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28 avril 2010 3 28 /04 /avril /2010 00:10

Cette chronique je l’avais baptisée : « Désolé je ne suis ni France Bleu Gard Lozère, ni un support papier glacé pour les annonceurs de vin » mais je me suis ravisé et j’ai positivé. Explications de mon retournement.

 

Dès que l’on se retrouve en vue dans un espace public, que l’on est supposé détenir du pouvoir, de l’influence, les solliciteurs vous tombent dessus. Au temps des ors de la République j’ai pu constater l’étendue du phénomène et je pourrais dresser un florilège de l’inventivité du français pour décrocher un passe-droit, une médaille ou je ne sais quelle prébende pour lui-même, sa tribu ou l’un de ses administrés. Sport national qui ne dispense pas les mêmes quémandeurs de pousser des cris d’orfraies sur les comportements, parfois forts répréhensibles, de leurs élus. Mes prises de bec avec l’un de mes Ministres sur sa prodigalité dans l’attribution des droits de plantation en faveur du Chablis m’ont permis de bénéficier d’une solide rancune de la part du principal récipiendaire bien connu des chablisiens. Cependant, dans la sphère privée, la sollicitation existe aussi, elle peut être soit une simple invite amicale, soit parfois une tentation susceptible de vous entraîner sur les sentes du plaisir tarifé par exemple. Reste, le cas le plus fréquent de nos jours, une demande insistante, pressante, insidieuse, voire même assortie d’une forme de culpabilisation. La publicité, la mendicité, les offres de crédit révolving, le vote par sms, j’en passe et des meilleures.

 

Des sollicitations j’en ai connu beaucoup lors de la séquence rapport B, en effet la France est friande de colloques, de tables rondes ou autres séminaires et, sans illusion, j’y servais de produit d’appel. Et puis l’effet s’est tassé et depuis mon petit placard je me suis lancé dans une petite entreprise solitaire, sans grand avenir me disait-on vu que c’était un truc d’ados boutonneux, cet espace de liberté sur lequel je m’exprime encore ce matin. Une poignée de lecteurs, puis petit à petit une pelote assez grosse, puis la sphère médiatique s’est emparée de l’essor des blogs, de leur floraison, de leur prolifération et maintenant me voilà, en compagnie de quelques autres, promu au rang de faiseur d’opinion dans la toute petite bulle des gens du vin. J’aurais de l’influence ! Moi je veux bien mais il ne faudrait pas que la grenouille se crût aussi grosse que le bœuf. Restons à notre place de petits chroniqueurs de l’éphémère et surtout ne versons pas dans les travers qui transforment beaucoup de médias en simple caisse de résonnance d’une information prémâchée ou de passeurs de plats pour le compte des annonceurs.

 

Chacun fait ce que bon lui semble et je ne m’érige pas en parangon de vertu. J’accepte des invitations à déjeuner ou dîner même à petit-déjeuner, je suis preneur d’informations en tout genre, les écrivains du vin ou les écrivains tout court peuvent m’envoyer leurs opus pour que je les lise, pour que j’en parle, les organisateurs de dégustation aussi diverses que peu variées peuvent solliciter la présence incontournable du « long nez et gorge profonde » non patenté que je suis, j’accorde sans aucun problème mon haut-patronage de Secrétaire-Perpétuel autoproclamé de l’ABV aux associations de boulistes ou de tireurs à l’arc qui le souhaiteraient, je suis aussi en mesure d’écrire des discours pour présidents de foires expositions ou de comices agricoles mais je ne chante pas en fin de banquet, pour les hommes et femmes politiques ayant déjà beaucoup donné je ne fais plus le nègre, je peux aussi comme vous l’avez lu ici récemment marier des vins pour des copains ou collègues, comme je suis aussi bon débateur – ne vous inquiétez pas de mes chevilles – je me précipite comme un mort de faim sur le moindre micro qui m’est tendu et je suis prêt à toutes les vilenies pour passer à la télé, j’adore danser, j’aime beaucoup animer le genre tombolas ou lotos de clubs du 3ième âge, je cuisine bien donc je peux faire des extras à la rigueur, je fais mes courses même chez les grands distributeurs qui ne bossent que pour les pauvres dont seul Hervé Bizeul se préoccupe donc au besoin je peux vous rapporter quelques produits indispensables au quotidien : du gel coiffant façon mouillé pour la crête de coq du fils et les cotons de démaquillage pour la fille, donc comme je sais à peu près tout faire vous pouvez tout me demander, sauf des rapports, même de vous accompagner chez votre belle-mère pour assurer la conversation mais de grâce ne me pompez pas l’air avec des trucs du genre : annonce de festivals de ceci ou de cela tous aussi passionnants ou prometteurs les uns que les autres. Quand à ceux qui veulent me faire pisser de la copie au mètre qu’ils s’adressent aux spécialistes du genre y’en a plein sur la Toile. Comme je suis un bon petit camarade je ne donne pas de noms.

 

Je ne suis ni France Bleu Lozère ni un support papier glacé du vin. Si vous souhaitez que je parlasse de vous, de vos œuvres et de tout et tout, séduisez-moi, faites-moi rêver ou rigoler mais s’il vous plaît ne m’envoyez pas des communiqués à reproduire en copié-collé que je vais retrouver 9 fois sur 10 chez mes « concurrents » en version courte ou intégrale. Faites frétiller vos neurones, secouez-vous les méninges, agitez votre boîte à malices, jouez-moi de la mandoline sous mon balcon, faites péter les bouchons, trouvez la faille dans ma belle cuirasse, solliciteurs et solliciteuses. Les mauvaises langues diront que je suis achetable mais qu’il faut y mettre le prix. Essayez, vous verrez bien !

 

Bref,  tout ça pour vous dire que j’ai beaucoup aimé le courrier de Mr Miro ci-dessous et qu’en revanche le bout de message de madame Florence Barthélémy qui suit, pourtant lesté d’un abondant dossier de presse, de l'affiche et du programme de l’évènement, m’a fait penser : « ici ça n’est pas écrit la Poste » et provoqué cette éruption matinale. Désolé madame Barthélémy je ne suis pas France Bleu Gard Lozère et même s’il vous semble que je fusse un amateur de vin et de littérature, alors que vous vous me semblez être une institutrice à la retraite qui menait son petit monde à la baguette, c’est avec un soupçon de regret que je fais un tout petit peu de publicité pour votre dictée toute vigneronne qu’elle fût. Quand au dernier solliciteur c’est le type même de l’attrape-couillon.

 

1- Sollicitation sympathique

 

Cher  Monsieur,

 

Je  découvre   avec   un  certain   plaisir que  la  passion  pour   le   vin  est  en   vous, et  j'en  suis  le   premier  heureux  tellement  vous  en  parlez avec respect ! Je suis moi-même un vigneron à la retraite et j’apprécie que l’on aime cette profession.

Il se trouve que dans cette retraite, je me suis retrouvé à la présidence du comité des fêtes de mon village ! Forcément mon idée a été d’organiser une foire aux vins qui fut un succès. Cette année encore nous renouvelons cette manifestation avec cette fois 8 appellations du Languedoc et j’aimerais y ajouter un vin d’Ariège, mais ces derniers se font tirer le nez : tout ceci pour vous dire combien il me serait agréable de vous compter parmi nous, et je vous ne le cache pas, avec le secret espoir d’obtenir de vous un petit mot sur notre foire qui se tiendra le 13 juin à GARANOU 09 le dimanche avant la fête des pères y serez-vous ?

J’étais vigneron dans l’appellation St Chinian et cette profession me manque alors j’organise une foire chaque année à même époque.

Cordialement Mr MIRO

 mapdata.gif

2- Sollicitation type France Bleu Gard Lozère

 

Bonjour,

 

Organisatrice du festival "La Plume et le Vin" qui aura lieu le samedi 8 mai 2010 à La Calmette dans le Gard, ce festival a pour vocation de réunir les amoureux de la littérature et du vin. Et dieu sait qu'ils sont nombreux. Tout amateur de vin... et de littérature que vous semblez être, pourriez-vous annoncer ce festival sur votre blog ? Je vous joins le dossier de presse, l'affiche et le programme de cet évènement Bien sincèrement,

Florence Barthélemy

 

3- Sollicitation attrape-couillon

 

Partenariat

S. Cismondo

Bonjour,

 

Je viens de visiter votre site, et je me permets de vous contacter pour vous faire une proposition.

 

Je possède une boutique en ligne, avec entre autres un certain nombre d'articles design destinés au vin et à la cuisine: sets à vin, tire-bouchons, seaux à glace, sacs isothermes spéciaux pour dégustation de vin, ustensiles originaux pour les huiles et les épices, planches à fromage, etc... Le mot clé ici est "design": ce sont des produits originaux de haute qualité, tous aux normes CE.

 

Je recherche des partenaires dans le but de m'aider à augmenter mes ventes. J'offre une commission de 8% par vente (plus un bonus pour mes partenaires les plus efficaces), et je précise tout de suite qu'il n'y a ni frais de dossiers, ni stock à acheter. Je vous fournirai tout le nécessaire gratuitement: un système de suivi de vos clics et de vos ventes, des bannières, ou encore des pages cibles destinées à accrocher vos clients (exemple: http://www.hasta-luego.net/sp_arts_table/index.php?affiliate=63 ). La conclusion de la vente, le service après vente, les éventuels retours ne vous concerneront en rien.

 

Proposer mes produits à vos visiteurs comporte deux avantages: tout d'abord, vous pourrez générer un petit revenu complémentaire sans trop d'efforts, et sans que cela vous coûte le moindre centime. Ensuite, vous intégrerez ainsi à votre site un complément tout à fait adapté.

 

Vous trouverez mes coordonnées complètes, ainsi que la possibilité de vérifier mon statut de professionnel, sur le formulaire de contact de mon site. Ceci dans le but de prouver que je suis quelqu'un de sérieux.

 

Cordialement,

 

S. Cismondo.

http://www.hasta-luego.net

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commentaires

B
<br /> <br /> Réponse de "l'intitutrice à la retraite" :<br /> <br /> <br /> si mon courriel a eu le don de vous irriter, vous n'aviez qu'à tout simplement le jeter à la poubelle. Pour votre information personnelle, c'est dans le cadre d'un stage d'insertion<br /> professionnelle que j'organise ce festival et je vous laisse imaginer combien il est difficile de faire connaître ce que l'on organise (surtout quand on ne fait pas partie d'un réseau) et un coup<br /> de pouce (un gentil coup de pouce) aurait été le bienvenu.<br /> <br /> <br /> Vous semblez critiquer le style (ou le non-style) de cette lettre. Et tout le reste. Vous me faites passer pour une abrutie. Soit ! C'est votre droit bien que ce ne soit pas très élégant et de<br /> plus totalement gratuit. Vous avez parfaitement raison. La prochaine fois, je m'adresserai à des professionnels bien plus respectueux que vous y compris lorsqu'ils ne sont pas intéressés.<br /> <br /> <br /> Bien cordialement,<br /> <br /> <br /> Florence Barthélemy<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> <br /> Madame,<br /> <br /> <br /> Que vous trouviez ma façon de faire peu élégante je peux en convenir mais mettez-vous un instant à ma place vous débarquez dans ma messagerie sans vous présenter, en dehors d'un titre<br /> d'organisatrice d'un festival, sans me dire 3 mots sur le pourquoi du comment de votre initiative. Je ne vous demandais pas une tartine mais le minimum. C'est la moindre des politesses. Que vous<br /> ayez des difficultés à organiser votre festival je le comprends aisément mais était-il vraiment hors de portée de votre emploi du temps de me dire que c'était dans le cadre d'un stage d'insertion<br /> professionnelle. Voilà un angle intéressant pour une chronique. Je ne vous ai en rien fait passer pour une abruitie mais vous êtes bien dans le style du moment : je demande en 3 coups de cuillère<br /> à pot sans même prendre en considération mon interlocuteur. Par exemple pourquoi, même pour la forme, n'avez vous pas eu la courtoisie de m'inviter avant de me demander ce coup de pouce<br /> gentil. Vous avez bien pris le temps de me répondre longuement parce que je vous ai un peu rudoyé. Si ce n'était qu'une affaire de style je n'aurais rien dit mais là, relisez-vous c'était<br /> vraiment pas très chaleureux. Bref, adressez-vous aux médias traditionnels, dont la qualication de sérieux prête à sourire quand on les lit ou on les entend, ça ne me pose aucun problème.<br /> Posez-vous quand même une question : croyez-vous que mes lecteurs aient envie de lire des communiqués de presse ? La réponse est non et puisque la réponse est non pour que je puisse écrire<br /> des chroniques qui les intéressent, y compris sur votre festival, encore faut-il d'abord me donner envie et me procurer des matériaux. C'est certes du travail mais croyez-vous qu'écrire<br /> des chroniques ce n'est pas aussi du travail. Si vous voulez un buzz via l'Internet croyez mon expérience de 5 années de chroniques sortez un peu des sentiers battus, vous avez de la matière mais<br /> vous la traitez comme le font les agences de com qui inondent ma messagerie. Mes piques sont peut-être désagréables mais pas gratuites mais si vous voulez donner une autre dimension a votre<br /> festival croyez-moi donnez-nous envie de faire le déplacement.<br /> <br /> <br /> Bien à vous et bon festival !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
N
<br /> <br /> Merci, je vois mieux. Je ne comprenais pas bien le qualificatif très péjoratif donné au message très ordinaire et très correct de M. Cismondo où il n'y a, il me semble, pas le moindre élément<br /> destiné à des "couillons". Il ne vous promet pas un seul instant de gagner autant que Google à coup de clicks... Il présente simplement un mécanisme qui est est coeur de l'économie du Web. Bien<br /> sûr tout le monde n'y devient pas millionnaire, mais il y en a tout de même, et les autres n'y auront pas perdu grand chose de tangible. Ce n'est pas comme dans le commerce en dur ("Brick and<br /> mortar") où il faut commencer par sortir pas mal d'argent pour le pas-de-porte ou le fonds. En tout cas, c'est sympathique d'avoir laissé gratuitement le lien de M. Cismondo!<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
N
<br /> <br /> Euh, faut qu'on m'explique car je ne vois pas où il peut y avoir des couillons à attraper dans cette affaire? Ou alors M. Google est le roi des couillons?<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Soyez plus explicite cher Professeur ! Que vient faire Google dans cette affaire ?<br /> <br /> <br /> En la matière le qualificatif de couillon s'appliquait à celui qui s'imaginerait gagner de l'argent de cette manière sur un blog. Pour le reste tout commerce licite sur le Net ne me dérange pas<br /> même si le taux d'échec de ce genre d'entreprise est énorme.<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> <br /> Ton égo dûsse-t-il en souffrir, Jacques, j'ai reçu la même sollicitation que toi - je veux parler de l'attrappe-couillon, bien sûr. Ce qui prouve qu'on est plusieurs couillons sur la Place.<br /> <br /> <br /> Hervé<br /> <br /> <br /> <br />
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