Une, de source sûre, une voix autorisée, comme on dit au Quai d’Orsay où votre « Pierre » est passé au temps où il était aux Affaires Européennes, m’a soufflé que vous rêviez d’une autre vie et que vous veniez d'acheter un caveau au cimetière d'Auxerre. C'est là que vous, Safia Otokoré, « née en octobre 1969 à même le sol d'un bidonville de Djibouti, fille de réfugiés somaliens de la tribu Issaq.. » voulez être enterrée. « Au cœur du vignoble français », celui que « vous arpentez presque tous les dimanches en courant... »
Grâce à Laurent Binet et à son bouquin sur la campagne de notre Président je sais que vous n’aimez guère vous lever tôt et que le « Pierre » devait, comme disait mémé Marie, vous furgailler pour les départs matinaux ou les interviewes avec croissants. Comme le « Pierre » dit que : « Safia, c'est comme si c'était moi. » et que vous, en écho, déclarez : « Pierre est le seul à n'avoir jamais tenté de me changer, à avoir accepté que mes codes ne soient pas ceux des autres; Pierre, c'est mon jumeau blanc »je me sens très à l’aise pour venir tirer la sonnette de votre bureau niché dans le bunker de Bercy.
Mais qui est donc ce Pierre sur qui nous ne bâtiront pas une Église mais sur lequel nous fondons quelques bons espoirs ?
C’est Pierre Moscovici notre nouveau Ministre de l’Économie et des Finances et ça tombe bien car Hervé Bizeul, qui l’a croisé dans une vie antérieure, lui a expédié via la Toile une lettre ouverte pour lui faire part du désarroi des TPE et en profiter pour lui faire des propositions. Mais comme la lecture des blogs de vignerons n’est pas forcément l’occupation première de votre « Pierre » et que ses conseillers aux cerveaux bien faits diront avoir d’autres chats plus importants à fouetter, je me suis dit que vous, Bourguignonne d’adoption, vous pourriez être celle par qui la lettre va arriver au dernier étage vue sur la Seine sur le bureau de votre Pierre.
Comme dans la forteresse de Bercy, bâtie à l’orée de ce qui fut le grand port pinardier de Paris on n’aime rien tant que les gros dossiers emplis de notes papiers, alors je me suis dit qu’à l’heure du déjeuner je ferais bien d’aller déposer au guichet la lettre de l’ami Hervé imprimée sur du beau papier. Je voulais y aller à vélo mais y tombait beaucoup d’eau. Comme je n’avais pas envie de prendre le métro même si j’habite au bord de la ligne 6, Saint-Jacques-Bercy c’est direct, j’y suis allé en auto.
J’me suis garé près de la porte de bronze : impressionnant !
En contrebas y’a quelqu’un qui m’ouvrait les bras : excellent présage me suis-dit.
Mais, comme je connais la maison pour y avoir rencontré autrefois un autre Pierre, Bérégovoy, et aussi un gros type avec des grosses bretelles qui fumaient des cigares, j’ai fait comme monsieur tout le monde : je me suis pointé là où on dépose les plis.
Je fus accueilli par une douanière en uniforme, souriante, qui m’a indiqué le guichet de dépôt des plis à gauche. Par bonheur je n’ai pas eu à parler dans l’hygiaphone me contentant de tendre aux préposés les 4 missives : une pour ton « Pierre », des copies pour les autres : Jérôme Cahuzac, Fleur Pellerin, et une pour toi (oui, puisque tu marches pieds nus sur la moquette de Bercy, j’ai envie de te tutoyer).
Sur les missives dont la fraîcheur a surpris le préposé au guichet, sans doute plus habitué au gris du pli administratif, il est écrit : remise en mains propres. Je compte sur toi pour qu’il en soit ainsi car ce qu’écrit notre ami Hervé c’est du lourd, du sérieux.
Pour tout te dire Safia moi je trouve que ce serait un geste fort de la part de ton Ministre – je suis sérieux – s’il prenait un peu de son précieux temps pour prendre connaissance des propositions d’Hervé, de les faire examiner par les gars et les filles de son cabinet, pour enfin le recevoir à déjeuner ou dîner pour discuter. Hervé se chargera du service du vin. Pierre Moscovici, peut aussi se déplacer à Vingrau puisqu’il est bien allé visiter et inaugurer les installations de la coopérative oléicole de Balagne (Haute-Corse) le mercredi 8 Août 2012.
Voilà moi j’ai rempli ma mission de porteur de plis et maintenant je place toutes mes espérances en toi Safia. Par avance, merci.
Après avoir rempli mon office de coursier je serais bien allé boire un verre à la buvette de l’Assemblée Nationale, ça m’aurait rappelé de vieux souvenirs, en empruntant la vedette fluviale de Pierre, amarrée au pied du bunker, mais je n’ai pas osé déranger le capitaine. En ce qui concerne la plate-forme pour hélico qu’il y a sur le toit elle n’a jamais servi car sa structure l’interdit : sacré Chemetov ! Alors je suis remonté dans ma petite auto pour refaire le chemin en sens inverse et revenu dans mon pigeonnier du boulevard Saint Jacques j’ai décidé de t’écrire cette lettre que je posterais mercredi après-midi sur la Toile.
Bon vent à toi Safia quel que soit le chemin tu prennes à l’avenir… en attendant nous comptons sur toi pour qu’au moins la voix de ceux d’en bas soit entendue.
Avec mes respects
Jacques Berthomeau
PS; C'est ce que voit Pierre Moscovici de la fenêtre de son bureau sur l'autre rive de la Seine.