Un article d'Albéric CAHUET sur l'Affaire de Bombon, paru le 16 janvier 1926
Vin & Cie, en bonne compagnie et en toute liberté ...
Extension du domaine du vin ...
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Présidentielle 2017: 17,8 kg de fraises Tagada incorporés aux comptes de campagne d'Emmanuel Macron | Photo : AFP
Roses, bleus, jaunes, gélifiés, mous, acidulés, à mâcher ou à sucer, les bonbons se font beaux, rutilants, chatoyants, pour plaire aux enfants et les parents ont du mal à résister à leurs demandes insistantes.
De mon temps, comme disaient les vieux, chez Louise Proux, nous achetions des bonbons à un sou ; je n’ai jamais beaucoup aimé les bonbons c’est trop sucré et je ne suis pas très amateur de sucre. Mon truc à moi c’était les carambar. Une fois par an, lorsqu’ils allaient à Nantes, mes parents me rapportaient des berlingots nantais (je préférais ceux à l’anis).
Gare au dentiste !
Comme je ne suis pas né de la dernière pluie je sais bien que toutes ces belles couleurs n’ont rien de naturelles ; quand je fais une glace à la fraise, avec de bonnes fraises bien rouges, elle ne pète pas de couleur, elle se colore en rose pâle.
Et qu’est-ce qu’on fait bouffer à nos gosses depuis 50 ans ?
Du dioxyde de titane, colorant aux effets cancérigènes, va être banni de notre alimentation. Le dioxyde de titane (TiO2) est utilisé dans de nombreuses applications (additif alimentaire, cosmétiques, médicaments), notamment pour ses propriétés d'absorption des rayons ultraviolets et son caractère colorant blanc. Il se présente, au moins partiellement, sous forme de poudre nanométrique. Le gouvernement avait annoncé l'arrêt du E171 « avant la fin de l'année »
Mais, nos « braves » confiseurs ont décidé de devancer l'appel, la secrétaire générale du Syndicat national de la confiserie Florence Pradier a annoncé le retrait de cet additif des bonbons.
Pour faire bon poids, les confiseurs de France ont aussi signé une "charte de déontologie et d'engagement" le mardi 19 juin dans laquelle ils s’engagent à améliorer la qualité des bonbons. Sucre, additifs, information…tous les griefs sont ainsi passés en revue.
« Pour la première fois, les confiseurs ont décidé de dire ce qu'ils faisaient », s'est félicité Florence Pradier.
Pincez-moi ! Je rêve. Nous allons atteindre la seconde décennie du XXIe siècle et on nous présente l’information des consommateurs, ici surtout les parents, comme un grand bond en avant.
Le « sans » qui succède au « avec » est un grand classique des fabricants industriels de bouffe. En clair, on vous a fait ingurgiter des horreurs pendant des décennies mais, la main sur le cœur, juré, craché, on ne le fera plus, et en plus dites merci.
Des bonbons allégés voire sans sucre.
Pour Anthony Fardet, chercheur et auteur du livre Halte aux aliments ultra transformés, mangeons vrai, ce raisonnement est « aussi étrange qu'une huile allégée en gras ».
« Si on les consomme à l’occasion pour le plaisir, il n’y a aucun soucis. Il faut plutôt encourager les gens à les consommer parcimonieusement », prévient l'expert. Et d'ajouter : « L’allégement en sucre en plus peut provoquer une habitude au produit car quand on sait que c’est allégé, donc on va en manger davantage. »
Pour Anthony Fardet, il est plutôt conseillé de changer « la qualité des sucres. » « Au lieu de mettre des sirops de fructose, de glucose ou des sucres, typiquement industriels et eux-mêmes très transformés, mettre plutôt du vrai sucre », explique-t-il ?
Des bonbons nature, quoi !
Pourquoi le mot bonbon ne prend-il pas un m avant le b comme le voudrait la règle?
Bonbon n’est pas d’origine latine ; il provient du langage de l’enfant qui répète que c’est « bon » « bon ». En langage des signes, pour dire bonbon, on tape deux fois sur sa bouche avec l’index !
Bombon est une commune française située dans le département de Seine-et-Marne. Ses habitants sont appelés les Bombonnais.
« Lénine a séjourné dans le village, avec sa mère et sa sœur, pendant l'été 1909. L'habitante qui le logeait se souvient d'un homme aimable cherchant à être agréable. Il lui a même appris à monter à bicyclette.
Bombon a été le berceau de la Victoire de 1918. En effet, le général Foch a transporté son poste de commandement à Bombon en 1918. Son bâton de maréchal « lui a été remis dans la cour d'honneur du château en présence de tous les chefs d'état-major, maréchal Haig, maréchal Pershing, général Pétain et des plus hautes autorités politiques, le président de la République, Raymond Poincaré, Clemenceau […], Painlevé, ancien ministre de la Guerre et ancien président du Conseil. Le général Weygand […] l'assistait ».
L'abbé Denoyer a été flagellé le 5 janvier 1926 par une douzaine d'adeptes de la secte "Notre-Dame des Pleurs" de Bordeaux. L'affaire fit grand scandale et une chanson sur ce fait divers fit le tour de la France. La Complainte du Curé de Bombon, créée par le chanteur marseillais Alibert se chantait sur l'air du Trompette en bois
Qu'est-c'qu'il a pris,monsieur l'curé/ Comme trempette (bis)/ Pour attendrir les conjurés/ Le martyr s'mit à murmurer/ Ne frappez pas au même endroit/ J'vous l'confesse/ Changez d'fesse/ Si vous voulez savoir pourquoi?/ C'est qu'elles ne sont pas en bois..
Il était une fois les bonbons et confiseries…
Est-ce que Cléopâtre était accro aux bonbons ? Et Louis XIV se délectait-il de fraises Tagada? Nous vous emmenons faire un voyage dans l’histoire la plus sucrée de toutes, celle des bonbons…
Le sucre : remède luxueux
Vers 600 av J-C, les Perses découvrent un roseau qui donne du miel sans le secours des abeilles. Ils en font une sucrerie qu’ils veulent garder secrète. Mais Alexandre le Grand très intéressé par ces délicieux roseaux en ramène des plants. La culture de la canne à sucre se répand lentement dans le bassin méditerranéen. Les Égyptiens, les Grecs, les Romains utilisent alors ce « miel » pour enrober des fruits, des graines, des noix et des fleurs comestibles.
En Europe, le sucre apparait au XIIème siècle avec la canne à sucre rapportée d’Orient par les Croisés. On l’appelle « sel sucré ». Comme les épices, c’est un produit très cher et luxueux réservé seulement aux rois, seigneurs. Il sert à confire les fruits qui seraient ainsi plus digestes. Les premières confitures et fruit confits apparaissent alors. On trouve également du sucre chez les apothicaires. En effet, à cette époque ce produit est considéré comme un remède ! Il soulage les douleurs de poitrine et de l’estomac. Il masque aussi le goût amer de certains médicaments.
Au XIIIème siècle, Saint-Louis impose la Trêve de Dieu, l’arrêt des guerres et des querelles de l’Avent à Noël. On y échange des petits cadeaux et plus tard des bonbons. La Trêve de Dieu deviendra la Trêve des Confiseurs.
Au XIVème siècle, les Papes s’installent en Avignon et deviennent experts en fruits confits. Une légende raconte que le pape Clément V aurait inventé le berlingot. Les papes ont leur propre écuyer en confiserie !
Drageries et épices de chambre
Au XVème siècle, seigneurs et rois offrent à leurs hôtes de marque des pâtes de sucres marquées de leurs armoiries, des dragées et des confitures, en signe de bienvenue. Un cuisinier lance la mode des “épices de chambre“, ancêtre des bonbons : il roule des graines, des pignons, des amandes, de la cannelle, du gingembre dans du sucre et les fait rissoler dans une poêle. Les invités les emportent dans leur chambre pour mieux s’en régaler. Les épices de chambre remportent un vif succès à la cour des rois. On se régale également de dragées, nougats et pralines après les repas pour digérer.
Différentes congrégations religieuses jouent un rôle important dans l’histoire de la confiserie. Elles élaborent leurs recettes de bonbons dont on peut encore se délecter comme par exemple les Anis de l’Abbaye de Flavigny ou les sucres d’orge des religieuses de Moret. Ces religieuses en cherchant à diminuer les souffrances de leurs patients mettent au point des médications conjuguant les vertus de l’orge et du sucre. A la cour de Louis XIV, ce sucre d’orge fait fureur ; soignant les maux de gorge, il devient l’allié des orateurs.
Au XVIIème siècle, la réglisse, les gommes, les pastilles aux fruits et marrons glacés apparaissent et se développent rapidement. Le mot «friandise» apparaît dans la langue française. Il vient du mot «frier», qui veut dire «brûler d’envie». Les gens de la bourgeoisie sont de plus en plus nombreux à brûler d’envie devant les dragées, sucettes, pastilles, fruits confits, pralines… des confiseurs qui ouvrent boutique à Paris. C’est the place to be de l’époque.
Bonbon industriel
Le bonbon actuel apparait grâce au sucre de betterave au XIXème siècle, et sera enfin accessible à tous et non plus réservé à la bourgeoisie.
Après la deuxième guerre mondiale, c’est l’aire du bonbon industriel : formes nouvelles, couleurs variées, goûts étonnants, textures surprenantes. A nous les Croco, fraises Tagada et Dragibus…
Le plus vieux bonbon du monde *
Au moyen-âge, lorsque le sucre fut enfin connu en France, il arrivait en très petites quantités et seulement chez les rois et les seigneurs.
Un jour, un cuisinier lança la mode des "épices de chambre" : il roula des graines, des pignons, des amandes, de la cannelle, et du gingembre dans du sucre et les fit rissoler dans une poêle. Les invités les emportaient dans leur chambre pour mieux s'en régaler. Les ancêtres des bonbons étaient nés.
Les épices de chambre rencontrèrent très rapidement un vif succès à la cour des rois. A cette époque, on les mangeait surtout pour digérer après des repas souvent "gargantuesques"…
* Source : "Voyage au pays des mille et un bonbons" - Marion et Tordjman - Actes Sud Junior - mars 1998
Des confiseries et des Hommes *
Parmi les grands hommes et les grandes dames de l'Histoire qui furent concernés ou impliqués dans l'évolution de l'art de la confiserie, on peut citer : Alexandre Le Grand, Balzac, Boileau, Blanche de Castille, Alexandre Dumas, César, Catherine de Russie, Colbert, Coligny, qui perdit une bataille pour avoir mangé trop de massepains… ; mais aussi : l'Impératrice Eugénie, Flaubert, Henri III et Henri IV, Hippocrate, Marie-Antoinette, Marie-Louise, Mazarin, La Montespan, Napoléon, Nostradamus, Madame de Sévigné, Socrate, Talleyrand et bien d'autres encore, qui prouvent l'intérêt que les confiseries ont pu avoir sur l'Histoire.
Le rôle des religieux et religieuse est également été très important dans l'histoire de la confiserie : les bonbons de l'Abbaye de Flavigny, les sucres d'orge des religieuses de Moret, ainsi que les confiseries faites à base de liqueur : grande chartreuse, Bénédictine,…
* Source : "Petit guide des douceurs de Franc" - R. Lallemand - Editions Desvigne - 1990
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