Cette chronique de WE devrait satisfaire PAX pour 3 raisons, il est architecte, il adore Bernard Arnault, et elle ne lui prendra pas la tête.
À mon arrivée à Paris nous logions rue Mazarine, il me suffisait de traverser le Pont-Neuf pour aller marauder à la Samaritaine, et pour sûr qu’on trouvait de tout à la Samaritaine, même des liquettes de pépé.
« Une casquette à rabats et le caleçon et la liquette en flanelle… J’étais resapé magnifique! » L.F.Céline, Mort à crédit, 1936.
C’était bon enfant, un peu foutraque, mais le lieu était superbe : grand escalier Art Nouveau, magnifiques décors, céramiques, lucarnes, décors composites des poteaux, élégantes marquises, l’atrium, le dôme, les stores éternels, la spectaculaire verrière de 1000 m2 qui affichait en majesté son paon emblématique, les dalles de verre, les laves émaillées, les bronzes, les stucs, les peintures, les frises, les dorures… il m’arrivait de me perdre car il y avait 4 magasins.
L'art nouveau au début du siècle et l'art Déco dans les années 1930.
La Samaritaine est fondée en 1869 par Ernest Cognacq (1839-1928) et son épouse Marie-Louise Jaÿ (1838-1925), à la place de l’ancienne Pompe à eau de la Samaritaine située sur le pont Neuf dont l'existence remontait à Henri IV qui alimentait Paris. Parti d’un petit commerce, le magasin prospère. S’inspirant du modèle du Bon Marché, le couple Cognacq-Jay ouvre en 1900 les Grands Magasins de la Samaritaine. Chaque rayon est géré par un véritable petit patron autonome. Cette immense boutique invente et adapte des techniques commerciales nouvelles. Marchandage banni, organisation des lieux en rayons, possibilité de manipuler les articles puis crédit à la consommation et même vente à distance…
La Samaritaine était le grand magasin parisien le plus important en surface de vente avec ses 48 000 m2, devançant de peu les Galeries Lafayette et Le Printemps. Son slogan publicitaire, appuyé d’une importante campagne publicitaire dans les années 1960, est resté dans la mémoire collective des Parisiens : « On trouve tout à la Samaritaine ».
Et la formule “prend”. Les recettes passent de 840.000 francs en 1874 à 1,9 million en 1877 puis 6 millions en 1882, 17 millions en 1888, 25 millions en 1890 et 40 millions en 1895. En 1925, elles dépassent le milliard de francs.
Avec le succès de l’entreprise, des pâtés de maison entiers sont rachetés. Au fil de ses agrandissements, la Samaritaine compte en tout quatre bâtiments numérotés de 1 à 4. C’est le plus vaste des grands magasins parisiens.
Le magasin n° 2 est le plus vaste et le plus intéressant. La partie la plus ancienne occupe le périmètre situé entre la rue de la Monnaie, la rue Baillet, la rue de l’Arbre-Sec et la rue des Prêtres Saint-Germain-L’auxerrois. Cette partie est construite entre 1903 et 1907 par l’architecte Frantz Jourdain. Sa décoration extérieure, dans l'esprit de l'Art nouveau, fut confiée au décorateur Francis Jourdain (fils de l'architecte), au peintre Eugène Grasset, au ferronnier Édouard Schenck et au céramiste Alexandre Bigot.
Un vaste hall est entouré de six étages de galeries et coiffé par une verrière. Les splendides escaliers Art nouveau relient les niveaux. Frantz Jourdain emploie du fer pour la structure métallique. Séduit par le style Art nouveau, il fait habiller les façades d’ornements polychromes : enseignes en mosaïques, frise de motifs floraux aux tonalités jaunes et vertes, laves émaillées fleuries sur fonds orangés.
En 1925, Frantz Jourdain s’associe à l’architecte Henri Sauvage pour concevoir une extension du magasin n° 2 : la façade est tournée vers la Seine sur le quai du Louvre et présente balcons et étages à gradins. L’enseigne "SAMARITAINE" se lit sur le toit. Cette partie Art déco est constituée d’une charpente métallique habillée de pierre. À la demande de la commission esthétique de la Ville de Paris qui ne voulait pas d'éléments métalliques à proximité du Louvre, la charpente en acier fut alors habillée d'une pierre de couleur crème.
Le magasin n° 1, en triangle très étiré, est situé sur la parcelle située entre la rue de la Monnaie, la rue du Pont-Neuf et la rue de Rivoli. Sa façade sur la rue de Rivoli est la plus pittoresque. Datant de 1912, elle présente un décor Art nouveau semblable à celui du magasin n° 2.
Le magasin n° 3 est situé sur la parcelle entre la rue de Rivoli, la rue du Pont-Neuf et la rue Boucher. Réalisé en 1932 par Frantz Jourdain et Henri Sauvage, il reprend de manière plus épurée l’ornementation et les formes géométriques de l’extension du magasin n° 2, dans un style Art déco. Il est réalisé en six mois grâce à une technique de préfabrication. A l’extérieur, des plaques de marbre rosé masquent la charpente métallique.
Le magasin n° 4 est le moins intéressant d’un point de vue architectural. Occupant le périmètre entre la rue de Rivoli, la rue de la Monnaie, la rue de l’Arbre Sec et la rue Baillet, il est constitué d’une succession de façades d’immeubles anciens, dont les volumes sont réunis. Il a été en grande partie rasé dans l’attente de la reconversion de la Samaritaine.
Après la disparition des époux Cognacq-Jay, qui créent une fondation caritative à leur nom, leur petit-neveu Gabriel prend les commandes de la Samaritaine, suivi de la famille Renand après la seconde Guerre mondiale. La formule “on trouve tout à la Samaritaine” sacre de nouvelles années fastes.
Le déplacement des Halles à Rungis lui aurait porté un coup en réduisant fortement l’activité au centre de Paris pendant un temps.
Le chiffre d’affaires de la Samaritaine décline de 6% entre 1990 et 1999 pour atteindre 300 millions de francs en 2000, alors que les autres grands magasins parisien au contraire voient leur chiffre d’affaires progresser de 9% au cours de cette période, note l’Atelier parisien d’urbanisme dans une enquête datant de 2007. Un tiers des effectifs sont réduits. Le magasin 3 est loué à Etam en 1998.
En 2001, LVMH déjà propriétaire du Bon Marché, investit 230 millions d’euros et en acquiert la majorité. Deux autres magasins sont loués à Kenzo et Séphora ainsi qu’à Zara. En juin 2005, la direction décide de fermer les lieux suite à un avis préfectoral pointant du doigt la vétusté des lieux et des risques en cas d’incendie.
Au moment de la fermeture, plus de 1400 personnes travaillent à la Samaritaine. Entre 10.000 à 20.000 clients viennent tous les jours, un peu plus de la moitié sont des Parisiens. La part des touristes (12%) est moins élevée que dans les autres grands magasins, toujours d’après l’Apur qui note: « il s’agissait d’une clientèle moins aisée que celle des autres grands magasins. »
Et puis, BERNARD ARNAULT, sur son beau Cheval Blanc, déclara :
« Je suis heureux et fier que La Samaritaine, à laquelle les Parisiens ont toujours été très attachés, retrouve sa beauté et son rayonnement... Je crois pouvoir dire aujourd’hui que La Samaritaine de demain sera plus belle que jamais, retrouvant toute sa place au centre de Paris ».
La Com. carbure pour l’ouverture en avril :
Un hôtel Cheval Blanc Paris un hôtel, qualifié de « plus bel hôtel urbain du monde », de 26 chambres et 46 suites, un hôtel pensé comme une maison une très grande maison, chef d’oeuvre de l’Art Déco, qui cachera en ses murs un… appartement de 1000 m2 avec piscine privé, un spa, un restaurant gastronomique confié au chef Arnaud Donckele et au chef pâtissier Maxime Frédéric et d’autres offres gastronomiques entre le rez de-chaussée et les terrasses du 7è étage.15 000 m2 de bureaux. 96 logements sociaux confiés à Paris Habitat. Une crèche de 80 berceaux «Les petites canailles».
LA SAMARITAINE PARIS PONT-NEUF 2020 – » ON TROUVE(RA) TOUT À LA SAMARITAINE » – OUVERTURE ATTENDUE AU PRINTEMPS ICI
Vous comprendrez que je n’y mettrai pas les pieds.
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