Chablis, paisible bourgade de Basse-Bourgogne, avec ses 2300 habitants, ses labels ville fleurie et « Vignobles & Découvertes » octroyé par le Conseil Supérieur de l'œnotourisme et destiné à promouvoir le tourisme sur le thème du vin et de la vigne, c’est un petit Dallas où Isabelle Saporta devrait aller enquêter.link
LeRouge&leBlanc a l’art et la manière de me permettre de pondre des chroniques, les pieds en éventail, sans me fatiguer. Le pied comme on le disait pour faire jeune au temps où je n’étais pas encore vieux.
Je m’explique.
L’an passé je suis allé traîner mes godasses « dans ce véritable océan de vignes qu’est le Chablisien. » accueilli par mes amis Alice&Olivier de Moor et après une leçon de vigne avec Olivier et une plongée en cave, Thomas Pico nous a consacré son après-midi pour nous mener lui aussi dans ses vignes et dans son chai.
J’étais accompagné par une jeune et pertinente dégustatrice ce qui m’a permis d’écouter. Selon ma bonne habitude je n’ai pris aucune note et une fois rentré en mon pigeonnier parisien, telle la cigale de la fable, je me trouvai fort dépourvu. Vu mon bas niveau de connaissances de la vigne et du vin je ne me sentais pas en état de retranscrire les riches heures passées en Basse-Bourgogne chez ces 2 vignerons qui défrisent la grosse cavalerie chablisienne.
Je m’étais promis de trouver une occasion de dire tout le bien que je pensais de Thomas Pico. Une nouvelle occasion me fut donnée la semaine passée lors de mon passage à la sauterie des Affranchis à Savigny-les-Beaune. Mais toujours aussi cossard, sans jeu de patronyme, comme il faisait si beau, je me suis contenté de faire des photos en me disant Thomas il sera présent au 30 ans du LeRouge&leBlanc le dimanche 27 avril à la Cartonnerie link et à la 2ème édition du salon Rue89 des vins, les dimanche 27 et lundi 28 avril 2014, de 10h à 19h, à La Bellevilloise.
Bref le taulier, injustement accusé de stakhanovisme, n’en fichait pas une rame.
Et c’est là que Jean-Marie Gatteron vint pour dire, en lieu et place, beaucoup mieux que moi, tout le bien qu’il pensait de Thomas et de ses vins.
Ça ne m’empêche pas d’écrire que Thomas est un garçon sensible, inquiet, qui doute – c’est une grande qualité – s’interroge tout en traçant le chemin qu’il a choisi, sans forfanterie mais avec une approche pragmatique fondée sur de profondes convictions.
Il faut les avoir solidement chevillées au corps ses convictions à Chablis et Thomas a confié à JM Gatteron « avoir connu de grands moments de solitude » qu’il a pu surmonter grâce aux conseils de ses voisins et les rencontres avec d’autres vignerons. Il aurait pu « se contenter de jouer les moutons de Panurge en imitant nombre de ses collègues adeptes d’une viticulture conventionnelle avec son arsenal technico-chimique. »
Chablis, sa renommée mondiale, « trop souvent usurpée », c’est un territoire de vignes où les remises en question devraient être à l’ordre du jour. Tel n’est pas le cas et il faudrait que nos chers collègues gouteurs patentés condescendent à mettre un peu plus les pieds dans le vignoble que leur cul dans de confortables fauteuils de soi-disant dégustations parisiennes ou chablisiennes.
LeRouge&leBlanc ne mange pas de ce pain-là.
« Lorsque tu es en bio, tu es toujours critiqué. On regarde plus attentivement les 5% de vignes en bio, alors que personne ne fait attention aux vignes désherbées. Alors la meilleure façon de se faire respecter, c’est d’essayer de bien travailler ! »
Ça s’appelle l’exigence.
« Ce n’est pas parce qu’on n’est pas interventionniste qu’il ne faut rien faire, bien au contraire… »
Il peut sembler que l’on profère une banalité en constatant que les vins sont très souvent au niveau de celui qui les élabore. Plus je vais dans mes pérégrinations de petit blogueur plus je le vérifie. La bonne volonté, la passion, un naturisme mal assuré, ne suffisent pas à faire d’un bon garçon ou fille un vrai vigneron.
Thomas est jeune, quelle chance, alors il progresse, il constate dans son travail en cave de vraies évolutions, il n’est pas assis sur des certitudes, de nouveaux dogmes intangibles, il avance. « C’est un métier de fou, un métier ultra-complet et dur » confie-t-il.
Mais nos amis du LeRouge&leBlanc, tels des bonnes fées, veillent sur ce « jeune loup » qui selon eux est une espèce à protéger et de former le vœu que dans les prochaines années Thomas fasse des émules et chasse en meute.
Moi qui ne suis pas chasseur j’imagine le terroir de Chablis retrouvant le sens de l’origine…
Bien, mais vous allez me dire taulier tu n’as pas causé des vins du domaine Pattes-Loup de Thomas ?
Ben oui camarades syndiqués, qui voulez tout savoir sans jamais rien payer, ça vous le trouverez page 5 du numéro de printemps le 12 LeRouge&leBlanc.
Bonne lecture, abonnez-vous qui disait le Taulier !