Ainsi s’exprimait Rebecca Manzoni dans le Tubes & Co de France-Inter du vendredi 8 novembre 2013. Au début de cette année la voix de notre ami Bernard Maris s’est tue brutalement mais l’image est tellement belle qu’elle est maintenant éternelle.
Depuis fort longtemps je brûlais du désir de faire une petite chronique dominicale sur Adriano Celentano qui, avec Svalutation et I want to know à la fin des années 70, le début des années Giscard en France, alors que l’Italie en terminait avec ses années de plomb, occupait une place toute particulière dans ma discothèque où la chanson italienne ne tenait pas un grand espace.
Ce grand escogriffe, qui avait l’âge de mon frère aîné, Celentano est né en 1938, avec ses incroyables futals à pat’d’eph et ses bottines crème, me bluffait par son sens de la dérision mis au service d’un rock efficace. Celentano ce sont mes 30 ans et, je dois avouer que Rebecca Manzoni parle de lui beaucoup mieux que je ne le ferais.
Je la cite :
« Ah ça ! Ce n’est pas tout le monde qui vous fait un tube avec le mot dévaluation entre 2 wouap dou wouap. Au mitan des années 70, Adriano Celentano réussit donc le tour de force suivant : faire un carton avec des considérations économiques et financières. Il chante l'incompétence du gouvernement italien, les salaires qui permettent de ne se payer qu'un café et cette Italie qui remplit les stades de foot pour oublier.
C'est alors 2 univers qui se télescopent : la crise de 76 chantée sur une musique qui accompagna la croissance économique d'après – guerre, j'ai nommé, le rockabilly fifties. Aussi, les premières notes de Svalutation sonnent – elles comme un hommage à ce morceau chanté 20 ans plus tôt.
Cela dit, la musique de Svalutation, n'est pas que nostalgie. La chanson de Celentano contient en son cœur une rupture. Un rythme syncopé, sorte de ska seventies, qui accueille des paroles optimistes.
À l'heure où les élites quittent la vieille Europe, cette chanson pourrait être écrite aujourd'hui. Enfin, Svalutation, c'est un peu comme si Ségolène Royale chantait la bravitude en se prenant pour Elvis. Parce qu'Adriano aussi, il invente des mots. En italien dévaluation, ça se dit : svalutazione. Et le truc d'Adriano c'est de nous américaniser l'affaire. Dans cette chanson, tous les mots en « ation » : assassination, lettation, scontration sont des anglicismes à la rital. Des mots inventés, comme un clin d'œil à un tube qu’Adriano chantait 4 ans plus tôt et qui s’intitulait « Prisencolinensinainciusol »
Ce titre est imprononçable et surtout, ça ne veut rien dire. Parce que cette chanson est entièrement écrite en yaourt. Ça veut dire que Celentano a commis un tube rien qu’en chantant du charabia MAIS avec l'accent anglais. Il se moquait ainsi de la fascination de ses compatriotes pour tout ce qui sonnait américain.
Svalutation qui resta dans les hits parades 5 mois durant, en France, en Italie, en Belgique, en Allemagne. Et même en Suisse. À partir de cette chanson là, Celentano se mit à faire de la télé pour parler écologie, morale, et politique.
Dans les années 2000, il fit aussi des shows anti – Berlusconi. Lors des élections législatives de Février dernier, il a appelé à voter pour le mouvement 5 Stelle de Beppe Grillo. »
Les Arènes de Vérone, en plein air, les 8 et 9 octobre 2012, Adriano Celentano, après dix-huit ans d'absence, à 72 ans remonte sur scène pour deux concerts historiques Rock Economy.
Exceptionnel, je vous invite à visionner la vidéo, presque 2 heures mais ça vaut le coup je vous l’assure, les superbes images de Vérone, des arènes, de la communion du public avec Adriano, c’est un grand et beau moment. J’aurais aimé y être.
Afin que le spectacle soit accessible au plus grand nombre de spectateurs (chômeurs, étudiants, retraités, etc.), Celentano avait insisté pour mettre, à chaque représentation, 6 000 places au prix symbolique d'un euro.
Prisencolinensinainciusol - YouTube par lolabonchien