Du 30 novembre au 11 décembre 2015, la France accueillera près de 200 chefs d'Etat et de gouvernement pour la 21e conférence sur le climat. L’objectif étant d’aboutir à un accord international visant à contenir en deçà de 2 degrés le réchauffement climatique d'ici à la fin du siècle.
Pour mieux comprendre les enjeux cruciaux pour notre avenir, celui de notre planète, L’Express entreprend la publication d’une une série de grands entretiens sur cette question en commençant par avec Emmanuel Le Roy Ladurie, professeur honoraire au Collège de France et l'un des meilleurs spécialistes de l'histoire du climat.
Votre Taulier toujours curieux avait en novembre 2011 chroniqué sur « Les fluctuations du climat de l’an Mil à nos jours au travers des dates de vendanges et la qualité du millésime : du Le Roy Ladurie» link
L’Express l’interroge d’emblée sur l’intérêt qu’il portait à ce sujet :
« Dès 1967, vous avez publié une Histoire du climat depuis l'an mil. La question du réchauffement vous tracassait-elle déjà? »
Sa réponse est claire :
Non, c'était plutôt dû à mes origines. Agriculteur en Normandie et député, mon père ne cessait de pester contre les pluies qui gâtaient les récoltes et endettaient les paysans. Plus tard, j'ai été nommé professeur dans le Languedoc, où la météo n'avait plus rien à voir. J'ai alors mesuré l'influence majeure du climat sur le blé, la vigne, et ses conséquences sur la vie des hommes. En me penchant ensuite sur l'histoire rurale, j'ai aussi découvert l'importance des crises de subsistance, qui, autrefois, pouvaient décimer des millions de gens. Elles étaient en grande partie liées au climat, or personne ou presque ne s'était vraiment penché sur la question.
Du coup, je me suis lancé. Mes collègues ne prenaient pas ce sujet au sérieux, car ils postulaient que l'homme tout-puissant ne pouvait être soumis au déterminisme des aléas climatiques. Ils doutaient aussi qu'il y eût des sources fiables. Or les outils existaient bel et bien, et il a vite été confirmé que les historiens étaient même mieux armés que les climatologues pour remonter dans le passé météorologique, en particulier parce qu'ils maîtrisent le latin, langue indispensable pour avoir accès aux témoignages anciens. Ces travaux m'ont permis d'établir que les famines et les événements politiques, économiques ou sociaux qui les ont parfois accompagnées étaient souvent dus à la combinaison de guerres et de mauvaises récoltes. Oui, le climat peut bousculer nos destins.
La suite de cette interview est passionnante, je vous invite à la lire ICI link