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4 octobre 2008 6 04 /10 /octobre /2008 00:08

Le journal Le Monde du 23 juillet annonçait qu’à la suite d’une expertise collective de l’INSERM (c’est le must des chercheurs en sciences humaines l’expertise collective), la première du genre, sur les jeux de hasard et d’argent, réalisée à la demande de la Direction Générale de la Santé : «  le jeu a été inscrit pour la première fois dans le plan de lutte contre les addictions 2007-2011. Le professeur de psychiatrie, Michel Lejoyeux, en préambule de cette étude pluridisciplinaire écrit : « Le chemin a été long de l’ivrognerie et du mythe du bon vivant à la naissance de l’alcoolo-dépendant. Une démarche comparable s’engage autour du jeu… » On ne saurait être plus clair, tout ça pour constater que chez certains individus le jeu est une pathologie, ce qui n’est pas nouveau mais avec l’explosion du Loto et des jeux de grattage de la Française des Jeux, les machines à sous des Casinos, le poker et les inusables paris hippiques du PMU, et l’irruption des jeux de hasard et d’argent sur Internet s’ajoutant aux jeux vidéo, c’est à une croissance exponentielle à laquelle on assiste ces dernières années. Comme diraient l’autre et les experts le disent « c’est un véritable phénomène de société » Bref, je profite de l’évènement mondial du galop : le Prix de l'Arc de Triomphe qui se courra dimanche 5 octobre à l'hippodrome de Longchamp, non pour gloser sur l’étude, mais pour vous raconter quelques souvenirs à propos de candidatures de hauts fonctionnaires à la direction du PMU.

  

Entre 1988 et 1992, au cabinet du Ministre, je détenais dans mon portefeuille le dossier des Courses. C’était ma danseuse. Nous exercions conjointement avec le Ministère du Budget, la tutelle des courses de chevaux, via le Service des Haras, et bien évidemment nous avions la haute main sur la nomination du Président du PMU. Peu de nos concitoyens savent que le PMU est un GIE, regroupant France-Galop et la SECF le trot, donc un organisme de pur droit privé. Et pourtant, via le pouvoir d’approbation du choix de son président, les tutelles se réservaient le droit d’y placer un de ces hauts serviteurs de l’Etat désireux d’arrondir ses fins de mois. Pendant tout un temps cette présidence purement honorifique, mais avec quelques avantages, fut occupé par un homme de la Cour des Comptes. Un Directeur-Général se tapait le boulot. Pour une raison que j’ai oubliée, à la suite de la réforme des courses, notre président potiche devenait PDG et bien sûr par l’odeur alléchée de brillants candidats se sont présentés.

Avant de vous relater deux de ces candidatures il est bon de rappeler que le PMU participe massivement au financement de la filière hippique (élevage et hippodromes) de notre beau pays. En 2007, le PMU a traité près de 2 Mds d'euros de paris, pour un résultat net de 727 millions d’euros réservés aux sociétés de courses, soit 80% du financement de la filière qui représente 67 000 emplois directs et 130 000 emplois indirects. La France est ainsi, avec l’Angleterre, l’une des grandes nations hippiques. L’Hexagone abrite à lui seul 50% des hippodromes européens. Avec une économie très différente du Royaume-Uni où 13 milliards d’euros sont joués sur les courses (contre 8 milliards en France), mais seulement 140 millions reviennent à la filière hippique. Je ne vais pas vous faire un cours sur les mérites du pari mutualisé par rapport au bookmaking car je ne suis pas sûr que vous y trouviez un grand profit intellectuel mais vous dire qu’au cours de cette période nous avons tenu notre rang sur ce dossier qui était suivi par un polytechnicien IGREF de grande qualité, François Clos. Deux détails un peu rigolos, l’argent des courses finançait entre autre le Fonds d’adduction d’eau des communes rurales et lorsque j’évoquais dans les dîners en ville le dossier des courses je sentais, chez beaucoup de mes interlocuteurs, une certaine gène, le pari sent un peu le soufre dans notre pays de tradition catholique.

Ce fumet soufré, injustifi,é car les paris en France sont sous contrôle, ne rebuta point les candidats issus des grands corps de l’Etat. Je ne vais pas ici vous en dresser la liste mais évoquer un candidat malheureux et un heureux élu. Le premier, connaissait la rue de Varenne, puisqu’il avait été le directeur du cabinet de François Guillaume auquel nous venions de succéder. L’homme par ailleurs avait été avant d’occuper cette fonction directeur-général du grand groupe laitier normand : l’ULN. Son nom, il y a quelques temps n’aurait pas dit grand-chose à beaucoup d’entre vous mais, depuis l’affaire de l’UINM qui a défrayé la chronique, Denis Gautier-Sauvagnac, est une tête d’affiche. Bref, quelques temps après notre arrivée, le cher homme me demandait rendez-vous. La passation de pouvoirs, lors de l’alternance, s’était déroulée dans de bonnes conditions. Je le reçus donc avec plaisir. L’homme portait beau. Il me fit un charmant numéro sur sa quasi-prédestination pour ce poste de président, la plaine de Caen berceau des trotteurs, son passage au SGCI pour les difficiles dossiers européens, son entregent, j’en passe et des meilleures. Je l’écoutai très poliment en l’incitant à solliciter la grande maison de Bercy. Il eut un sourire entendu. Il reprit sa canne et son chapeau – il n’avait ni canne, ni chapeau, mais il m’avait déclaré d’entrée : « j’ai pris ma canne et mon chapeau pour venir solliciter votre appui… » - en me remerciant de mon accueil. Je le reconduisis jusqu’au perron. C’est une tradition entre anciens locataires du poste de directeur du cabinet (je n’étais qu’adjoint) que de le faire. J’appris ensuite que notre grand spécialiste de l’agriculture, des vaches et des chevaux venait d’intégrer une vieille maison où l’on s’occupait de métaux, d’autos et de locos : l’UINM.

 Le second candidat avait l’appui de Bercy. Ancien secrétaire d’Etat à la Sécurité Sociale sous Raymond Barre, ses chers collègues du cabinet du Ministre, inspecteurs des Finances comme lui, souhaitaient le recaser. Nous les péquenots de la rue de Varenne nous n’avions rien contre mais nous souhaitions, avant d’accorder la bénédiction de notre Ministre, le rencontrer. Nous nous y mîmes à deux avec Jean Nestor le directeur. Jean Farge se fit se jour-là humble ce qui du être pour lui un réel supplice. Dans mon souvenir je n’ai retenu que deux choses : il portait des mocassins gris perle ridicules et il faisait référence en permanence à son collègue de l’Inspection Jacques Calvet alors président du groupe automobile PSA. Le premier détail doit vous paraître futile j’en conviens mais ce cher homme, caricature de l’arrogance et de la suffisance de certains hauts fonctionnaires, me parut de suite aussi déplacé que ses grôles dans son exercice de séduction pour nous convaincre que le PMU était sa tasse de thé. Pour la référence à Calvet, ce n’était plus des mocassins mais des gros sabots que ce monsieur utilisait : les émoluments qu’il revendiquait nous laissèrent pantois. L’homme aimait la galette plus que les chevaux. Je ne citerai pas le chiffre car ce serait inélégant mais je puis vous dire que nous nous fendîmes d’une belle lettre au sieur Charasse pour lui demander des explications. Courrier qui ne reçut aucune réponse bien sûr. Jean Farge fut nommé Président du PMU. Nous nous inclinâmes face aux arguments des gens du Budget qui tiennent les cordons de la bourse de l’Etat. L’homme truffa ses discours de citations latines. S’enlisa dans la réforme de l’Informatique du PMU et, je cite son successeur Bertrand Bélinguier : " il y a onze ans, le PMU connaissait des difficultés, les sociétés de courses ont voulu que le PMU soit géré comme une entreprise..." J'ai toujours trouvé le sieur Farge déplacé, prétentieux, suffisant et ridicule mais mon opinion n’a guère d’importance, sauf que je trouve plaisant qu’un ex-secrétaire d’Etat à la Sécurité Sociale, donc sous tutelle du Ministre de la Santé, se voit rétrospectivement rattrapé par une étude de Santé Publique…

Avant qu'on interdise le jeu, je signale aux éventuels parieurs que l'un des grands favoris de l'Arc cette année est la pouliche de 3 ans Zarkava propriété de Karim Aga Khan (chef spirituel de 15 millions de chiites ismaïliens) qui sera montée par Christophe Soumillon. Un conseil aux néophytes : ne jamais jouer un favori, s'il gagne ça ne vous rapporte que des clopinettes. Jouez les grosses cotes, les outsiders... Tiens, mon cher Michel, les dirigeants deFrance Galop devraient se souvenir qu'en des temps héroïques où les sociétés de courses du galop étaient à la ramasse des gis qui avaient bien d'autres choses à faire leur donnaient de leur temps...

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