Ceci est un long commentaire sur mon opération Grand Corps Malade, d'un fidèle lecteur : Sam, qui m'a semblé un peu à l'étroit dans la petite lucarne prévu à cet effet - le commentaire bien sûr - alors j'ai pensé qu'il valait mieux lui ouvrir mon immense espace de liberté.
Le Beaujolais
L'éclat de rire de la table.
Louis Orizet
Le beaujolais, c’est la nature avec ses parfums, sa lumière, ses infinis, le repos du soir, l’enthousiasme du matin. »
Jules Chauvet (1905-1989)
"La bande des 15" voilà le type de démarche que je suggérai dans mon exposé, écrit il y a plus d’un an, une petite réserve, cette bande s’apparente, on ne peut trop à l’élite de l’A.O.C., sans distinction de notion de prix, par exemple : Château de Jacques et Paul Janin à Romanèche-Thorins, nous allons du simple au double, voilà 2 propriétés qui ne s’adressent pas à la même clientèle. Il eut été important de préciser que cette liste n’est pas exhaustive, car nous avons une autre bande de 15, qui pousse très fort et pas loin d’égaler la première.
Il convient donc de faire un diagnostic du patient, de bien déterminer les parties du corps malade et la gravité de leur état. Si les neuf crus (J’ai mis le Régnier à part, mais sans vouloir faire d’ostracisme à son encontre, cette appellation a du mal à décoller, c’est une grave erreur d’avoir créé une A.O.C.supplémentaire, dont des terres trop lourdes, anciennement dévolues à la culture du maïs, qui n’étaient pas vraiment prédestinées à la culture de la vigne ?) peuvent faire le dos rond et attendre des jours meilleurs, il n’en est pas de même des Villages, Beaujolais supérieurs et Beaujolais générique. Ces deux dernières nécessitant la thérapie la plus lourde, et laquelle ?
D’où une grande disparité d’appréciation chez les vignerons, chacun se sentant peu concerné ayant déjà entrepris une démarche de qualité, pensent que c’est aux négociants d’agir.
Toute l’appellation à beaucoup à reprocher à ces deux affaires successives 2006 pour celle reprochée à Georges Dubœuf , (Beaujolais Supérieurs et génériques, baptisés Grands Crus Morgon, Fleurie etc ,,,,,,,,,,,, et 2008 pour les 600 tonnes de sucres achetés par une centaine de viticulteurs, d’ailleurs après le procès des suspects, qui s’est déroulé dans un quasi anonymat, en janvier 2009 à Lyon, des centaines de tonnes de sucre n’ont toujours pas trouvées de destination avec le nom des clients ?
Les peines requises ont été d’une mansuétude indigne d’une vraie justice.
Pourquoi étouffer le fait que probablement deux à trois cent vignerons aient triché (on ne peut parler de chaptalisation, le sucrage étant clandestin) et faire endosser la suspicion aux 2200 autres vignerons (honnêtes) de l’appellation ?
Depuis les exportations ont chutées de manière spectaculaire, le Japon habituellement notre client n° 1, – 22 %, la Suisse – 40 %, avec la toile on peut trouver tous les chiffres.
Les deux appellations, le Beaujolais (générique) et le Beaujolais supérieur où nous avons le plus d’invendus, se situe exactement dans la gamme de prix où nos concurrents étrangers ont fait le forcing pour s’implanter en France.
Alors que le premier critère pour se développer, est le prix, pourquoi les vignerons des Crus et quelques Villages, s’entêtent-ils à vouloir faire du "Bourgogne"? En créant des cuvées spéciales, des vins passés en fût, ce qui dope les prix, et seules peuvent y prétendre, des appellations comme les Côtes de Brouilly, Moulin à Vent, Morgon, Fleurie dans les bons millésimes, St Amour et Juliénas, quand on sait les attendre plus 5 à 6 ans, ont un air de Bourgogne.
Quand je dis "Bourgogne", je veux dire Mâcon-Village ou Côte Chalonnaise et non-pas Gevrey-Chambertin, (faut pas rêver) comme certains écrits y prétendent.
On n’a plus le coté friand du Beaujolais et on n’a pas non plus un Bourgogne, seuls restent convaincus les inconditionnels des crus de l’appellation, j’ai fait des essais jusqu’à 10 ans de garde, j’ai eu quelques bons résultats avec des Côtes de Brouilly, Moulin à Vent et St Amour, mais après il est plus judicieux au regard du prix, de s’orienter vers des Hautes Côtes de Beaune ou de Nuits. Si par exemple Paul Janin à Romanèches-Thorins, produit un vin hors du commun à 12 euro, donc acceptable, ou ceux du regretté Marcel Lapierre, mais déjà là, nous sommes dans les prix d’un Savigny les Beaune 1er Cru, à chacun de choisir.
Ensuite le Beaujolais-Sud aussi appelé Pays des Pierres Dorées, aussi dénommé "Toscane Beaujolaise", qui démarre à 3 kilomètres au nord de Ville franche sur Saône jusqu’à L’Arbresle au sud, est le berceau des Beaujolais génériques et Supérieurs, avec le cœur Bois D’oing, c’est dans cette partie de la région que sont produit ces vins qui alourdissent les stocks. C’est une (belle) région très accidentée, avec des vallées profondes et des vignes gélives dans les fonds de vallées, qui à maturité optimum, surtout sur les coteaux, donnent des vins légers et friands, autrement ont besoin d’un peu de sucre, mais dans les normes. Mais en cherchant un peu 3 nom sortent du lot pour cette région : Jean-Paul Brun, Domaine des Terres Dorées à Charnay (69380) et Pierre-Marie Chermette à St Vérand (69620) à 6.20 euro et le Vignoble Charmet à Le Breuil (69620). Pourtant ces viticulteurs ne chaptalisent pas et font de grands vins, quand on voit les tables étoilées clientes de Jean-Paul Brun, on reste confondu. Avec mes excuses pour ceux ce que je ne connais pas, je n’ai visité que 4 fois la région.
Le beaujolais peut monter jusqu'à 1000 mètres sur les hauteurs qui dominent la vallée d’Azergues.
Nous sommes ici, à 30 kms de la place Bellecour et, si les Lyonnais, en voisins, en sont très amateurs, ce n’est pas suffisant pour écouler autant de volumes
Les coopératives, si elles ne cherchaient pas à faire des cuvées spéciales, de part le nombre de leurs adhérents et des coûts de vinification moins élevés qu’un propriétaire-récoltant, ne pourraient-elles pas tirer les prix vers le bas, en se consacrant uniquement à des vins de plaisir, ce qui a fait la gloire de cette appellation, dans son pot traditionnel dans les "bouchons" de la capitale des Gaules.
Pour faire la promotion de leurs vins les viticulteurs de l’appellation devraient pouvoir se grouper et créer des structures pour ce faire.
Vous me direz, il reste les mini-salons à droite à gauche en provinces, mais voilà pour un couple, deux nuitées d’hôtel, 4 repas du soir, si on n’a pas prévu le pâté de la mémé, le jésus et quelques chèvres pour le casse-croûte du midi, la location du stand, et 3 salons dans l’année, tout ça fait monter le prix de la bouteille de 1.50 euro.
L’idéal serait même d’offrir un sandwich, avec une terrine de campagne d’artisan (ce n’est pas très cher) avec le bag in box à porté, les Français adorent, (il y aura toujours quelques profiteurs) mais sinon c’est largement rentable.
Sinon vous trouverez des vignerons sympathiques, faisant bien leur métier, accueillants, avec des prix honnêtes, j’en ai que je suis depuis 40 ans, j’ai des Villages qui s’égalent à des Crus, quel beaux paysages, quelles bonnes tables, enfin tout pour rendre agréable la vie à un membre de l’A.B.V.
La région des grands Cru (Morgon……..etc) ressemble à la région du Barolo, les Langhes en Italie, et comme en Italie on voit les Alpes (Par grand beau temps ici).
Cette appellation est un vin de soif et de fête par excellence, comment faire la fête avec le risque d’un contrôle routier ?
A l’occasion relisez les romans de Gabriel Chevallier : Clochemerle et Clochemerle-Babylone, dont le cadre se situe à Vaux en Beaujolais
Ainsi, il écrit, à propos des Beaujolais du Sud : « Puisé à même le tonneau, bu à la température de la cave, le beaujolais paraît glissant et d’une légèreté sans conséquence…Le vin de Clochemerle est à la fois exquis et traître : on s’y laisse piper une narine, un coin du gosier, et tout l’homme y passe…Il provoque une charmante allégresse, si pétillante intellectuellement que le buveur se sent libéré des conventions et des contraintes qui l’enchaînent dans la vie ordinaire. »
Un avis assez répandu, voudrait que le Chiroubles soit le plus charmeur, le 2009 et 2010 ne nous feront pas mentir.
Monter jusqu'à la table d'orientation sur le col du Fût d'Avenas sur la commune de Chiroubles, vue sur le mont Brouilly, la vallée de la Saône, le Mont-Blanc. En contemplant ce paysage, l'alchimie entre la nature et le vin vous sera alors nettement perceptible.
Si demain en plus du Guide Hachette, Bettane et Desseauve, etc ……….la liste de la bande des 15, puis des trente, où est le plaisir de la prospection, de la découverte, en 40 ans j’en eu 5 en cave, mais peut-être le prix de certains m’avaient-ils orienté différemment ?
Cela fait beaucoup de littérature, notre seule aide sera de visiter les bons vignerons plus souvent.
Sam