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20 juin 2013 4 20 /06 /juin /2013 00:09

Mon premier Vinexpo date de l’édition 1985,  comme mon Ministre Michel Rocard avait eu la bonne idée de démissionner dans la nuit du 3 au 4 avril 1985 pour des raisons très rocardiennes – je m’en souviens très bien, il rentrait de dîner chez Marc Riboud, le célèbre photographe, et ça m’avait valu de me faire réveiller par mon directeur de cabinet aux alentours de 2 heures du matin – j’avais récolté Henri Nallet alors conseiller à la Présidence de la République. Donc l’Henri, que je connaissais fort bien, était dans ses petits souliers pour aller inaugurer Vinexpo avec le maire de Bordeaux, Jacques Chaban-Delmas. Lui le natif de Bergerac, diplômé en sciences politiques et droit public à l'Institut d'Études Politiques de Bordeaux, se sentait petit garçon face à l’encore leste Chaban. Inauguration au pas de charge, serrage de louches et embrassades à tout va, « comment va le petit ? », prénoms à la volée, le maire de Bordeaux était bien le grand connétable d’Aquitaine. Par bonheur, le président de Vinexpo, le très courtois Jean-Paul Jauffret alors en charge de Dourthe-Kressmann, tenait notre Henri sous son aile en lui distillant tout sur les uns et sur les autres. Le déjeuner à la mairie fut aussi un grand moment. Bref, moi je suivais en m’entretenant avec la cohorte des journalistes qui accompagnait le cortège sans les bousculades que l'on connaît de nos jours.


Et puis, il y eut le Vinexpo de 2001 où le mercredi 20 juin 2001 je couchais la première phrase de mon rapport : « de retour d’une journée entière passée à arpenter les allées de Vinexpo…


L’Australie, la Nouvelle-Zélande, les USA, le Chili, l’Argentine, l’Afrique du Sud, la déferlante des vins du Nouveau Monde va-t-elle naufrager la viticulture du Vieux Continent. À Vinexpo, à en croire certains, la France vinicole, sûre d’elle et dominatrice, en serait la première victime. Déjà, sur le marché anglais, face à la coalition des pays du Nouveau Monde conduite par les australiens, sa part de marché s’effrite inexorablement.


Alors faut-il, comme le préconisent certains, nous délester de notre réglementation contraignante, faire des vins à la carte pour plaire aux nouveaux consommateurs, entrer de plain-pied dans l’univers impitoyable des marques mondiales, gérer notre viticulture pour qu’elle devienne pourvoyeuse d’une matière première standard pour wineries ?


Poser le problème en ces termes est le meilleur moyen d’éviter d’aborder les vrais problèmes de notre viticulture, et bien évidemment de s’atteler à la recherche des solutions. Pour ma part je crois que nous sommes en train de récolter ce que nous avons semé, nos échecs à l’exportation trouvent principalement leur source dans un manque de rigueur.


En effet, depuis toujours nous sommes, et nous restons encore, la référence dans le domaine du vin. Une telle position, doublée de celle de leader mondial sur le marché des vins et spiritueux, nous oblige à maintenir notre niveau d’excellence sur tous les segments du marché du vin.


Sous les grandes ombrelles que sont nos appellations d’origine contrôlée, surtout sous celles qui jouissent de la plus grande notoriété, s’abritent des vins moyens voire indignes de l’appellation. Succès aidant ou pression d’une demande momentanée une grande part de nos vins de pays, petits nouveaux dans la cour, se sont laissés aller, comme certains de leurs grands frères AOC, à confondre rendement administré, moyenne arithmétique, et qualité du produit. On optimisait la déclaration de récolte. Nous étions sur notre petit nuage, grisés, insoucieux telle la cigale de la fable, alors qu’il eût fallu capitaliser les dividendes de cette embellie en investissements commerciaux, en un pilotage fin de chacun de nos vignobles – quel que soit son statut juridique, sa notoriété – par les metteurs en marché. »link 


Rassurez-vous je ne vais pas passer en revue toutes les éditions de Vinexpo où je suis allé, un beau paquet, ce serait lassant et sans grand intérêt. J’applique le même traitement à la dernière édition, celle de 2013, pour la bonne et simple raison que, si j’en crois la communication de l’omniprésent directeur de Vinexpo, fort bien relayé par mes excellents confrères de la presse, assez peu enclin à toute forme de critique et plutôt adepte du décalque des communiqués officiels, tout va pour le mieux dans les cieux sans nuage de Vinexpo. Tout est sous contrôle, les flux sont bons, les blogueurs sont contents, la Chine se déploie partout et en tout lieu, on cause, on déguste, et que sais-je encore ? Les réseaux sociaux s’en donnent à cœur joie et le soir chacun peut mesurer son aura à l’aune de la hauteur de son invitation au château. Prière de consulter les classements et les prix de sortie des Primeurs SVP. Alors, évoquer les splendeurs du passé, l’alignement des tentes du bord du lac, tous les grands présents, serait faire preuve d’un bien mauvais esprit très mal venu et d’un défaitisme proche du déclinisme. Le monde change, les équilibres bougent, mais rassurez-vous bonnes gens Vinexpo imperturbable maintient son cap de vaisseau amiral avec son petit côté pagaille du côté du plan de circulation extérieur concocté par des pervers. Ce doit-être pour cela qu’il se délocalise. Je plaisante bien sûr.


Donc dimanche je suis allé arpenter les allées de Vinexpo après avoir petit-déjeuner dans le magnifique parc du château Siaurac. www.baronneguichard.com


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Ensuite, conduit par mon chauffeur sans casquette, cap sur Bordeaux-Lac ! L’idée me vient de me faire déposer au pied de la passerelle qui traverse le lac pour entrer dans le hall 1 de Vinexpo. Impossible, il nous faut faire demi-tour et nous manquons nous encalminer dans le réseau ferré du prolongement de la ligne de tram. Les abords sont toujours aussi bien entretenus dans le genre zone en semi-abandon. Tient, ils ont pourvu le parking d’abris coiffés de panneaux solaires, ça va plaire à nos clients chinois. Nous empruntons le génial plan de circulation et enfin François me pose à quelques encablures d’une porte pour que je puisse me rendre pédestrement dans le temple du vin. Ce que je fais mais à mon grand étonnement je pénètre par les coulisses sans subir l’apposition du badge qui me ferait entrer dans les statistiques officielles. Peu m’importe je ne vais pas ressortir pour re-rentrer badgé. Je commence mon périple qui consiste essentiellement à aller saluer et faire un brin de causette avec ceux qui tiennent buvette, pardon qui exposent. Mon Vinexpo est politique, j’assume et je hume. Mon ego est bien sûr flatté, mes chevilles enflent, pourtant j’évite de justesse de me casser le nez sur le cortège officiel en voie d’inauguration dans des allées peu peuplées. Jamais le dimanche ! Quand sonne l’heure du départ je repars en car pour sauter dans le tram qui m’amène à la gare. Je prends le TGV de Paris qui me dépose à Libourne après 30 mn de trajet. François est là et nous repartons au village. La suite de la soirée est sur Face de Bouc. link



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Reste le mystère des suites données à mon appel à vélo pour aller à Vinexpo ?

 

Il y en eu des suites bien sûr, des propositions, mais l’obligeance de mon ami François des Ligneris m’a fait opter pour une conduite en voiture de maître ce qui fut bien agréable. Cependant je vous dois quelques explications à propos du vélo. Je vous les livre

 

« Mon goût pour le vélo, le vélo urbain bien sûr, est ancien. Nos voisins du Nord de l’Europe le pratiquent massivement alors que chez nous le cycliste urbain est un intrus sur la chaussée. Je concède que, depuis l’irruption des Vélib en ville, le comportement de beaucoup de cyclistes s’apparente à celui des automobilistes et que la cohabitation est difficile y compris avec les piétons puisque certains prennent le trottoir pour une piste cyclable. Pourquoi s’en étonner, l’espace urbain est à l’image de l’état de notre société : une foire d’empoigne entre individus sûrs d’eux, prédateurs et incivils.

 

Et pourtant, en ville, le vélo est le moyen le plus écolo pour se déplacer rapidement car il n’utilise que notre seule force motrice pour avancer. Il est peu encombrant, silencieux, facile à utiliser et à garer en des lieux prévus à cet effet. Sa dangerosité est faible, ce sont ses voisins à moteur qui rendent sa pratique risquée. Bref, hormis les intempéries, la pluie surtout, le vélo en ville est un merveilleux instrument de liberté et de découverte. »


Mais votre Taulier jamais en reste de défi, si Dieu lui prête vie, vous promet de rallier le chœur de Vinexpo 2015 sur un vélo tout en bois pour vaincre la langue du même tonneau ! 


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« Des roues à la selle et des rayons au guidon, tout, excepté les pneus, est en bois. Jan Gunneweg a réalisé un vélo, son moyen de transport favori, à partir de sa matière fétiche. Le vélo, entièrement réalisé à la main est un vrai travail d’orfèvre, un travail de menuiserie qui a demandé près de 200 heures de travail à lui tout seul. Une vraie performance où le designer hollandais est arrivé au sommet de son art. 95% de la structure de l’engin relève de la menuiserie. En revanche, Gunneweg n’a dévoilé aucune caractéristique de son oeuvre, tant sur le poids que sur le type de bois utilisé. Malgré tout, ce vélo en bois reste une prouesse unique en son genre qui n’a, bien sûr, pas de prix. »

 

En voici quelques beaux spécimens : link et link et link et link


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commentaires

D
<br /> J'aime bien la photo du Dictador, avec les femmes aux casquettes!<br /> Ton article est vraiment complet, j'aime bien tes anecdotes sur le VinExpo, les explications sur les vins du Nouveau Monde et ton final sur les vélos en bois.<br /> Merci pour cet article!<br />
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A
<br /> Dictator, c'est le vin de Sacha Baron Cohen non ? <br />
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