Comme je ne suis pas expert en série télé – en prospective non plus, en vin encore moins – je ne jouerai pas dans la cour du bel Antonin le Vindicateurlink favori de Michel Bettane je ne ferai aucune digression sur sa série culte Les Experts www.lesexperts.fr diffusé par les mieux-disant culturel de TF1.
Vitisphère donne la parole à BEM pour reparler des gourous du vin : ils avaient fait déjà l'objet des Rencontres des Vignerons Indépendants avec notamment les interventions de Michel Chapoutier, Denis Dubourdieu et Angelo Gaja. (le taulier signale que le bel Antonin au nom imprononçable par un chrétien en était aussi…)
Bien plus que les gourous, comment ne pas souhaiter voir les experts s'engager ? Ceux de la statistique semblent aujourd'hui plus à l'aise dans l'analyse du passé que dans la prospective.
Donc Vitisphère, afin de combler, ce vide abyssal vous convie à « Retrouvez tous les mois sur Vitisphere.com la Tribune de BEM : l'expertise de la Bordeaux Management School autour d'une problématique professionnelle dans le vin et les spiritueux. Chaque tribune est rédigée par un professeur de l'équipe de recherche "Marché des Vins et des Spiritueux" de BEM. L'auteur de cette tribune consacrée à l'impact des avis d'expert et des interactions pour l'achat du vin est Tatiana BOUZDINE-CHAMEEVA, Enseignant-chercheur, Responsable de l'équipe "Marchés des Vins et des Spiritueux" à BEM : tatiana.chameeva@bem.edu
« Experts et critiques ne cessent d'influencer le marché du vin depuis ces dix dernières années. Les blogueurs amateurs de vin proposent des jugements personnels; Facebook organise un « virtual wine tasting » et permet d'échanger des commentaires sur les vins consommés… Le processus d'achat du vin est complexe : de nombreuses variables sont prises en compte, depuis les opinions des amis aux conseils d'experts, qui peuvent être cruciaux dans la décision d'achat du vin. Notre travail se centre sur l'impact des interactions sociales dans la dynamique du comportement d'achat du vin. Nous supposons que le phénomène est identique à d'autres problèmes de choix individuel social »
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Bon moi je veux bien, mis sans faire injure à l’expertise de Bordeaux Management School, je me permets d’écrire qu’elle se situe dans la catégorie poids plume ce qui ne la disqualifie pas pour autant mais la met à sa bonne place. Je sais le Rémondat va me rétorquer : toujours à râler le taulier qui n’est pas les pieds dans le biseness. Pas si sûr, j’ai beaucoup de mauvaises fréquentations dans le milieu, pas celui où circulent les valises, mais l’autre qui compte en caisses. Les réseaux de ceux qui font ça compte bien plus que les séminaires peuplés d’experts qui vendent leur discours préemballé. J’ironise non pour défendre mon officine : je n’en ai pas et d’ailleurs je n’en ai jamais eu car lorsque je participais à ce genre de truc c’était toujours gratos, mais pour défendre les vrais experts de l'ombre.
La prospective est une chose trop sérieuse pour qu’on la confie à des professeurs. C’est du lourd la prospective : ça demande du temps, des moyens, de l’inventivité, des prises de risques et surtout rien à vendre au bout des travaux. Dans le cadre du Conseil général où je travaille nous venons de mener à la demande du Ministre une étude stratégique de la filière viande bovine. Qu’avons-nous fait après avoir posé le diagnostic. Tout bêtement de la prospective pour proposer 2 scénarii : l’un baptisé au fil de l’eau, l’autre offensif. Pour ce faire nous avons émis des hypothèses sur la base des projections de l’OCDE, de la FAO, nous nous sommes appuyés sur les travaux de l’INRA, de l’Institut de l’élevage, nous avons travaillé sur des panels, nous avons intégré les éléments connus de la réforme de la PAC et de la fin des quotas laitiers, nous avons auditionné toutes les entreprises de la filière, nous avons étudié l’impact des prix des céréales… Nous avons fait le boulot en pleine intelligence avec le cabinet Blézat chargé d’auditer les abattoirs. Notre prise de risques a été saluée et par notre Ministre et par les professionnels pourtant avares de compliments (il s’agit d’une œuvre collective que je vous ai présenté ici link
Dans le secteur agricole si parcellisé, la viticulture n’échappe pas à ce constat, l’expertise publique conjuguée avec celle de vrais cabinets est seule capable de mettre sur la table des éléments de prospective crédibles (je n’ai pas écrit qu’ils étaient justes et incontestables). Alors, ce qui est en jeu pour le présent et l’avenir c’est la capacité qu’auront ceux qui se disent en charge des intérêts de la filière à dépasser le petit bout de la lorgnette et à accepter qu’on leur mette sous le nez des scénarii du possible. Libre à eux de les jeter à la poubelle, de vilipender ceux qui ont osé les proposer, mais que diable cessons ce petit jeu de geignard permanent et adressons-nous, avant qu’ils ne soient passés à la trappe, à de bons experts indépendants et non à des petites mains sympathiques mais qui ne peuvent donner que ce qu’elles ont…