Cher Michel,
J’aurais dû te croiser au beau milieu de la vague rose de l’Assemblée de 1981 si tu n’avais pas envoyé dire au candidat devenu président que seul Michel Rocard était le candidat de l’avenir. Tu étais ainsi Michel, entier, direct, fort de tes convictions. Nous n’eûmes droit qu’à Renée Soum. Si j’évoque ainsi ton engagement politique c’est qu’il comptait tout autant pour toi que ton parcours de chef d’entreprise dans ce beau pays banyulenc.
En fait, j’ai dû attendre que Louis Le Pensec, un rocardien encore, m’envoie démêler le sac de nœuds des Vins Doux Naturels en 1999 pour que nous nous rencontrions. J’ai le souvenir de ce premier dîner à Banyuls où, avant d’aborder le foutu sujet des VDN, ce qui t’importait c’était d’avoir des nouvelles de Michel. L’autre Michel ! Ton œil brillait, ton sourire s’épanouissait, tu te retrouvais avec moi en terre connue. Tu étais trop droit, trop exigeant Michel pour plaire aux électeurs et toutes tes tentatives électives ne furent jamais à la hauteur de tes espoirs.
Ton parcours professionnel fut exemplaire, toi l’HEC débarqué par choix dans une petite coopé fruitière avant de reprendre les rennes, à la suite du Dr Parcé, d’une entreprise en grande difficulté. Nous en avons peu parlé car ton goût te portait à défendre auprès de moi, toujours avec cette forte conviction qui te caractérisait, un vrai projet de relance de la consommation des Vins Doux Naturels. Ce fameux dossier des droits où tu étais bien seul à vouloir sortir de la pente mortifère de leur défense purement syndicale. Oui, Michel, il ne faut jamais avoir raison avant tout le monde, les conservateurs n’aiment rien tant que s’accrocher au radeau même s’il coule.
Voilà mon cher Michel je te devais bien ce dernier mot. Quand j’irai du côté de Banyuls je demanderai à Philippe Albert où tu reposes. À un de ces quatre mon ami… Mes pensées les plus chaleureuses à tous ceux qui t'étaient chers et qui sont dans la peine.
Jacques