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28 février 2020 5 28 /02 /février /2020 06:00

 

Il était une fois un gars baguenaudant dans les travées des Anonymes, pas les AA, alcooliques anonymes, mais les anonymes érecteurs de vins poilus qui puent à l’attention de chevelus et de barbus, à Angers, au lieu de continuer de licher, laissant en plan ma dégustatrice patentée, je me suis arrêté au rayon des livres.

 

La corne de vache et le microscope - Christelle PINEAU

 

L’air dégagé de celui à qui on ne la fait pas, je feuilletais la corne de vache et le microscope de Christelle Pineau, en indiquant à la jeune femme assise derrière la table que ça dépassait largement ma comprenoire. La dite jeune femme afficha un large sourire en me répondant « monsieur Berthomeau, Christelle Pineau, l’auteur… » Mon Dieu que j’avais l’air couillon, je balbutiai des banalités, indiquai que j’avais lu son interview au LeRouge&le Blanc, que j’allais acheter son livre. « Vous souhaitez une dédicace ? » Je répondais oui mais à l’attention de … »

 

De retour à la maison, perdu face à une montagne de livres je repoussais chaque jour le moment de me jeter dans cet ouvrage savant.

 

Me contenter de la 4e de couverture ne serait pas convenable.

 

La corne de vache et le microscope

Le vin « nature », entre sciences, croyances et radicalités

Christelle PINEAU

 

Dans les années 1980, des vignerons en dissidence avec le modèle vitivinicole productiviste et l’utilisation de produits chimiques de synthèse ont transformé leurs pratiques pour devenir des vignerons « nature ». Très implanté en France, ce réseau ne cesse depuis d’engendrer de nouveaux adeptes.

 

Cette nouvelle paysannerie militante et hétérogène fonde son identité commune sur le respect des sols, du milieu, privilégiant les actions de prévention dans le but de tendre vers une autonomie du végétal et des vins. Chaque étape nécessite un investissement total de ces « vignerons-chercheurs » qui peuvent avoir recours à la biodynamie (compost fait à partir de bouse de vache introduite dans des cornes par exemple) et/ou à la microbiologie (observation des levures indigènes au microscope). Par-delà les frontières des savoirs renvoyés soit dans les catégories du sensible ou de l’ésotérisme, soit de l’intelligible ou de la raison, ils tissent des liens.

 

Phénomène de société éphémère pour les uns, point de départ vers une redéfinition des façons de faire et de boire du vin pour les autres, les vins « nature » s’invitent dans les débats sur l’écologie et la santé publique. Entre attraction et répulsion, ils provoquent des réactions contrastées, rarement neutres ou pondérées.

 

Partie dans les vignobles de France où se concentrent majoritairement ces vignerons (Anjou, Ardèche, Beaujolais, Jura, Minervois, etc.), Christelle Pineau a cherché à comprendre les motivations profondes de leurs choix radicaux et exigeants qui les conduisent à élaborer ces vins si singuliers et pluriels.

 

Dans Revue Projet 2019/3 (N° 370), pages 92 à 93

 

S’il y a des vins « nature », c’est que d’autres ne le sont pas ! Le vin « nature » dérange parce que son existence révèle en miroir la réalité des vins d’aujourd’hui. Sulfites, acide ascorbique, acide métatartrique, crospovidone... le vin ne contient pas que du vin. Pourtant, les additifs ont montré leurs limites pour la santé comme pour l’environnement. Christelle Pineau part sur la route des vignes dissidentes, celles qui ne figurent pas parmi les débouchés de l’industrie des produits chimiques. Dans son sac, une pelote de questions, qu’elle va dérouler au fil de ses rencontres. Un vin naturel est-il réellement différent d’un vin biologique ? Quelles sont les motivations profondes des vignerons qui le fabriquent ? Qu’ont en rapport une corne de vache remplie de bouse et des fleurs d’achillée mille-feuille insérées dans une vessie de cerf ? Que celui qui doute y goûte : « une révolution du palais », pour reprendre les mots de l’auteure. « Dans bien des cas, le buveur de vin ne porte attention qu’à un ou deux sens préjugés principaux : l’odorat et le goût. Or les vins “nature” ont cette propension à déstabiliser tous les sens et à les stimuler ». Ce type de viticulture ne mobilise à ce jour que moins de 1 % des vignerons français. Plus qu’une simple technique, la philosophie qu’il porte renvoie l’homme à sa condition d’être parmi les êtres. Accompagner le vivant ou le dégrader ?

 

Le monde diplomatique décembre 2019

 

Le voici enfin, l’ouvrage érudit, précis et détaillé que l’on attendait sur le vin dit « nature », appellation très en vogue mais qui ne s’en inscrit pas moins dans une histoire longue : celle de vignerons décidés à produire un vin propre, loin des breuvages sulfités nourris aux pesticides. Depuis la révolte des vignerons du Languedoc-Roussillon, en 1907, jusqu’à nos jours, plusieurs générations ont poussé leurs expérimentations pour s’inscrire dans la bio, la biodynamie, et enfin le « nature ». On retrouve ici de subtils portraits de M. Pierre Overnoy, pionnier du « nature » dans le Jura, ou de Mme Anne-Marie Lavaysse, vigneronne dans le Minervois, un terroir hier voué aux quolibets et qui recèle désormais des trésors insoupçonnés, portés par des vignes centenaires. Récit aussi d’une solidarité hors norme, l’ouvrage de Christelle Pineau se fait le porte-voix rigoureux et enthousiaste de pratiques que l’on souhaiterait voir s’installer dans toutes les vignes, pour des vins que l’on espère demain sur toutes les tables.

Pierre Puchot

 

Pouvais-je en rester là, à ce service a minima, ne serait pas digne de mon statut de chroniqueur émérite ?

 

La réponse est non !

 

Comme disent les gars des AOP à étages il me restait une position de repli : l’interview de Christelle Pineau à Sonia Lopez Calleja du LeRouge&le Blanc.

 

 

2 Questions et 2 Réponses :

 

- Avez-vous rencontré des difficultés pour définir le mot « nature » ?

 

- Lorsque j’emploie le mot « nature », je l’encadre toujours de guillemets, car c’est un mot polysémique et que tout le monde s’approprie. Peut-être encore plus aujourd’hui, à cause du plus grand besoin de nature. Encore faut-il savoir que quelle nature parle-t-on. C’est devenu un objet de désir, d’espoir et de crainte. C’est une notion qui est le réceptacle de tellement de choses, mêlant angoisse et espérance. Et, soyons clairs, qui a aussi une valeur marchande. C’est un mot qui pousse à la désorientation. Nous sommes donc obligés de prendre des précautions pour parler de la notion de nature. Pas par facilité, mais juste pour exprimer que la « nature », cela ne va pas de soi. C’est une notion qui est à la fois naturelle et artificielle. La es dans une période où nous assistons catégorie des vins « nature » est relativement récente. Nous sommes dans une période où nous assistons à une accélération dans la volonté de  définir le terme. Certainement parce que ce type de vin commence à prendre un peu d’ampleur et que le mot est employé par un ensemble de personnes très différentes : vignerons, négociants, industriels, professionnels de la commercialisation. C’est le mot le plus utilisé avec « naturel » pour qualifier ces vins, il s’est popularisé et il est difficile de s’en passer. Les consommateurs ont donc très logiquement envie d‘avoir des réponses relativement précises. Certains domaines sont également en procès avec l’administration. Les professionnels se retrouvent donc acculés à devoir proposer des définitions du vin « nature ». Il y a aussi ceux qui n’aiment pas le mot « nature » et vont donc employer d’autres termes comme « sincères » pour qualifier leurs vins. « Nature » se comprend comme « sans intrants chimiques dans les vignes et à la cave », mais avec une grande diversité de pratiques. Je m’amuse souvent à dire que si la définition du vin « nature » n’existe pas encore, même si l’on peut s’en approcher, les vins, eux,  existent. Ils sont leur propre définition.

 

- Vous qualifiez les vignerons « nature » de vignerons-chercheurs, qu’entendez-vous par là ?

 

- Je les qualifie ainsi car ils sont en réflexion permanente afin d’élaborer des solutions naturelles pour augmenter la résistance de la vigne face aux maladies et aux changements climatiques. Ils essayent de trouver des parades aux différents problèmes rencontrés ou pour essayer de diminuer les risques. Cellesci sont très variées, cela peut-être l’homéopathie, la complantation, ou la réintroduction d’anciens cépages délaissés dont l’acidité se révèle aujourd’hui intéressante, voire une recherche plus spirituelle comme le chamanisme. Ces réponses ne sont pas forcément déballées sur la place publique, cela reste très personnel, mais elles sont échangées par petits groupes affinitaires. Il y a des groupes de travail sur des expérimentations ou de groupes de paroles informels. Les recherches peuvent aussi porter sur la vinification avec un échange de savoirs provenant d’autres pays, comme pour les macérations ou les élevages en amphores. Ils construisent ainsi également des réseaux internationaux de groupes affinitaires.

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commentaires

A
De la bouse oui, mais de Limousines ! quoique la merde de porc cul-noir ... je lance des recherches. Je ne fus pas enseignant-chercheur et pisseur dans un violon pour rien. Ah ce que c'est que les églises qui se vident ! La nature a horreur du vide, tout bon scientifique le sait ! Tiens, au fait, un papier sur les différentes tendances du christianisme en ce qui concerne le cépage du vin de messe serait bienvenu. Il ne faut pas être dépourvu comme les Youesses après le 11 sept. On a besoin de chercheurs nature. Dieu est nature. Même mon dieu spaghetti. Al denté.<br /> Si l'homéopathie peut permettre de relancer l'usine Beguin-Say de Nantes (elle est jolie avec sa déco) et donner de l'emploi chez Boiron à Orvault, que du bon !
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