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7 juillet 2018 6 07 /07 /juillet /2018 06:00
Les cagots de Gascogne « Boire dans un verre que leurs lèvres auraient touché, serait comme boire du poison »

« On a peine à imaginer que dans le quart sud-ouest de la France, il y a moins d’un siècle encore, deux humanités coexistaient sans se mélanger.

 

En ville comme à la campagne, Français et Cagots se toisaient de loin, évitant tout contact direct. Ni guerre ni haine entre les deux peuples : les bons chrétiens acceptaient le poids d’une fatalité ancienne qui faisait considérer comme étrangers ces voisins de petite taille, aux trognes tragiques, aux oreilles curieusement découpées, avec lesquels on savait depuis l’enfance qu’il fallait proscrire tout échange organique sous peine d’être encagotté.

 

« Boire dans un verre que leurs lèvres auraient touché, serait comme boire du poison », écrit don Martin de Vizcay en 1621.

 

Dans de nombreux villages des Pyrénées et de Guyenne, existait « une fontaine des Cagots » distinctes de celle où les autres habitants allaient remplir leurs jarres.

 

« Certes les Juifs, les bohémiens étaient tenus à l’écart dans l’ancienne France, mais la religion des uns, le nomadisme des autres pouvaient encore expliquer les réactions de rejet. Quant au Cagots, également connus sous les noms d’Agotes, Capots, Gahets, Chrestiens – par anti-phrase – Gésites ou Gésitains, « ils avaient un domicile fixe, ils professaient la même religion que leurs voisins, ils  gagnaient leur vie en exerçant des métiers utiles et honorables », constate Francisque Michel, qui leur consacre l’essentiel de son livre sur les races maudites. »

 

 

« Ce qu’il y a de certain, c’est que ces êtres, dégradés par l’opinion et portant sur eux je ne sais quel sceau de malédiction, étaient bannis, repoussés de partout comme des pestiférés dont on redoutait le contact et la vue. Ils étaient sans nom, ou, s’ils en avaient un, on affectait de l’ignorer pour ne les désigner que par la qualification humiliante de Crestiaa ou de Cagot. Leurs maisons, disons mieux, leurs huttes, s’élevaient à l’ombre des clochers et des donjons à quelques kilomètres des villages, où ils ne se rendaient que pour gagner leur salaire comme charpentiers ou couvreurs, et pour assister à l’office divin à l’église paroissiale. »

 

Pour en savoir plus acheter Tour du Monde à travers la France inconnue Bruno Fuligni éditions du Trésor.

 

 

Envie de faire le tour du globe sans passer la moindre frontière ? C’est possible ! Discrètement mais sûrement, notre bonne vieille métropole cache, à travers ses peuplades méconnues, un étonnant monde miniature. Des Huns en Champagne, des Écossais dans le Berry, des Acadiens dans le Poitou, des Bédouins en Touraine, des Mexicains au cœur des Alpes, ou encore des vahinés sur la côte basque… Un voyage paradoxal : le tour du monde des grandes civilisations sans quitter l’Hexagone.

 

 

« Ils s'appelaient cagots dans les Hautes-Pyrénées, capots en Ariège, gahetz, gafets, agotas, gaouès, ladres… ailleurs. Leur particularité ? Ou plutôt leur malédiction ? Appartenir à une race qui les excluait par la naissance de la société. Plus considérés comme des bêtes que comme des hommes, ces cagots vivaient à l'écart, dans leur cagoterie. Et cela dès 1300 jusqu'au début du XXe siècle.

 

Où ?

 

Dans les vallées des Nestes, des Gaves des Hautes-Pyrénées, dans le Luchonais, l'Ariège, le Bearn, le Pays basque…

 

Sensible à ce thème de l'exclusion, Jean-Jacques Rouch, longtemps journaliste à «La Dépêche du Midi» a choisi d'aborder cette destinée méconnue et pourtant historique des cagots par la voix d'un jeune juge du parlement de Toulouse. Son roman s'intitule «Jean Le Cagot. Maudit en terre d'Oc»

 

Un musée à Arreau

 

Avant lui, un autre homme a aussi voulu rendre hommage à ce peuple persécuté pendant quelque 800 ans, en créant le musée des cagots, en 1989, dans le Château des Nestes, à Arreau, le seul qui existe en France. Il s'agit du professeur Raymond Fourasté.

 

Originaire d'Arreau, dans les Hautes-Pyrénées, bassin des cagots, le professeur Fourasté s'est intéressé à cette minorité en préparant une thèse d'état qui s'intitulait : «Analyse ethnopsychologique des identités basques et pyrénéennes». Lors de ses recherches, il est tombé sur un document du XIXe siècle, écrit par le médecin anthropologue René Collignon. «Dans ce texte, il avait classé les Pyrénéens en trois groupes. Les grands. Les moyens. Les petits. Les cagots font partie des petits. Si le terme ''petit'' n'est pas un mot d'exclusion. Celui de cagot, si !», précise le professeur.

 

«Le cagot type est plutôt blond, aux yeux bleus, et mesure entre 1 m 50 et 1 m 55. Il vit isolé en petits groupes dans les montagnes»

 

Naître cagot, c'était le rester à vie. Parias parmi les parias, les cagots ont supporté pendant des siècles le mépris des villageois. Interdiction leur était faite de vivre dans les mêmes quartiers. De marcher pieds nus. De posséder du bétail. De manipuler la nourriture. Et à l'église, ils ne pouvaient pas rentrer par la même porte que les fidèles et possédaient leur propre bénitier, le prêtre leur tend l'hostie au bout d'un bâton. Côté métiers, les cagots faisaient tout ce que ne voulait pas faire la population dominante. Ils exerçaient des métiers liés à la nature. Ils travaillaient le bois, le marbre, la pierre, l'eau. Ils étaient de très bons charpentiers, tonneliers, charrons…

 

A cette époque, les cagots effrayaient autant qu'ils fascinaient. Autour d'eux, gravitent de nombreuses croyances divines et occultes. On leur attribue le pouvoir du feu et de l'eau. Parmi les cagots, on recrutait beaucoup de guérisseurs.

 

En 1683, Louis XIV décide de les affranchir de leur condition de cagots, en leur accordant les mêmes droits qu'au reste de la population. Malgré cela, la ségrégation est restée de mise.

 

Aujourd'hui, encore le tabou demeure aussi pour ceux qui en descendent et qui en ont la mémoire. Comme une indicible douleur. »

 

Publié le 16/09/2012  dans la Dépêche du Midi :

Ces braves cagots ont été maudits pendant 800 ans 

 

 

« En 1963, un autre journaliste signalait encore à Argelès le dénommé Miquetot, « claudiquant,hébété,bonasse, sous des vêtements qui semblent toujours trop grands, grotesque et pitoyable » : haut d’un mètre vingt seulement, ce pensionnaire de l’hospice mendiait tristement par les rues, soutenant avec peine sa grosse tête disproportionnée d’où se détachaient deux oreilles que n’ourlait aucun lobe. Pauvre Alien pyrénéen, réduit à vivre de la charité publique ! »

 

« Près de 2 millions de Français portebt des noms de Cagoy=ts, sans que rien ne les distingue plus de leurs concitoyens. »

 

«Je te défens enter ès église, marché, moulin et lieux ès quels y a affluence de peuple.

 

Et te défens entrer ès tavernes et maison hors celles en laquelle est ton habitation.

 

Je te défens toucher compagnie d'aultre femme que celle que tu as espousée.

 

Je te défens toucher aucunement enfant et ne leur donner ce que tu auras touché.

 

Je te défens manger et boyre en autre compagnie que lépreux et sache que tu quand tu mourras tu sera enseveli en ta maison si ce n'est de grâce qui te sera faite par le prélat ou ses vicaires»

 

Cardinal de Pellevé, Rituel de Sens 1550.

 

Les cagots à Montgaillard et dans les Hautes-Pyrénées ICI 

 

 

 

«Je suis d'origine ariégeoise, et à Saint-Girons où j'ai vécu, il y avait la place des Capots. Cela m'a toujours intéressé», annonce Jean-Jacques Rouch, auteur de «Jean Le Cagot».

 

Après deux ans et demie de recherches, notre confrère signe un fabuleux roman historique qui rend hommage à ce peuple persécuté. Une belle leçon d'histoire et de courage. «Jean Le Cagot» a été sélectionné pour le prix national du roman historique qui se tiendra à Blois du 18 au 21 octobre.

 

«Jean Le Cagot», par Jean-Jacques Rouch, ed. Privat, 216 p, 18€.

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commentaires

H
Une famille Cagot habitait encore en 1990 à Blois.
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P
Il y a ,de par cheu nous, en lorraine , des individus dont le comportement est quelque peu similaire bien que moins ciblé et plus égocentrique : Les nareux. Pour rien au monde, par exemple, ils ne mangeraient dans une autre assiette et avec d'autres couverts que les leurs propres.Idem pour le verre. Lesquels ustensiles ne doivent, bien sur, n'être utilisés par personne d'autre.<br /> Des sociologues avaient observé que chez les prolos on ne pratiquait pas le frenchkiss alors que les bourges s'en donnaient à cœur joie mais en aucun cas n'auraient partagé leur brosses à dents alors que les prolos ne faisaient aucune manière pour boire dans le même verre.<br /> Est-ce ainsi que les hommes vivent<br /> Et leurs baisers au loin les suivent<br /> Aragon/Ferré
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P
Par cheu nous, en lorraine, il est un comportement quelque peu analogue bien que moins ciblé et plus égocentrique: celui des " nareux ". pour rien au monde ils ne mangeraient dans une autre assiette que la leur ni avec d'autres couverts.Idem pour le verre.<br /> Des sociologues avaient observé que chez les prolos, on ne pratiquait pas le frenchkiss alors que les bourges s'en donnent à cœur joie mais n'échangeraient pas leurs brosses à dent et que de l'autre coté on buvait, en toute simplicité dans le même verre.C'est ainsi que les hommes vivent....
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