Avis aux amateurs de vin : votre chroniqueur préféré cause vin tout à la fin, veuillez ne pas quitter et patienter.
Mon frère aîné Alain, grand lecteur de Cinémonde, vouait à Gina Lollobrigida une admiration sans bornes qui valait à la belle italienne d’être épinglée, en tenue légère, sur le mur de notre chambre commune ce qui bien sûr mettait notre sainte mère dans tous ses états. Aguichante elle incarnait le péché de chair : j’adorais ! « Pain, amour et fantaisie » de Luigi Comencini, sorti en 1953, mais jamais projeté au Rex de la Mothe-Achard car classé pour adultes avec réserves par l’OCIC (l’Office Catholique International du Cinéma créé en 1928 à Rome et relayé en France par la CCA). L’Eglise tenait ses ouailles dans nos campagnes, mon frère du donc aller le voir au Modern des Sables d’Olonne. Considéré par la critique comme le meilleur film de Gina Lollobrigida, celui où elle est la plus naturelle, connu une grande popularité et deux suites furent tournées, la première avec Lollobrigida et la seconde avec Sophia Loren : Pain, Amour et Jalousie et Pain, Amour, Ainsi-soit-il. Tout ça pour dire que mon amour pour l’Italie date de mon plus jeune âge et qu’il naquit sur le versant des femmes.
« Avoir 20 ans en 1968 », n’en déplaise à Paul Nizan dans Aden Arabie « J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie. », Alberto Toscano et moi-même partageons un avis contraire, ce fut le plus bel âge de notre vie car lui à Milan, moi plus modestement à Nantes où le FC Nantes de José Arribas ne brillaient pas des mêmes feux que l’Inter (j’adorais le grand Fachetti), nous nous sommes engagés dans ce mouvement à la fois contestataire et promoteur de liberté et de légèreté. Alberto est un Italien de France, en 1986, il s’y est installé définitivement après de nombreux séjours, dont la couverture des élections présidentielles de 1981. Il sera l’un des derniers à interviewer Pierre Mendès-France. C’est un grand journaliste, belle plume et bon débateur, européen convaincu, il fait partie du groupe des polémistes de l’émission On refait le monde sur RTL et il participe régulièrement à l’émission Kiosque sur la chaîne de télévision francophone TV5. Il est également collaborateur du quotidien La Croix, président de l’Association de la Presse étrangère (APE) en 1996-1997, président du Club de la Presse européenne (depuis 2000). Nous sommes rencontrés sur la Net, plus précisément sur mon Espace de Liberté. En effet, lorsqu’Alberto Toscano publia son livre « Critique amoureuse des Français » chez Hachette en 2009 je pondis en juillet une chronique où j’affichais mon amour pour l’Italie link. Alberto la découvrit et m’appela au téléphone. Je crapahutais en Corse. Nous convînmes de nous retrouver à déjeuner à la rentrée. Et puis pour des raisons propres à nos vies ce rendez-vous fut différé. Et puis mes pérégrinations me menèrent dernièrement jusqu’à un nouveau restaurant italien qui venait de s’ouvrir : le RAP (comme Ristorante Alessandra Pierini celle par qui le lieu est né) au 24 rue Rodier dans le neuvième arrondissement. Heureux de mon repas avant de reprendre le collier je papotais avec Alessandra et dans la conversation j’évoquai Alberto. Bonne pioche, Alessandra avait lu « Critique amoureuse des Français » dans le TGV Paris-Marseille qu’elle empruntait pour venir prospecter afin de trouver le lieu de son restaurant parisien. La suite est facile à imaginer : je contacte Alberto et nous voici autour d’une table chez RAP.
Comme tout bon parisien qui se respecte lorsqu’il quitte ses territoires connus Alberto s’est un peu égaré dans le quartier avant de rejoindre RAP. Cette jeune maison est élégante, simple, pas de chichis, l’accueil d’Alessandra est chaleureux et souriant et le service de Giovanni attentionné sans être envahissant. Avant d’ouvrir son restaurant à Paris Alessandra Pierini, native de Gênes, a tenu pendant 17 ans une épicerie « Pasta e Dolce » qui faisait restaurant à midi dans le quartier St Giniez à Marseille (8 arrt). Ici, c’est elle tient restaurant au 24 rue Rodier www.rapparis.fr et épicerie en face au 15 de la rue. Une fois qu’Alberto eut repris son souffle et qu’Alessandra ait obtenue sa dédicace sur son exemplaire de « Critique amoureuse des Français » nous trinquons à la nouvelle année avec une flute de Prosecco frizzante Torbia La Caneva. Les sujets de conversation ne manquent pas : le président du Conseil italien et notre président sont des sources inépuisables pour ce genre d’exercice. Dans son livre Alberto consacre un chapitre à la première dame de France, sa compatriote, sous le titre « Carla Bruni est une chanteuse ». Il écrivait, à juste raison, « Malgré les moqueries de certains, Carla n’est pas un « objet » de décoration de l’Élysée, mais une protagoniste à part entière de la vie politique et institutionnelle nationale » Comme je suis en train de lire le livre d’entretiens avec Carla Mosca et Rossana Rossanda de Mario Moretti, l’une des « têtes pensantes » des Brigades Rouges, « Brigate Rosse » Une histoire italienne j’interroge Alberto sur les années de plomb et nous partageons le même point de vue sur Cesare Battesti. La conservation roule allant de l’huile d’olive au football en passant par Michel Rocard qu’Alberto reçoit régulièrement à son club de la Presse européen.
Rassurez-vous nous mangeons et nous buvons tout en causant. Alberto, tout comme moi, apprécie la cuisine et le vins de RAP. La carte est courte : deux antipasti, deux primi, trois secondi et trois dolce mais offre un réel choix. C’est fin, frais, plein de saveurs préservées. De la vraie cuisine toute en finesse qui ravit et nourrit. Entre autres j’ai beaucoup aimé les Tagiolini in sugo di anatra al cedro (tagliolini, sauce de canard au cédrat), les Filetto di branzino, sugo di vogole e carciofi (filet de bar de ligne, jus de palourdes et artichauts) et la Pastieria napoletana con salsa di arancia rossa (pastieria napolitaine à l’orange sanguine).
Du côté des vins nous avons bu :
- en blanc Ansonaco Isola del Giglio Carfagna link
- en rouge Le Amandole Barbera d’Asti 2006
J’avais bu, lors d’un précédent déjeuner un superbe Montebuono Uno Maga 1986 rouge.
Giovanni est un amoureux du vin : ça se sent et ça se voit. Ses vins, dans la tendance dites « nature » sont de petits bijoux qui se marient très bien avec la cuisine raffinée de RAP. Je reviendrai dans une future chronique sur la cave de RAP (on trouve aussi les vins à l’épicerie) car comme le dit la carte « c’est au fil du temps, à fur et à mesure que notre jeune restaurant grandira, que la carte des vins évoluera avec votre aide et votre appréciation ». Cette simplicité et cette ouverture d’esprit sont à saluer tout comme le prix des vins qui est très raisonnable commence à 19€ avec un beau lot autour des 20 à 25€. De plus pour RAP « le vin reste un élément de fête et de connaissance. Boire du vin avec modération, c’est aussi raviver sa mémoire culturelle. »
Tout comme j’ai fait découvrir à Alberto Toscano ce petit bijou italien de Paris qu’est RAP 24 rue Rodier www.rapparis.fr je vous invite à suivre mes bonnes manières : allez-y ! Accueil garanti, cuisine de belle expression et pour les vins du cousu main. De plus à l’épicerie en face vous pourrez faire vos commissions.