Le Spécial Vins du POINT, n’en déplaise à la concurrence, c’est la référence.
Le Dupont Merveilleux du Vignoble, en bon capitaine au long court, tient d’une main ferme la barre du navire avec comme équipage deux quartier-maitres expérimentés : Laure Gasparotto et Olivier Bompas.
Ce matin je vais me pencher sur deux de leurs instruments de travail : le nez et la bouche.
Le Pacha du navire dans son opus « choses bues » dès la première ligne affirme que « le nez est une invention récente » pour se poser en quasi-phénomène de l’olfaction : « imaginez un peu de recevoir un week-end quelqu’un qui, dès le pas de la porte franchi, se met à renifler et marque l’arrêt comme un épagneul breton sur la piste d’un garenne. » Donc le Jacques, en bon fils d’un préparateur de pharmacie à l’ancienne, vous l’aurez compris a du pif. C’est un nez et pourtant moi qui suis un lecteur attentif et sourcilleux de sa prose dégustatrice je n’y trouve que peu de place pour cet appendice alors que pour la bouche c’est Byzance avec une forte prédominance de la bouche tendue.
Dans l’avion qui me ramenait de Toulouse, pour oublier mes vaches et leurs millions de litres de lait, sans faire cette fois-ci la statistique link j’ai retrouvé ce goût immodéré de Jacques pour la tension. N’étant pas très branché psychanalyse je conseille à notre Merveilleux du Vignoble de s’adresser à ses collègues du Point Christophe Labbé et Olivia Recasens qui, dans le même numéro, écrivent sur les démêlés du peuple lacanien, afin qu'ils nous éclairent sur le fait qu’un nez remarquable vénère autant la bouche ?
Chez Jacques, hormis la tension, la bouche est aussi, avec parfois pour atténuer ou accentuer des un peu, des assez, des très ou des bien :
Intense, large, élégante, souple, douce, puissante, ronde, légère, dense, moelleuse, fraîche, tendre, savoureuse, épicée, poivrée, réglissée, boisée, lactée, fumée, fruitée, chocolatée, parfumée, sapin brulé, serrée, parfumée, fondue, vive, ferme, agréable, durcie, séchante, jeune, fine, tannique, onctueuse, complexe, riche agressive, mûre, ample, grasse, minérale, profonde, pleine, délicate, dure, sèveuse, accrocheuse, garnie, droite, confite, rustique, charnue, discrète, extraite…
En revanche, surtout chez Laure Gasparotto, et un peu moins chez Olivier Bompas, le nez occupe une place centrale. Influence inconsciente du maître, vénération, je ne sais et d’ailleurs peu importe.
Chez Laure donc le nez, avec des légèrement et des finement, et quelques atténuations, peut être :
De velours, superbe, envoûtant, séduisant, boisé, élégant, joliment fruité, plein de fruits, un pinot noir qui sent l’alsace à plein nez, exubérant de fruits rouges, de cerise noire, kirché, d’épices de fruit, de pruneau, friand, de confiture, de noyau de cerise, de cerise mûre, épicé, d’épices douces, très joli, fraise des bois, extravagant, de pâtisserie, de notes fruitées, élégant, magnifique, somptueux, herbacé, mentholé, immédiat.
Chez Olivier pour lui le nez peut être :
Prononcé, élégant, racé, complexe, très expressif, séduisant, très ouvert, très frais, fin, sur les fruits blancs.
Voilà la messe basse est dites maintenant nous allons passer à la chantée avec quelques psaumes de notre Merveilleux du Vignoble et de ses deux acolytes.
Auparavant cependant je ne puis m’empêcher de faire remarquer au Merveilleux du Vignoble que, tel maître corbeau par l’odeur alléchée, son titre : Pomerol s’invite à l’hippodrome me fit saliver. À la lecture énorme déception car j’eus droit à la version officielle : vinifier dans l’aire afin d’ « éviter la fraude et l’achat de deux rangs de vignes pour pouvoir faire figurer pomerol à son tarif ». Allons Jacques, à qui fera-t-on croire cela ? Pas à ceux qui sont là depuis des années et qui n’ont que la rivière à traverser. Pour preuve, lorsque je rencontrai ce cher Jean-Louis Trocard porteur de l’étendard de la révolte, et peu suspect d’être un excité, je pus constater que des vieux comptes étaient en train de se régler et que certains grands prédateurs voyaient dans cette mesure le moyen de récupérer de beaux arpents de vignes de Pomerol. On n’entendit même le maître proposer la création d’une coopérative de vinification aux vilains petits canards. Bien sûr qu’il faut éviter la fraude cher Jacques mais encore faudrait-il que ceux qui se drapent dans des règles strictes s’appliquent à eux-mêmes ce type de règles puisqu’ils font pénétrer dans l’aire Pomerol d’autres appellations moins prestigieuses pour les vinifier. Position bien française de soi-disant protection du consommateur. Reste la pantalonnade de l’hippodrome de Libourne. Enveloppe exceptionnelle de droits de plantation, intervention de la SAFER, oui « un coup de maître » cher Jacques ! Je n’irai pas au-delà, à chacun sa vérité, la mienne nourrie d’une longue fréquentation de ceux qui s’arrangent, garde une certaine valeur.
Revenons au vin.
Signé : Jacques Dupont Merveilleux du Vignoble
Pomerol Millésime 2008
15,5/16- Duo de Conseillante « fruits noirs, épices, chocolat, bouche ronde, souple, tendue, pas encore fondue, bonne matière, serré, devrait bien évoluer. Encore un peu jeune, fraîcheur et tension. 30€
Vacqueyras Millésime 2009
16- Château du Trignon famille Quiot « Fruits noirs, réglisse, mûres en gelée, bouche ronde, savoureuse, ronde en attaque, un peu de bois, rond, gourmand. 12€
Savigny-lès-beaune Millésime 2009
16/16,5 - Maison Jean-Claude Boisset Aux Serpentières « Réducteur, bouche tendue, dense, fermé, plein, riche, intense, long, beaucoup de fond, joli vin. 34,70€
Vouvray Millésime 2009
15,5 – Domaine Yves et Denis Breussin « Agrumes, poivre blanc, bouche grasse, minérale, ample, tendue, fraîche, très élégant, bien équilibré. 5,20€
Collioure Millésime 2008
15,5- Domaine de la Rectorie « Côté mer. Fruits noirs, thym, bouche tendue, vive, très parfumée, tanins un peu marqués en seconde séquence, très savoureux. 14€
Côte-rôtie Millésime 2009
17 – Domaine Jasmin « Vin d’assemblage de 11 parcelles, sur 8 lieux dits. Violette, bouche puissante, tendue, assez extraite, serrée. Un vin un peu violent, élégant, très frais, tendu, beau fruit. 27€
Chablis Millésime 2008
15,5 – Valmur – Jean-Marc Brocard « Minéral, bouche tendue, élégante, vive, longue, très minérale, porté par une belle acidité qui le structure ; vin de garde. 31€
Signé : Laure Gasparotto
Côte-de-brouilly Millésime 2010
18 – Robert Perroud Fournaise du Pérou « Un nez magnifique d’une richesse profonde et prometteuse. Superbe vin, où tout est là, complexité, minéralité. Longueur éblouissante. 12,50€
Signé : Olivier Bompas
Ajaccio Millésime 2008
17 – Clos d’Alzeto Prestige 2008 rouge « Elevage soigné, beaucoup, de structure, matière riche, poivre, épices, tanins très savoureux, long, fruité, pur, maquis, laurier, basalmique 11,50€