisiniers de France et au final sur les 11 lauréats « inutile de chercher la femme : elle a disparu entre les deux tours. »
Combien de « femmes toutes sessions confondues depuis l’instauration du concours une poignée d’années après la Grande Guerre, à porter le col tricolore : accessible à un enfant de 2 ans, ce chiffre est égal à… un ! Le « un » en question, ou la « une », plutôt, se nomme Andrée Rosier ? M.O.F 2007 » Au programme du concours, 3 plats « à mitonner en cinq heures » dont un, dont on attribue la paternité à Jacques Maximin, président du jury de cette promotion, à l’intitulé sobre « Tarte de noix de saint-jacques fraîches à la nantaise ». Pour connaître l’énoncé de l’équation à résoudre il vous suffit de lire le livre de Vanessa Postec.
Ensuite, le palmarès 2011, du Guide Rouge : 553 et 13, le Michelin dans son édition 2011, « a décerné ses étoiles à 558 hommes et 13 femmes (pour leur porter bonheur, qui sait ?) »
« Une – unique – triple étoilée (depuis 2007), Anne-Sophie Pic »link
« Dans la catégorie deux étoiles, mesdames passez votre chemin, le compte est vite fait, il n’y en a pas. »
Les simples étoilées :
- Andrée Rosier « Les Rosiers » Biarritz link
- Josy Bandecchi, Josy-Jo à Cagnes sur Mer link
- Sophie Bise, auberge du Père-Bise à Talloires link
- Chantal Chagny Le Cep à Fleurie link
- Hélène Darroze restaurant éponyme à Paris link
- Lydia Egloff, La Bonne Auberge à Stiring-Wendel link
- Nicole Fagegaltier hôtel-restaurant du Vieux Pont à Belcastel link
- Adeline Grattard Yam’Tcha à Paris link
- Marie-Christine Klopp La Flamiche à Royelink
- Babette Lefèvre La Cambuse à Strasbourg link
- Marie Rougier La Tour des Vents à Montbazillac link
- Reine Sammut Auberge La fenière à Lourmarin link
Reste « les faiseurs de goûts, plumitifs de tout poil, critiques et journalistes gastronomiques. »
Alors que du côté des anglo-saxon on n’ostracise pas les femmes, « on aura du mal, en France, à trouver suffisamment de représentantes du beau sexe pour monter une doublette de pétanque. »
« À côté des directeurs du Michelin, du Gault & Millau et d’autres célébrités gastronomiques hexagonales on trouve, pêle-mêle, des chroniqueurs, des critiques et des journalistes qui font la pluie, le beau temps, le marché et les saisons dans la presse, quand ils ne donnent pas, en toute simplicité, leur nom à un guide.
Nous citerons donc, pour mémoire, mais sans pour autant viser l’exhaustivité (que les oubliés nous pardonnent, l’oubli est involontaire !), Claude Lebey, Gilles Pudlowski, arc de Champérard ? Maurice Beaudouin, Périco Légasse, Jean-Luc Petitrenaud, Luc Dubanchet, Jean-Claude Ribaud, François-Régis Gaudry, Jean-Pierre Coffe, et in fine, gardé pour la bonne bouche, l’élément féminin de l’étape, Julie Andrieu. »
La discrimination positive, les quotas, j’ai toujours eu du mal avec la réforme des mœurs par décret. Comme Vanessa Postec je pense que « pour bousculer les clichés et faire évoluer les mentalités » c’est au niveau de la cellule de base, le référent de toute société, la famille et le couple, que tout se passera. Et là ça bouge quand même un peu.
Dernière notation, toute personnelle, au cours des 9 derniers mois j’ai eu, au cabinet de l’ancien Ministre, une conseillère technique, comme « patronne » pour faire court, c’est à elle que j’adressais mes notes pour faire le point sur ma mission. Maintenant qu’il y a prescription je peux écrire sans flagornerie qu’il y avait fort longtemps que je n’avais travaillé en aussi bonne intelligence avec quelqu’un… Les bonnes personnes au bon endroit, et les femmes de haute compétence sont légion en notre beau pays. J’ai croisé tellement, de jeunes ou de moins jeunes, messieurs suffisants dans ma carrière que c’est un bonheur que de se retrouver face à quelqu’un (ici une) qui ne se prend pas pour le nombril de l’univers en dépit de son passage dans une grande Ecole de la République. Un de ces 4 je dresserai un palmarès de cette engeance de petits mâles, sûr d’eux et dominateurs, dont je croise encore certains spécimens dans les couloirs de notre immeuble commun.