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21 octobre 2008 2 21 /10 /octobre /2008 00:01

L’ami Jacques Dupont Merveilleux du vignoble, dans le dernier n° du Point 1883, page 164, nous conte l’histoire des vignerons de Marsannay qui, dans les années 30, du fait de leur proximité de Dijon, préférèrent s’en tenir à leur production abondante d’un petit vin de comptoir à base de Gamay et ne pas être classés, comme la plupart des villages de la Côte, Gevrey, Morey, Nuits, Vosne… Quand, dans les années 80, ils se sont décidés à demander une appellation « villages » je les ai vus débarquer dans mon bureau de conseiller de Michel Rocard Ministre de l'Agriculture, galerie Sully, au 78 rue de Varenne, pour que je les aide à surmonter le peu d’enthousiasme, et même l’hostilité, de leurs collègues de la Côte. Leur histoire m’a fait penser aux villes qui ont refusé le chemin de fer, comme la ville de Tours qui semble être la banlieue de Saint-Pierre-des-Corps haut lieu du syndicalisme cheminot. Bref, ils étaient fort désemparés mes braves vignerons de Marsannay et, même si le grand Institut des AOC, toujours jaloux de son indépendance et cultivant la lenteur comme les nonnes la chasteté, n’allait pas me dérouler le tapis rouge, je leur promis de titiller la vieille dame. Ce que je fis via son grand président normand et son directeur plonplon de chez plonplon : Pierre Marquet. Et puis, l’alternance aidant, celle de 1986, je quittai les ors de la République pour les rivages enchanteurs du Port autonome de Gennevilliers, siège social de la SVF et principal site d’embouteillage de cette grande société.

 

Vers la fin de 1987 je crois, alors que j’occupais les fonctions de Directeur du site, le gardien me prévient par téléphone qu’un petit car, disons plutôt le genre Renault Espace, venait d’arriver à l’entrée et que des vignerons de Marsannay souhaitaient me voir. Bien évidemment je les fis entrer dans ce temple du gros rouge et les accueillis. Si mes souvenirs sont bons, la délégation emmenée par le président du Syndicat de Défense vint me remettre, en remerciements de mon engagement à leurs côtés, un carton ou deux, je ne sais plus, de la nouvelle appellation Villages. J'étais tout ému par l’extrême gentillesse de cette démarche et nous sablions le Champagne dans la salle de réunion attenante à mon bureau. René Chaymotti, l’ardent Cégétiste de la SVF, et Guinchard notre faiseur de vins participaient à la petite fête. Bien sûr, l’accession aux premiers crus était leur rêve mais ils savaient bien qu’on n’entrait pas dans le Saint des saints à la première tentative. Ce geste peu ordinaire des vignerons de Marsannay, qui avaient pris la peine de se renseigner rue de Varenne sur mon nouveau job puis s’étaient déplacés jusqu’à ce lieu improbable qu’était alors le port de Gennevilliers, pour me dire merci, reste gravé dans ma mémoire et, à chaque fois que l’on évoque les vins de Marsannay-la-Côte j’y repense avec une pointe d’émotion. Merci Jacques de m'avoir fourni matière à une chronique un peu nostalgique.

 

La zone de production est située à une dizaine de kilomètres au sud-ouest de Dijon, plus précisément à l'intérieur des communes de Chenôve, Couchey et Marsannay La Côte dans le département de la Côte d'or. Superficie en production un peu plus de 210 hectares dont un peu plus de 55 hectares servant à produire le Marsannay rosé. La délimitation compte au total 513 ha. Vinifié en blanc, en rosé et en rouge. Pour le côté dégustation je m’en remet au « meilleur nez de la République des vins » notre Jacques Dupont Merveilleux du vignoble : «  Avec des vignerons dont la fourchette d’âge se situe entre 30 et 45 ans, tous solidaires, qui dégustent souvent chez l’un ou l’autre, l’appellation a fait de gros progrès en rouge. Quant au rosé, devenu très tendance ces dernières années, il permet d’écouler la production des jeunes vignes. Les rosés représentent près de 10% de la production actuelle. Les rouges ne sont pas sans presque rappeler le fruit et la fraîcheur des Gevrey-Chambertin. » Et, pour finir, je vais vous faire un aveu, j’aurais grand plaisir à aller faire une petite virée du côté de Marsannay-la-Côte lever mon verre pour de nouveau avoir l’illusion d’être un peu pour quelque chose dans leur accession aux premiers crus.

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commentaires

P
le vignoble doit fourmiller de telles histoires : le délégué viticole de chaudefonds sur layon, dans les années 50, à l'époque où j'usais mes fonds de culotte sur les bancs de la communale à côté de son fils, avait refusé la reconnaissance de la commune en "layon villages" alors que le terroir le méritait tout à fait : "c'était un piège pour nous faire payer des taxes !". Son fils et les générations suivantes lui en veulent un peu...Mais les vignerons de Chaudefonds n'ont pas eu le bonheur (et l'initiative) d'aller à la rencontre des deux Jacques, depuis...
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M
Regnié, le dixième cru du Beaujolais, entre Mâcon et Villefranche-sur-Saône, a une histoire assez proche de celle de Marsannay. Il me semble que c'est pour des raisons politiques (les deux Jacques - B et D - vont pouvoir m'éclairer...) qu'à l'époque de la créations des premières AOC de France, les deux communes de Régnié et de Durette, unifiées en 1974, préférèrent rester simples Beaujolais (et Villages) plutôt que de rejoindre la dure et élitiste loi des crus. Tentant de réparer l'erreur première, après une bataille de 10 années, les vignerons de Régnié-Durette accédèrent enfin au titre de cru en limitant leur nom à Régnié. C'était il y a pile 20 ans. À voir sur place : la curieuse réplique en miniature de la basilique de Fourvière à Lyon avec son double clocher qui symbolise l'union des deux communes qui ne font qu'un cru.
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