En France selon la formule éculée : on n'a pas de pétrole mais on a... des gisements fiscaux&assimilés. Les esprits fertiles, autrefois de Rivoli émigrés ensuite à Bercy, ont su flairer, dans le terroir tout particulièrement, les petits gisements, ces sources minuscules qui font les grandes rivières. Ainsi sont nées les Taxes Parafiscales, monuments de l'hypocrisie à la française, ce bel argent pompé subrepticement dans la poche de milliers de producteurs pour aller alimenter des fonds divers et variés. Ainsi ont été financé les premières interprofessions : CIVDN, CIVC ou bureaux : BNIC, BNIA, BNICE... Comme les volumes étaient importants, le matelas l'était aussi, quant aux résultats sur le développement du produit : il suffit de consulter les statistiques pour constater que les résultats, hors Champagne et dans une moindre mesure Cognac ( pour ces produits ce sont les marques qui ont tiré le marché), sont en demi-teinte...
Comme du côté de Bruxelles notre para-fiscalité était un peu voyante nos têtes d'oeuf pondirent un concept encore plus élaboré : la Cotisation Volontaire Obligatoire, ou comment faire payer tout le monde en disant que tout le monde est d'accord pour le faire mais qu'il faut tout de même le gros baton de l'Etat pour que tout le monde mette la main à la poche. Je caricature à peine, et je vous assure que pour un nordique normalement constitué c'est plus difficile à comprendre que la hiérarchie de nos appellations, c'est dire. Bien, j'entends déjà certains ricaner : voila que le Berthomeau il fait du poujadisme, il flatte la base. Pour quelqu'un qui a été pendant 5 ans Président d'une Interprofession ce serait de mauvais goût et, comme je suis coquet, j'ai horreur du mauvais goût.
Ce qui est en cause ici n'est pas le principe de l'Interprofession mais à la fois la représentativité économique de ceux qui prétendent la diriger et la quasi-irresponsablité de la technostructure qui prétend la faire fonctionner. Entendons-nous bien, ma réflexion est générale, il existe des Interprofessions qui correspondent assez bien à leur objet social. En revanche, je suis stupéfait par le côté " les présidents passent les directeurs restent " de certaines et la dérive " on fait de la communication pour faire plaisir aux viticulteurs ".
Dans la mécanique actuelle des Bassins, où comme d'habitude on commence par un mécano structurel sans trop savoir qui fait quoi, en empilant les machins, si les Interprofessions étaient au coeur du débat, elles travailleraient à répondre à la seule question qui compte : comment faire en sorte de faire du vin qui se vend là où il se vend ? Mais le sujet n'est pas à l'ordre du jour car la plupart des personnes qui sont autour de la table n'ont jamais vendu une bouteille de vin. Pour gérer il faut être en prise avec la réalité sinon on se fait plaisir et nos consommateurs vont chercher leur plaisir ailleurs les bougres...