Bette Davis Eyes est une chanson écrite par Donna Weiss (en) et Jackie DeShannon et rendue populaire par l'interprétation de Kim Carnes en 1981. La chanson reste 9 semaines numéro 1 du Billboard Hot 100 et se classe numéro 1 dans plusieurs autres tops nationaux.
Après que cette chanson soit devenue un single à succès, Bette Davis a écrit des lettres à Kim Carnes et aux auteurs-compositeurs pour dire qu'elle était une fan de la chanson et les remercier de l'avoir « intégrée à l'histoire moderne ». L'une des raisons pour lesquelles l'actrice légendaire a aimé la chanson est que sa petite-fille pensait que sa grand-mère était « cool » d'avoir écrit une chanson à succès sur elle.
La voix rauque de Carnes a conduit de nombreux auditeurs à croire que Rod Stewart était le chanteur.
Aujourd’hui c’est « Ève » (1950)
Titre original « All about Ève »
Pourquoi ce film ?
Parce que c’est un des chefs d’œuvre de Mankiewicz et qu’il a bien fallut en choisir un pour illustrer son talent.
Quelle est l’histoire ?
À son début le film nous fait assister à la remise d’un grand prix d’interprétation type « Molière pour l’ensemble de son œuvre» à Ève Harrington. Dans la salle Margo Channing, ancienne lauréate déchue n’applaudit pas. Commence alors un flashback * qui nous montre la soirée où c’était Margo Channing qui était couronnée. Lorsqu’elle rejoint sa loge elle y trouve Ève qui lui avoue qu’elle a vue chacune des représentations de la pièce qui vaut à Margo Channing le triomphe de ce soir. La pauvre enfant émeut Margo qui la prend à son service plus ou moins comme secrétaire/dame de compagnie. Ève se montre d’abord «au petit oignons» pour sa bienfaitrice. Elle est d’une prévenance stupéfiante. Elle apporte le thé juste avant qu’il ne soit demandé et à la bonne température. Même chose pour le taxi. Ève informe Margo qu’il est en route au moment même ou Margo exprime le désir d’avoir un taxi. Peu à peu Ève, qui a su se rend indispensable, imite Margo, attitude, vêtements, diction etc. Un soir que, par malchance les circonstances empêchent Margo d’entrer en scène, Ève se propose de la remplacer. Elle connaît parfaitement le rôle pour avoir fait répéter Margo. C’est un triomphe et la carrière d’Ève s’envole éclipsant au fur et à mesure, une Margo à qui on ne propose plus de rôle.
Une fois couronnée, Ève, regagnant sa loge et y trouve une jeune admiratrice…
C’est une autre façon de raconter, avec talent cependant, cette histoire qui se passe au Kremlin ou une révolution de palais amène l’ancien dirigeant sur le départ à avertir son successeur qu’il a préparé trois enveloppes à son intention ceci, en prévision des coups durs.
Arrive un premier coup dur et le dirigeant ouvre la première enveloppe. Il y trouve une note sur laquelle il peut lire : « Dit que c’est la faute à Lénine» et tout s’arrange.
Même chose quand le mécontentement gronde à nouveau. Il ouvre la deuxième enveloppe et lit : « Dit que c’est la faute à Staline » et le calme revient.
Plus tard, arrive un troisième fort mécontentement dû à une famine qui s’annonce tant les récoltes de blés ont été mauvaises.
Il recourt à la troisième enveloppe contenant la note habituelle mais où il peut lire : «Prépare trois enveloppes»
Réalisation
Joseph L. Mankiewicz – On a presque tout dit ou au moins l’essentiel, pour se contenter de rappeler que c’est un cinéaste hors normes et surdoué. Pour le reste, on se reportera à la précédente fiche « Guêpier pour trois abeilles » 1967
Pour la petite histoire son frère, Herman « Man » est le coscénariste de « Citizen Kane » 1941avec Orson Welles lui même
* Le flashback, est une technique importée de la littérature, et employée pour la première fois au cinéma par le Français Ferdinand Zecca pour son film « Histoire d'un crime », réalisé en 1901. Il a été, par la suite, très couramment utilisé dans les films muets, Mais les producteurs s’inquiètent… On leur reproche d’interrompre le « flot narratif car le spectateur passe tout son temps à tenter de mettre de l’ordre dans les faits rapportés. Welles a trouvé la parade en faisant précéder les flashbacks de « bandes d’actualité » et/ou « des coupures de presse » relatant les faits dont il va être question dans le flashback.
Qui fait quoi ?
Bette Davis : Margo Channing
Véritable « Monstre sacré » du cinéma elle a longtemps détenu le record du plus grand nombre de nominations aux Oscars en tant que meilleure actrice (dix fois), avant d'être détrônée par Katharine Hepburn (douze fois) puis par Meryl Streep (16 fois).
Elle a obtenu deux Oscars : l’un pour « L'Intruse » 1935 d'Alfred E. Green et le second pour « L'Insoumise » 1938 de William Wyler. Elle n'a jamais réussi, malgré ses fréquentes nominations, à en décrocher un troisième, ni pour ce qui est considéré comme le rôle le plus abouti et le plus talentueux de sa carrière dans Ève de Joseph L. Mankiewicz, ni pour sa dernière grande interprétation marquante, dans « Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? » 1962 de Robert Aldrich.
Gena Rowlands, épouse de John Cassavetes et passionnée de toujours par Bette Davis :
La présente comme cela « Elle était dure, elle adorait les conflits, ils lui donnaient son énergie »
Elle même déclare à propos d’Ève : « Dès le premier tour de manivelle aucun film ne me donna autant de satisfaction… Ce fut un grand film, dirigé par un grand metteur en scène, avec une distribution idéale… Après la projection, je pus dire à Joe (Joseph Mankiewicz), qu’il m’avait ressuscitée. »
Anne Baxter: Ève Harrington
46 films pour cette actrice. En 1947, elle obtient l'Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle pour sa composition dramatique dans « Le Fil du rasoir » (1946) réalisé par Edmund Goulding. Elle est connue pour avoir été une interprète de prédilection de Joseph Mankiewicz, Jean Renoir, Orson Welles, Billy Wilder, Ernst Lubitsch, Otto Preminger, Anthony Mann, Alfred Hitchcock ou Fritz Lang. Aucune autre actrice dans l'histoire du cinéma n'aura été dirigée par autant de metteurs en scène de renom.
En 1953, elle tourne coup sur coup « La Loi du silence » d'Hitchcock où elle forme un couple émouvant avec Montgomery Clift, et « La Femme au gardénia » de Fritz Lang, deux perles du film noir.
George Sanders: Addison DeWitt
Cet acteur britannique qui a partagé sa carrière entre Angleterre et États Unis a remporté l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour sa composition de critique raffiné et sarcastique dans All About Ève de Joseph L. Mankiewicz.
Sanders, qui a si souvent incarné au cinéma les gentlemen au flegme tout britannique et à l’esprit cynique, se suicide le 25 avril 1972 en Catalogne dans sa chambre d'hôtel à pour abréger les souffrances d’une longue maladie. Il laisse ce mot pour expliquer son geste : « Je m’en vais parce que je m’ennuie. Je sens que j’ai vécu suffisamment longtemps. Je vous abandonne à vos soucis dans cette charmante fosse d’aisance. Bon courage » Cynique, vous avez dit cynique ?
Céleste Holm: Karen Richards
Surtout actrice de théâtre et/ou de télévision (Téléfilms et série).
Comme Thelma Ritter, ci-dessous elle joua également dans cet autre chef d’œuvre de Mankiewicz « Chaines conjugales » 1949
Marilyn Monroe : Miss Casswell
Remarquée par Joseph L. Mankiewicz, qui distingue en elle un « grand talent », elle est engagée par ce dernier dans « Ève » aux côtés de Bette Davis. Compte tenu du succès de ses derniers films, Marilyn négocie un contrat de sept ans avec la 20th Century Fox en décembre 1950. Cela ne l’empêcha pas d’être déçue par l’ensemble de sa carrière. Comme Ava Gardner elle est victime de « La machine à rêve » que constitue Hollywood.
Thelma Ritter : Birdie Coonan
Elle fut nominée 6 fois aux Oscars dans la catégorie meilleure actrice dans un second rôle, ce qui fait d'elle l'actrice la plus souvent nominée dans cette catégorie. Elle est notamment connue pour son rôle de Stella dans « Fenêtre sur cour » 1954, ou pour celui d'Isabelle Steers dans « Les Désaxés ».1961 de John Huston.
Elle joua également dans cet autre chef d’œuvre de Mankiewicz « Chaines conjugales » 1949
Walter Hampden : le vieil acteur
Acteur, metteur en scène, producteur et directeur de théâtre américain il s’est essentiellement consacré au théâtre avec beaucoup de succès.
Outre « L'Affaire Cicéron » 1952, Joseph L. Mankiewicz l’employa encore dans « Ève ».
Il figure également au générique de deux films à succès « Quasimodo » 1939, aux côtés de Charles Laughton et Maureen O'Hara où il tient le rôle de l’Archevêque de Paris; et celui du patriarche Oliver Larrabee dans « Sabrina » 1954, avec Humphrey Bogart, William Holden et Audrey Hepburn.
Et si pour une fois on parlait musique
Ici, il s’agit de Alfred Newman qui composa plus de 150 musiques de films et reçu 9 Oscars.
À ses débuts, il a travaillé à Broadway avec George Gershwin et Cole Porter. En 1930 il part pour Hollywood rejoindre Irving Berlin. Un moment il obtient le poste de directeur musical des studios United Artists. En 1931, il orchestre la musique écrite au piano par Charles Chaplin pour Les Lumières de la ville.
Pax
Prochainement « Été Violent »