Je rentre de Chartres je n’y suis pas allé à pied en pèlerinage mais en TER : c’était pour mes vaches de Normandie. Bon je sais, Chartres c’est la Beauce mais, tout près, à Aunneau, il y a une usine flambant neuve qui fabrique des produits ultra-frais. Bref, le train à l’aller comme au retour était totalement scolaire donc MP3 incorporé, ongles carminés pour les filles, jean taille basse basket pour les petits mâles avec MP3 incorporé.
Hier au soir j’ai lu, par hasard, deux PQ sur le Net qui, en d’autres temps auraient provoqué chez moi une réponse cinglante : l’un émanait d’un branleur à capuche dans ses vignes et l’autre d’un gandin sans envergure ni intérêt. Donc, hier au soir j’ai fait musique avec Juarez de We are Augustines, en boucle pour me laver la tête d’une colère inutile. Ça m’a fait un bien fou et je me suis dit dans ma petite Trabant intérieure – c’est du Dovaz s’adressant à une dégustatrice estimant que nous allons vivre maintenant sous le joug du socialisme : une Trabant t’attend à la sortie – que j’étions point devenu un sage mais que mon espace de liberté m’offrait une respiration à nulle autre pareille grâce à des amis plutôt e que pileux.
La saillie de Dovaz au Pavillon Gabriel où les Vins d’Alsace s’offraient à nos papilles me donne une transition rêvée. En insert, je signale que la Trabant était la bagnole quasi-unique de la RDA où sévissait une certaine STASI qui adorait se présenter à l’heure du laitier chez les particuliers. Lundi, bravant les seaux d’eau du ciel, ne pas confondre avec le sot d’eau Chabalier, je rejoignais Eva ma chroniqueuse favorite à la dégustation susdite. Avoir un tel chaperon, qui n’était pas rouge mais totalement vêtue de noir, était pour votre Taulier inexpérimenté d’un grand réconfort. Elle guida donc mes pas, entre autre, vers Jean-Louis Mann, vigneron avenant et passionné, qui nous fit déguster son Sylvaner 2010 Vieilles Vignes AOC Alsace.
Superbe, droit, d’une fraîcheur sans pareille, un blanc comme je les aime, vif mais sans angle aigu, charnel au sens le plus tendre : l’envie de caresser plutôt que de prendre, apprécier, se laisser aller sans précipitation. Scotché le Taulier, d’autant plus accroché que ce vigneron respire la même rectitude que son vin. Nous avons beaucoup échangé, y compris dans un lieu où le Général de Gaulle délivra à Pompidou, à l’entracte d'une pièce de théâtre, un de ses traits dont les militaires ont le secret. Comme je n’ai guère de temps, je vous livre ce que Jean-Louis Mann confiait à l’Avis du Vin. (il pratique maintenant la biodynamie). Même si je n'ai pas eu le plaisir de la rencontrer il y a aussi Fabienne Mann, et leur fils est maintenant aux manettes de la vinification du domaine : savoir faire confiance, laisser des responsabilités, les secrets de la transmission.
« Le domaine est situé à Eguisheim berceau du vignoble alsacien, très beau village médiéval. Nous sommes une exploitation familiale et vinifions environ 8,7 hectares de vignes en culture biologique. Les techniques utilisées sont les labours, l’enherbement, le compostage, en proscrivant tout intrant chimique. Nous sommes attachés à des valeurs de respect du terroir, d’un meilleur fonctionnement du sol et favorisons l’enracinement de la vigne en profondeur, grâce au bon fonctionnement du système microbien et bactérien. Le rendement moyen de l’exploitation est d’environ 45 hectolitres par hectare. Les vinifications sont réalisées de façon très précise où nous recherchons finesse, élégance et pureté des vins en limitant un maximum la trituration : vendange manuelle en caissettes, pressurage long. Mais aussi grâce à des fermentations naturelles : fermentation en levures indigènes du terroir (qui apportent complexité et personnalité). Le parcellaire est très dispatché une trentaine de parcelles différentes sur 4 villages (Eguisheim, Wettolsheim, Herllisheim, Ingersheim). Notre carte des vins est très large avec une trentaine de vins différents, nous sommes spécialisés dans les vins de terroir »
Pour la musique je vous propose d’écouter d’abord Juarez de We Are Augustines et tout l’album si ça vous chante. Ils sont passés le 13 mai au Nouveau Casino à Paris.
« Nés des cendres du groupe Pela, We Are Augustines sortent enfin leur premier album, Rise Ye Sunken Ships en France.
Grâce à une musique aérienne, à des guitares accrocheuses et à la voix chaude et entraînante de Billy McMarthy, les We Are Augustines sont devenus en quelques mois la nouvelle sensation indépdu moment. »
Bonne écoute et à demain sur mes lignes.