Dans le cadre de l’école à domicile je propose à nos moutardes et lardons confinés ce petit texte de Richard Morgièvre extrait de Cimetière d’étoiles, page 245-246, chapitre La caravane.
Le ciel était blanc tel le désert de White Sands, cet immense champ de yaourt qui se perdait au Nouveau-Mexique. Là-bas, à Alamogordo, ils avaient fait péter la première bombe atomique en juillet 45. « Trinity » qu’elle s’appelait. En 61, ils avaient envoyé dans l’espace un sous-homme. Un chimpanzé moins cher qu’un chicano. En ce moment les militaires rachetaient des terres aux ranchers pour agrandir l’aérodrome de Fort Bliss, voisin d’El Paso. Un jour, il y aurait des barbelés de partout et on ne pourrait plus venir ici pour enterrer un proche un peu chiant ou une auto-stoppeuse dans les trous creusés par l’El Paso Electric Co au début des années cinquante.
La compagnie de distribution d’électricité avait programmé l’installation d’une ligne à haute-tension avant de laisser tomber. Restaient les trous de six pieds de circonférence et de profondeur. On pouvait y caser un gars assis avec un très, très gros cul. On recouvrait de yaourt et c’était terminé. Ces trous, les initiés les appelaient les « tapettes à souris ». La plupart avaient un fond en béton avec des fers à béton qui en dépassaient. Pas de fromage, d’accord, mais c’était très dangereux quand même. Surtout quand les tapettes à souris étaient plus ou moins recouvertes des virevoltants. Il leur arrivait de faire du surplace au-dessus des trous pour d’obscures raisons physiques. Il y a de ça six mois, on avait retrouvé par hasard un « dos mouillé » en train de racornir dans une des tapettes à souris. Il était tombé dedans et y était resté, un fer à béton enfilé dans la cuisse. Il était mort en tenant un virevoltant par la main – c’est ainsi qu’il était monté en enfer.
Ce texte leur permettra :
- 1- D’identifier le désert de White Sands ICI et situer la ville d’El Paso.
-
- 2- De découvrir le nom de la première bombe atomique US «Trinity » ICI
- 3- De rechercher ce qu’est à la frontière mexicaine un « dos mouillé» ICI
Depuis des décennies, des migrants discrets — que l’on appelle « wet backs » ("dos mouillés") parce qu’ils traversent à la nage le fleuve frontière Rio Bravo — entrent clandestinement aux Etats-Unis. Ils viennent surtout du Mexique et de l’Amérique centrale, fuyant la misère, toujours, et parfois aussi les guerres locales (El Salvador). Une police américaine, la célèbre Border Patrol, spécialement équipée et entraînée à la surveillance des frontières, traque sans cesse ces malheureux clandestins qui, sans cesse également, retraversent la limite qui les sépare du « pays de l’abondance ».
- 4- De découvrir ce que sont les virevoltants
Les virevoltants, des plantes qui roulent au vent ! ICI
Qui connaît ce drôle de nom et son sens ? Il désigne des plantes dont l’ensemble des parties aériennes, une fois fructifiées et desséchées, se détachent d’un bloc au ras du sol (la racine reste donc en terre) et se mettent à rouler, à culbuter en tous sens sur le sol, à rebondir de proche en proche, dès que le vent souffle. Virevoltant dérive du verbe virevolter (s’agiter en tous sens de manière légère) lui-même issu d’un verbe désuet virevouster qui signifiait, pour un cavalier, tourner autour de son cheval pour essayer de l’enfourcher. Les américains les appellent les tumbleweeds (les herbes qui roulent) et elles restent étroitement associées aux rues désertes des cités fantômes du far West, battues par le vent, et où elles se bousculent en tous sens.. image récurrente des westerns spaghettis !