Dans ma Vendée profonde il existait une catégorie de femmes, généralement mûres, dont l’essentiel de l’activité sociale, vu qu’à cette époque « les femmes ne travaillaient pas », consistait à arranger des mariages. Les marieuses donc, ne s’embarrassaient guère de la carte du tendre ou, comme de nos jours dans les magasines féminins, de conseils pour dénicher l’âme sœur ou pour goûter au plaisir extrême du coup de foudre. L’important pour elles étaient d’assurer, au mieux des intérêts des parents, la croissance externe des métairies : d’unir des jeunes gens qui avaient du bien. Je vais m’en tenir là pour ne pas tomber sous le coup d’une « inculpation » d’analyse psychanalytique à deux balles, pour un usage plus conforme à la norme vous pouvez vous reporter au dernier ouvrage du stakhanoviste à la triste figure, le philosophe taliban : Michel Onfray avec son dernier opus Le Crépuscule d’une idole, l’affabulation freudienne.
Mon propos de ce matin est bien plus terre à terre : je souhaite reprendre le fond de commerce des marieuses pour le masculiniser et le moderniser : je vais m’installer comme auto-entrepreneur marieur de vins. Qu’est-ce donc que cette nouvelle engeance berthomesque ? Tout d’abord le résultat du triste constat que mon « immense talent » de conteur de vins ne séduit aucuns vendeurs de vin. Y préfèrent soit les tartines copié-collée des gars et des filles sorties des z’écoles de commerce genre BEM, soit l’éloge des schistes ou des micaschistes du triasique profond car, comme tout consommateur le sait, le Trias est une subdivision de l’ère Mésozoïque comprise entre -251 ± 0,4 et -199,6 ± 0,6 millions d'années qui précède le Permien et qui est suivi par le Jurassien. Pourtant, j’ai toujours décroché le prix de géologie à l’école d’agriculture de la Mothe-Achard mais le frère Buton n’est plus là pour témoigner de ce talent ignoré.
Ceci écrit, il faut bien que mon ego surdimensionné en prenne un coup sur son beau chapeau Motch, comme j’ai de la ressource : à l’image de certains de mes collègues journalistes encartés : « je fais des ménages ». En clair, sollicité par e-mail par des collègues de travail ou des amis qui marient leur progéniture, en sus de mon job officiel, je fais le marieur de vins pour les repas de mariage. Illustration de mes propos voici le texte reçu le 1ier avril 2010 :
Bonjour,
Je vous avais parlé de la question du choix des vins pour le mariage de ma fille aînée en Bretagne en juillet prochain.
Le menu sera le suivant :
Vin d’honneur avec canapés...
Puis le repas :
Entrée : aumônière de Saint-Jacques
Poisson : St Pierre sauce Noilly flan de légumes/ballotin de riz
Viande : Pavé de veau sauce aux cèpes fagot de haricots/tomates provençales/gratinée de pommes de terre
Fromage : Chèvre chaud au miel et salade
Dessert : Pièce montée noix de coco/fruits de la passion
Merci de vos conseils.
Voilà ! Pour ceux qui se précipiteraient pour actionner les plus hautes autorités de la République sur mes activités au black je les rassure : mes conseils sont ici gratuits. Cependant, comme je suis une grosse flemme, j’ouvre un appel à 2 catégories de lecteurs : les es-spécialistes accords mets-vins et les vignerons qui veulent vendre du vin pour qu’ils m’aidassent dans cette tâche ardue. Je suis preneur. Deux détails d’importance : ça se passe en Bretagne donc il est des proximités géographiques dont il faut tenir compte et mon collègue n’a pas un portefeuille à soufflets...
Merci pour votre aimable et rapide collaboration... à vos claviers !