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14 mars 2018 3 14 /03 /mars /2018 06:00
La résistible ascension de Benoît H C’est tentant tu sais de chier dans les bottes de tout le monde. Moi, depuis que j’ai commencé à balancer je peux plus m’arrêter, ça me soulage comme quand je dégueule le lendemain d’une sale biture (43)

Les politiques pétaient de trouille face à ce groupuscule sans adhérents revendiqués, cultivant la Révolution en serre comme une plante en pot, étrange cercle d'initiés cooptés, forme vide où, entre la périphérie et le centre va et vient une fluence insaisissable, floue, pas de chef connu, rien d'interprétable, de la bouillie de chiots enragés. À la GP tout semblait provisoire, intérimaire, inorganisé au nom de la primauté des masses – des larges masses aussi maigres qu'improbables comme le vocabulaire de leurs tracts était lui aussi boursouflé que prévisible – cette volonté maladive de s'effacer, de laisser les manettes aux prolétaires lorsqu'ils prendraient les armes. Comme l'aurait dit sa mémé Marie, pour tout ce beau monde calamistré de la place Beauvau, ça n'avait ni queue ni tête car dans les usines les plus dures, en dehors des poches connues et circonscrites d'anarcho-syndicalistes, d'agitateurs de l'extrême-gauche non communiste, toujours les mêmes, aucun élément identifié ne permettait d'accréditer que le couvercle de la marmite allait sauter sous la pression de la base. La base jardinait, picolait, forniquait sans porter grande attention à ces gamins aux mains blanches faisant le pied de grue aux grilles de l'usine pour leur fourrer des tracts baveux d'encre, illisibles et déconnectés de leur saloperie de vie. En bons flics opportunistes qu'ils étaient, les tenanciers de la Place Beauvau, face à ce nid de frelons qui bourdonnaient dans un creux de mur, calmaient les angoisses de leur Ministre et de son cabinet avec l'opération foireuse baptisée pompeusement : double chevron.

 

Armand allait être cornaqué par une grosse enflure : Gustave Porcheron. Gustave la balance, électricien au service d’entretien chez Wendel, que ces petits cons de la GP considéraient comme un vrai révolutionnaire, alors que les RG le tenaient pour une poignée de biftons, et un peu de cul dans une boîte des Champs. Il avait pu ainsi accéder au saint des Saints de la GP, mais sa fiabilité douteuse nécessitait qu’il soit surveillé de près. Les deux hommes s’étaient retrouvés au buffet de la gare du Nord. Le Gustave, nippé prolo du dimanche, avec casquette huileuse, rouflaquettes roussâtre, plus vrai que nature, joues couperosées couleur brique, nez bourgeonnant et bedaine épandue au-dessus de la ceinture, adepte de la Valstar en litre, du rot et sans doute de la main baladeuse, une vraie raclure. Sans jamais regarder Armand dans les yeux, ce salopard avait d’abord tenté de l’amadouer, avec un abominable accent chti, tout en descendant sans respirer des bocks de bière pression : «  T’sé mec comme je suis un bon zig, et même si je m’occupe de ce qui ne me regarde pas, faut que je te dise que je ne comprends pas tout ce tintouin qui font pour cette bande d’enculeurs de mouches. Que des va-de-la-gueule ! Toi, je ne sais pas d’où tu sors, mais je t’aurai prévenu, faudra pas dire que t’savais pas, tire tes arpions de ce nid de petits frelons, y sont tellement cons qu’un jour y seront capables d’en faire des grosses conneries. Tu vois ce que je veux dire… »

 

Gustave poussa son bouchon plus loin, en se faisant d’abord obséquieux puis menaçant. « Pour eux, un gars comme toi, celui qu’on va dire que tu es, c’est une putain de recrue. Méfies-toi de ne pas te prendre à leur petit jeu et de ce que veulent entendre les chefs. C’est tentant tu sais de chier dans les bottes de tout le monde. Moi, depuis que j’ai commencé à balancer je peux plus m’arrêter, ça me soulage comme quand je dégueule le lendemain d’une sale biture. Alors je raconte des craques à tout le monde. Je n’ai pas envie que tu tues la poule aux œufs d’or mec ! Alors déconne pas, ne m’enlève pas le pain de la bouche sinon je cafte le morceau à mes potes révolutionnaires et je suis certain que tu passeras un sale quart d’heure… » Armand prit l’air de celui qui avait reçu le message cinq sur cinq pour jurer mes grands dieux à Gustave que jamais il ne lui chierait dans les bottes. Le vieux saligaud, rassuré, tout en se grattant les roustons, crut bon de se justifier. « Pour sûr que j’suis pas trop fier de baver pour le compte des bourres mais, moi le Gustave qu’est pas d’instruction, j’les respecte car eux, au moins, y me prennent pour ce que je suis : un enculé à qui on ne peut pas faire confiance, alors que cette bande d’intelligents qui me lèchent le cul comme si c’était d’la Chantilly, me donnent envie de leur chier dessus. Te méprend pas mon gars quand j’te dis que chui un enculé, c’est façon parler, car moi les tarlouzes j’leur bourre la gueule pas le fion… »

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