Plutôt que de crier au complot, François Fillon et ses soutiens, devraient plutôt s’interroger sur les dégâts causés par leurs répliques, plus calamiteuses les unes que les autres, aux révélations du Canard Enchaîné qui, a fait son boulot, n’a rien inventé, et peu importe qui fut la gorge profonde, l’important pour un média c’est de porter à la connaissance des citoyens de l’information vérifiée et, là, elle l’était.
En faisant ce constat je ne m’érige pas en procureur, le parquet financier le fait mieux que moi, mais je ne vois au nom de quoi les révélations du Canard constitueraient une « mise à mort » d’un homme politique.
« La femme de César ne doit pas être soupçonnée »
Les personnalités officielles, les institutions doivent être à l'abri des accusations. Cette signification peut être mal interprétée : il ne faut pas comprendre que les personnalités et institutions doivent être intouchables même si elles sont accusées de quelque chose, mais qu'elles doivent être tellement irréprochables qu'aucun soupçon ne puisse les entacher.
Sinon, elles doivent être écartées ou destituées, avant même de savoir si les soupçons sont justifiés ou non.
La parole donnée…
La confiance !
À qui faire confiance pour s’informer ?
La côte d’alerte est franchie comme le montre Le Baromètre annuel 2017 « La Croix » Kantar Sofres/Kantar Média sur la confiance dans les médias montre une chute de l’intérêt pour l’information et de la crédibilité des médias, l’intérêt des Français pour l’actualité au plus bas depuis 2002.
« Les Français envoient à leurs médias une double alerte : parallèlement à une chute notable de l’intérêt qu’ils portent à l’actualité – qui perd 6 points en un an et se retrouve ainsi à son plus bas niveau depuis 2002, l’année qui avait vu Jean-Marie Le Pen arriver au second tour de la présidentielle–, la confiance s’étiole, elle aussi : la télévision et la presse écrite perdent respectivement 9 et 7 points par rapport à 2016. La radio demeure la plus crédible – et la seule légèrement au-dessus de la moyenne – même si elle perd également 3 points… »
À l’orée d’une année électorale majeure dans un contexte de montée des populismes, l’intérêt des Français pour l’information enregistre son plus mauvais score en trente ans. Seuls 64 % (– 6 points sur un an) des Français déclarent s’y intéresser, avec une désaffection marquée des jeunes (56 %) et des moins diplômés (58 %).
La confiance dans l’information relayée par les différents médias est elle aussi historiquement basse, particulièrement pour la télévision (41 %, – 9 points), seule la radio restant majoritairement jugée fiable (52 %, – 3 points). Dans ce contexte, la perception de l’indépendance des journalistes vis-à-vis du pouvoir atteint son plus mauvais score, 24 % des Français seulement jugeant qu’ils résistent aux pressions.
« Internet recule encore au niveau de la confiance »
Cette chute des indicateurs s’inscrit dans un bouleversement de la façon de s’informer. « Les usages évoluent très rapidement, relève Carine Macé, qui a coordonné le baromètre pour Kantar. La télévision est détrônée par Internet chez les jeunes (1). De même que chez les cadres et les plus diplômés. Il y a une rupture numérique et générationnelle. 38 % des 18-24 ans s’informent d’abord sur leur smartphone, contre 1 % des plus de 65 ans. » Sur Internet, les réseaux sociaux sont la principale source d’information des plus jeunes (41 % des 18-24 ans). Mais ces derniers, comme la moyenne des Français (73 %), accordent peu de crédit à ce qu’ils y trouvent.
« Internet recule encore au niveau de la confiance, alors que sa pratique se banalise. Cette déconnexion entre confiance et pratique n’est pas rassurante dans la perspective de la présidentielle, souligne le sociologue des médias Jean-Marie Charon. On peut craindre que ce climat de défiance et ce report sur des réseaux sociaux auxquels on accorde encore moins de confiance qu’aux autres médias ne soit pas un bon vecteur de qualité du débat public. » Cette inquiétude est partagée par l’économiste des médias Julia Cagé, qui redoute que la France « se retrouve dans une situation à l’américaine, où les médias traditionnels perdent complètement la main face aux réseaux sociaux ».
Trop de burkini et de Kim Kardashian
« Exposés au « bruit médiatique », notion qui permet de mesurer le degré d’exposition de chacun d’entre nous à tel ou tel sujet d’actualité, les Français tantôt « saturent », tantôt se sentent en manque d’information. Ainsi le vol dont fut victime Kim Kardashian, les polémiques autour du burkini ou l’élection américaine ont semblé excessivement présents à la Une.
À noter que le « bruit médiatique » de l’actualité américaine a été considérable, chaque personne y étant exposée en moyenne 38 fois par jour (contre 3 fois seulement pour l’« affaire » Kardashian). Globalement satisfaites du traitement des attentats terroristes de Nice et Bruxelles (intense « bruit médiatique » dans les deux cas), les personnes interrogées déplorent en revanche un déficit d’information concernant la pédophilie dans l’Église ou les manifestations de policiers. »
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Les bonnes recettes du « Canard enchaîné »
À tout juste 100 ans, l’hebdomadaire se paie le luxe d’ignorer la publicité, les actionnaires, le numérique. Et séduit chaque mercredi 400 000 lecteurs.
Par Philippe Ridet
Il faut les voir, chaque mardi sur les coups de 15 heures, remonter le boulevard du Montparnasse, à Paris, jusqu’au carrefour Vavin et s’engouffrer par la porte de la brasserie La Rotonde pour un déjeuner tardif, un goûter roboratif ou un dîner précoce. Au choix.
Directeur, rédacteurs en chef et journalistes s’en reviennent de l’atelier de photocomposition à quelques rues de là où, jusqu’à la dernière minute, le numéro 5013 du Canard enchaîné a été lu, relu, re-relu, titré, retitré, re-retitré. C’est au moment du bouclage, l’épée dans les reins et l’œil sur la pendule, que s’élaborent parfois les meilleures manchettes, les chutes assassines, les jeux de mots les plus nuls qui sont souvent les plus drôles, le dessin qui résumera mieux qu’un édito la problématique du moment.
Ils ont le sourire aux lèvres et l’estomac dans les talons. Nous mesurons, à sa juste valeur, l’invitation qui nous a été faite de se joindre à ces agapes : habituellement, Le Canard n’aime pas beaucoup qu’on traîne dans ses pattes palmées.
Persifleur et informé
Deux jours plus tôt, le 20 novembre, à la surprise de tous – et donc de la leur –, François Fillon a écrasé le premier tour de la primaire de la droite et du centre. Autour de la grande table au fond de la brasserie, la quinzaine de journalistes se passe les photocopies des pages en cours d’impression. Il est trop tard pour changer quoi que ce soit. Les bonnes idées attendront le numéro 5014.
« On aurait pu titrer : “Sarkozy l’a dans le Fillon” », s’amuse l’un d’eux, un verre de bordeaux à la main. Finalement, Le Canard a opté pour : « Fillon : moi, je vais nettoyer la France au Thatcher ! » Juste au-dessous, un dessin de Kiro : Juppé et Raffarin le poing levé chantant L’Internationale… De chaque côté du logo du journal, dans les « oreilles », ce propos prêté à l’ancien premier ministre de Jacques Chirac à l’adresse de son rival : « Et en plus son programme sent le Poisson ! »
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France info : qu'est-ce qui vous a alerté sur les enfants de François Fillon ?
Christophe Nobili : Par expérience, lorsqu'on commence à donner des éléments nouveaux dans une enquête cela veut dire qu'il y a sûrement plus grave derrière. C'est à partir des déclarations de Monsieur Fillon qu'on va travailler, essayer de comprendre. Il parle de missions précises, quelles sont ces missions précises ? Au début, on se dit qu'il a peut être demandé une ou deux missions ponctuelles. Et on ne s'attend pas du tout à voir que, lorsque ce n'est pas Penelope Fillon qui est son assistante parlementaire, il prend à temps plein, salarié, pendant la totalité de son mandat de sénateur, d'abord sa fille et ensuite son fils, à des salaires importants ; 3 800 euros brut pour la fille et 4 800 pour le fils.
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