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11 mai 2015 1 11 /05 /mai /2015 06:00
Une conclusion qui en dit bien plus long qu’un long discours : Michel Bettane accorde sa commisération aux vignerons rebelles de Moor et Bizot…

N’est pas Bernard Maris qui veut. 

 

Lumineux, éclairé, « homme plein de tact, de courtoise, d'écoute et d'intelligence pour un autre regard sur notre monde. Pour beaucoup, certainement un « rebelle », qui venait remettre en cause leur pré carré de suffisance, construit sur les raccourcis et la facilité. »

 

La hauteur de vue à la bonne distance, ni trop haut, ni trop près, est l’apanage des esprits clairs qui n’ont nul besoin de longues circonvolutions embrouillées pour aboutir à leurs conclusions. Conclusions qui n’ont rien de définitives, elles ne sont que le simple état des lieux de là où en est arrivée la discussion.

 

Confronter des points de vue différents, voire diamétralement opposés, avec rudesse, une forme de colère, voire l’emploi de mots verts, doit se faire à armes égales, sans distinction du statut des interlocuteurs. Il ne peut y avoir dans ces échanges des obligés.

 

Conclure ce n’est pas claquer la porte au nez et à la barbe de celui ou de ceux avec qui on a engagé une discussion mais, en mots choisis, en phrases serrées, expliciter le fond de sa pensée.

 

La chute de Michel Bettane (la conclusion de ses 2 chroniques), elle, c’est du «lourd» dans la forme la plus accomplie d’un mépris suffisant qui risque pourtant, à très court terme, de revenir en boomerang aux tenants du conformisme.

 

Quant à en appeler, comme il le fait, à l’Union Nationale autour du vin chef d’œuvre en péril pour disqualifier la position des rebelles, ça relève du dernier recours lorsque l’on est à court d’arguments sérieux.

 

L’unanimisme de façade est l’une des formes les plus perverses de la dilution de la notion d’AOC : sous les grandes ombrelles se cachent des vins…

Une conclusion qui en dit bien plus long qu’un long discours : Michel Bettane accorde sa commisération aux vignerons rebelles de Moor et Bizot…

« Certains producteurs enfin, le plus souvent de la famille des vignerons «rebelles», vont encore plus loin et considèrent que leur produit ne peut être dégusté que par des critiques ou des amateurs et clients potentiels déjà acquis à leur cause. Ils considèrent que leurs vins nés de pratiques culturales et œnologiques différentes, entendez évidemment bien plus honnêtes et conformes à leur idéal, choqueront au milieu des autres. Ils sont renforcés dans cette idée par les nombreux rejets des organismes indépendants de contrôle des appellations au cours des dégustations obligatoires de labellisation.

 

Dois-je leur rappeler que leurs vins n’ont pas pour vocation de dormir dans leurs caves et qu’ils sont commercialisés comme les autres et donc sous le regard du public et des critiques ? Il n’y a aucune raison de leur accorder le privilège de l’indifférence.

 

Mais qu’ils se consolent. Le manque de place dans les guides ou les revues, la difficulté d’accès à leurs produits ou la commisération que nous éprouvons pour eux, née du fossé qui existe entre la noblesse de leur idéal et la médiocrité de quelques-unes de leurs œuvres font que nous parlons moins d’eux que nous le devrions.

 

Hélas, l’addition de tous ces particularismes et de toutes ces frilosités ne facilite guère notre tâche et chaque année rend nos marathons de dégustation, si utiles à des milliers d’amateurs qui nous font confiance et nous le font savoir, de plus en plus pénibles et compliqués. Au moment même où nos vins ont besoin de conserver leur place traditionnelle dans notre société, attaqués qu’ils sont de tous côtés par les lobbies anti alcooliques et les ayatollahs de la santé publique, cet état de choses est vraiment navrant. »

 

Enfin quand Michel Bettane, me taxe d'être un manipulateur à l’endroit d’Olivier et de Jean-Yves il me confère un pouvoir et une importance que je n’ai pas et il fait injure à l’intelligence et au libre-arbitre de ces deux vignerons en les ravalent au rang de vulgaires marionnettes entre mes mains. Dans cette affaire je leur ai offert – au sens propre du terme – de publier sur mon espace de liberté. Leurs opinions, leurs points de vue n’engagent qu’eux et mes élucubrations ne peuvent être portées ni à leur crédit, ni à leur débit.

 

Pour preuve ce que m’a écrit l’un d’eux :

 

« Si quelques-unes de nos œuvres sont médiocres, ce ne sont que quelques-unes. Les autres correspondraient donc à notre idéal, noble, comme vous le dites. Ça suffit largement à une vie : avoir réussi pleinement deux ou trois œuvres. Mais pour cela, il faut déjà en créer.

 

Que vous le vouliez Monsieur Bettane, ce sera toujours l’immense différence qu’il y aura entre nous, l’infranchissable gouffre.

 

Le chanteur le plus médiocre est toujours plus près de la source de l’art plus que le critique qui le juge.»

 

Ayant, au cours de mon long parcours, enseigné à tous les niveaux scolaires, sauf la maternelle et sa suite, donc en 6e – 3e au CEG de Pouzauges, puis en 2e-Terminales-BTS à l’école d’agriculture des Etablières de la Roche-sur-Yon, et enfin en 3ième cycle droit et économie à la Faculté de Nantes, j’ai un grand respect pour le savoir et sa transmission, mais en ce domaine, j’en suis resté à la tête bien faite plutôt qu’à la tête bien pleine. Le savoir encyclopédique sous forme de prêt-à-penser, dispensé à la piétaille inculte ou ignorante n’est pas ma tasse de thé.

 

Le professeur est un passeur mais qu’est-ce-donc que cette espèce hybride du critique qui, du haut de sa chaire, donne des leçons, tance, voire même redresse les torts ?

 

Que le modèle économique de la critique du vin implique des dégustations groupées, à l’aveugle ou non, je le comprends parfaitement : les guides ont besoin de l’effet peloton pour donner l’impression d’une forme d’exhaustivité, par ailleurs illusoire, mais n’ont pas les moyens d’aller au-delà de brefs commentaires sans grande signification et d’une notation qui permet de classer (celle sur 20 permet de jouer sur des écarts de 2 ou 3 points alors que celle sur 100 donne une impression de puissance).

 

Alors, est-ce que sur ce maigre terreau le critique (qui par ailleurs délègue une large part du boulot à ses salariés) peut-il élaborer une doctrine à l’usage des ignorants ? A-t-il avec ce petit butin le monopole de la pensée ?

 

Bien évidemment, non, ce qui ne signifie pas pour autant qu’il ne puisse pas prendre sa place dans les réflexions de ceux qui font le vin mais sans se voir conférer une quelconque supériorité liée à son statut de prescripteur ou d’influenceur.

 

Il n’y a pas de statut supérieur, et lorsque j’ai pondu un rapport pour le compte de mon employeur en 2001 estimant que ce n’était pas à moi de le faire j’ai souhaité qu’un groupe de réflexion stratégique constitué exclusivement de gens qui font puisse proposer les termes des choix engageant l’avenir. Ce qui fut fait et déboucha sur Cap 2010 les défis du vin français.

 

Je garde sur ce blog ce même état d’esprit, je ne suis ni un prescripteur, ni un influenceur, j’écris et je laisse le soin à ceux qui prennent le temps de me lire de se forger leur opinion.

 

Ce qui me chagrine dans cet échange avec Michel Bettane c’est qu’aux vraies questions d’Olivier et de Jean-Yves sur le contenu des fameux cahiers des charges, leur pertinence et leur capacité à anticiper, sur les questions environnementales surtout, nulle réponse. Les petites histoires de dégustation sont vraiment secondaires.

 

Ça me navre vraiment. J’attendais mieux.

 

 

L’intégralité de la chronique de Michel Bettane ICI 

Une conclusion qui en dit bien plus long qu’un long discours : Michel Bettane accorde sa commisération aux vignerons rebelles de Moor et Bizot…
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commentaires

O
La parabole des aveugles c'est Manset avec des pinceaux. Le problème est de rejoindre les bonnes volontés; en faisant appel à notre intelligence.
Répondre

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