Il y a quelque temps je me suis fait tancer « Nous n’avons pas gardé les vaches ensemble… » par un journaliste parisien, de gôche, car je m’étais permis de le tutoyer sur Twitter.
Ça m’a fait sourire :
1- Car je n’ai pas le tutoiement facile, ce n’était de ma part qu’une forme paternelle de m’exprimer vu son âge ;
2- Car, à gôche, le tutoiement est consubstantiel à l’encartement ;
3- Car de nous deux j’étais bien le seul à avoir gardé vraiment gardé les vaches…
Tout ça pour revenir à mon sujet du jour : mes vaches, même si tous les fromages ne sont pas de vaches car brebis et chèvres sont aussi de la partie.
Dans l’avenir laitier proche, celui qui fera suite à la rupture des quotas laitiers en 2015, la production de fromages à haute valeur ajoutée dans les zones qui seront soumises à la déprise laitière, sera vitale pour ses territoires qui ne peuvent s’aligner sur les « usines à lait » de l’arc Ouest de notre pays en capacité de mettre en marché du lait pour l’exportation de poudre de lait ou des fromages industriels.
Les territoires de conquête, de reconquête de produits à haute valeur ajoutée comme les fromages artisanaux ou fermiers, sont tout aussi importants pour la vitalité de notre pays que la grosse cavalerie débitée par la GD ou la bouffe industrielle comme par exemple la mozza à pizza.
Pour cette piqure de rappel j’ai ressorti une chronique d’avril 2011 où j’écrivais :
Comme nous vivons un Temps où chacun affirme ne plus avoir de temps, mettre ses pas dans les pas de ceux qui le prennent, c’est prendre le parti d’une forme de vie, celle qui respecte le rythme où les choses se font. Accélérer le temps, faire vite, à la va-vite, c’est ôter leur goût aux choses, les rendre bien souvent incolore, inodore et sans saveur.
Seule l’eau répondant à cette définition l’affadissement généralisé n’est porteur que de banalité. La différence alors ne se fait plus que sur des images : ainsi fleurissent sur les étiquettes des fermières, des Perrette et leur pot au lait mais adieu vaches, cochons, couvées, le camembert, le munster nous désespèrent et dans leur pochon plastifié nos fromages ne sont plus que des produits dérivés du lait, des subprimes fromagères !
Accusés : la GD et le HD avec la litanie des pousseurs de caddies qui consomment du prix. Dureté du temps certes mais il y aurait trop de facilité à s’en tenir qu’à une charge contre les Mammouths.
Le petit commerce spécialisé est-il toujours à la hauteur ?
Se différencie-t-il vraiment des rayons à la coupe des Grandes Surfaces ?
Ses fromages trop souvent ne sont que les cousins germains de ceux que l’on retrouve frigorifié dans les armoires de la GD.
Un produit de caractère a besoin d’être bien né et bien élevé pour tenir ses promesses dans notre assiette. Et ça là qu’interviennent mes 3 A : A comme Affineur, A comme Alleosse, A comme Artisan.
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Le titre de ma chronique du jour est tiré de cette citation
« Le fromage est un aliment typiquement paysan, et quand il s’agit de donner à manger aux paysans, il leur est, pour ainsi dire administré d’office : au XIIIe siècle, les paysans qui dépendent du monastère de Saint Côme et Damien à Brescia, lorsqu’ils se rendent en ville pour déposer le paiement des locations, reçoivent tous un « goûter » composé de pain et de fromage. En revanche, l’agent qui supervise les travaux des vendanges, pour le compte des propriétaires, reçoit pain et viande. L’opposition ne saurait être plus claire : le fromage est la viande des paysans. » Massimo Montanari « Entre la poire et le fromage »