Que lis-je chez l’ami Bazin, sur son blog, que Février sera chaud! Bonne nouvelle pour ceux qui trouve que le froid en hiver ce n’est pas rigolo. Je rigole, bien sûr, car c’est une chaleur d’orage qu’il pronostique l’ami de nos amis. Sa plume bien trempée dans l’insurrection m’inquiète : « Ça chauffe dur en cette fin janvier rugueuse... Et pas seulement sur le front social. La colère gronde aussi du coté de mes amis vignerons, lassés d'être soumis à ce qu'ils appellent "l'arbitraire des commissions d'agrément" et le couperet la "typicité". Et cette fois, ils montent au front. L'orage devrait éclater le 24 février prochain à Deauville, lors de la Dive Bouteille.(Couplée désormais avec le off d'Omnivore). Ouf ! Nous avons échappé à la Bastille, ses lofts, ses bars branchouilles, ses pousseurs de poussettes Mac Laren, ses macro-bios… c’est à Deauville, banlieue éloignée de Paris où des populations défavorisées migrent chaque semaine dans leurs petites bagnoles pour échapper à la pollution automobile. Moi qui fus normand d’adoption, héraut du Calvados du Pays d’Auge, je respire. Dans ce haut lieu populaire, certes proche de Caen, où officie le gourou de la philosophie populaire, Michel Onfray, vont se former les premières cohortes de gueux prêtent à monter à l’assaut de la forteresse de la rue d’Anjou (le siège de l’INAO) pour démanteler l’usine à gaz du CAC. Tailler en pièces l’hydre typicité. Mettre en déroute des « commissions d’agrément » qui n’existent plus. Ce sera le Pont d’Arcole ou rien ! Je suis rempli d’aise, moi qui modestement, lorsque Jean-Pierre Brun était en butte aux agréeurs anonymes : Lettre ouverte aux AA (agréeurs anonymes) pour le renouveau du Beaujolais, montait tout seul au créneau http://www.berthomeau.com/article-24976848.html. Sans doute ai-je mauvais esprit, étant comme chacun sait un ouvrier de la dernière heure, rien qu’un opportuniste qui ne roule que pour lui. Comme je n’ai écris que quelques broutilles sur la question l’experte en ces domaines c’est la grande-prêtresse en évènement révolutionnaire "Les commissions laissent de moins en moins de marge aux vignerons "alternatifs" (les adeptes du vin nature, ndla) raconte Sylvie Augereau qui organise l'affaire. En Beaujolais un Jean-Paul Brun vient de se faire refuser 300 hectolitres. Et ce n’est pas franchement un révolutionnaire... On a vraiment le sentiment que le rouleau compresseur est en route".
Le CAC 51 : le croskill de la qualité des vins AOC le 9 juin 2008 http://www.berthomeau.com/article-20287518.html
Alors ce samedi matin je me lâche en un petit texte volontairement de parti pris, qui ne me fera pas que des amis. Mais, que voulez-vous, je suis ainsi fait, je ne me changerai pas.
« Les combats obscurs, menés par une poignée de minoritaires, dans la salle communale, au jour le jour, pied à pied, pour convaincre le marais des indifférents, pour ébranler la mainmise de ceux qui se sont arrogés le pouvoir de les représenter, pour faire avancer ce qu’on qualifiait autrefois le bien commun, ça n’est plus de mise coco. C’est ringard. De nos jours, ce qui compte, ce sont les sunlights sous lesquels il faut se placer pour montrer au bon peuple avachi sur son canapé, face à son écran plat, des « martyrs ». Faut de l’émotion coco ! Faire pleurer Margot ! Oui mais, pour accéder au plateau, faut créer l’évènement coco. Facile, il suffit de s’adresser aux « Jeanne Hachette » dont c’est le boulot. Bien campées sur le terreau de leur fonds de commerce, elles vont t’organiser, en 2 ou 3 coups de cuillère à pot, ce qu’il faut ou il faut, pour le plus grand plaisir des bobos. Bravo ! L’important c’est moi. Je capte bien l’œil de la caméra.
Et, pendant ce temps-là, une fois la lumière des projos éteinte, les affaires continuent. Qui, en définitive, dans les lieux de pouvoir, face à ce brillant combat, troublé, ébranlé dans ses convictions, va se tourner vers ses pairs pour leur dire : « ils ont raison ! » Personne ! Bien au contraire, les gardiens du troupeau, habiles, vont se servir de ces combats paillettes pour emporter la conviction de leurs mandants. « C’est gens-là, ne sont pas des nôtres, diront-ils. Nous seuls vous défendons contre ces petits marquis qui veulent nous faire revenir au temps de nos grands-pères… » Mais, coco, me rétorquera-t-on, on n’en à rien à battre de ces « cons ». L’important c’est nous, soit la juxtaposition de je. Tu es rétro mon garçon. Ton discours sent la naphtaline. Nous ne sommes pas l’avant-garde de la « classe ouvrière » vigneronne. Nous sommes le cénacle de ceux qui détiennent la vérité. Tes combats collectifs nous n’en avons rien à cirer. Deauville c’est tout de même plus bandant que Lézignan-Corbières.
C’est le temps qui veut ça. Nous sommes à l’ère de l’externalisation : même celle des combats pour des causes justes. Je trouve ça d’une tristesse infinie et, comme je l’ai déjà écrit, elles sont loin les « riches heures » de ceux qui, collectivement, transcendant leurs différences régionales, politiques, ont contre vents et marées bâti notre système d’appellation. Comme le dit très justement Marcel Lapierre « On peut dire ce qu'on veut mais un japonais préférera toujours une bouteille de "Morgon" à un Vin de Table... » Oui, chers amis, dont j’aime les vins, c’est dans les instances locales, régionales, nationales de l’INAO, que se mène le combat, pas à Deauville. »