Je sens poindre des reproches : c’est bien beau Berthomeau de lancer des appels à la mobilisation pour donner un coup de main aux vignerons du Beaujolais mais faudrait que l’intendance suive ! J’en conviens, mais l’intendance c’est moi et moi seul. Ceux d’entre vous qui ont répondu présent à ma proposition de Task Force s’ils souhaitent me prêter main forte doivent au minimum me faire parvenir des biscuits. Certains ont commencé, d’autres m’ont promis de m’alimenter : j’attends !
Bref, ne serais-je qu’un faiseur de coups en mal de notoriété et, pire, rien qu’un arpenteur des beaux terroirs avec mon beau costar ?
Ça se pourrait bien car, comme vous le savez, je suis allé faire mon gandin au Grand Jour de Bourgogne, où j’ai enchaîné la dégustation chez JC Boisset le matin à Nuits et celle du château du Clos Vougeot le soir. Puis, la semaine suivante, je suis allé faire le beau 2 jours dans les châteaux des GCC de Bordeaux sous le prétexte fallacieux de jouer dans la même catégorie que « les longs nez et les gorges profondes » qui hument et se gargarisent au 2009 millésime d’exception dit-on. Pour faire bon poids, même si mon casier vin est déjà aussi épais qu’une histoire de Bigard, voilà t’y pas que mon goût pour la belle table du Laurent ferait dire à de bonnes âmes que j’y tiens table ouverte. Vu mon lourd passé sous les ors de la République tout cela relève de la récidive et je risque fort de finir mes jours chez mes voisins de la rue Messier qui se refond une Santé aux frais de la République.
Donc je me suis dit « Berthomeau, ressaisis-toi ! Fais un vrai au retour au terroir. Reviens au terrain ! Retrouve la chaude ambiance catalane de la salle des fêtes de Trouillas, l’accueil distancié à la charentaise de la mairie de Jonzac, l’arrivée au petit matin à la cave coop de Valros dans le bureau de Jeannot... la vraie France donc... celle du bas. T’es pas fait pour te pavaner dans les châteaux mon gars. Coltine-toi les problèmes insolubles. Contente-toi de pester contre les metteurs d’emplâtres sur les jambes de bois ! Si ton ego en a besoin dis-toi qu’on te béatifiera quand t’auras passé l’arme à gauche : dans notre beau pays les tombereaux de fleurs arrivent pour la levée du corps... » Je m’attendais à des remontrances ou a des silences polis et j’ai eu droit au coup de pied de l’âne.
J’adore les ânes, ceux qui me suivent depuis longtemps le savent. Lire « Adieu Modestine » http://www.berthomeau.com/article-3598608.html donc qu’Hervé Bizeul ne prenne pas mal le recours à cette expression à son propos. Tout le monde connaît Hervé Bizeul donc je ne le vous présente pas. Mes écrits sur le caddie de Leader Price lui ont échauffé les sangs. Sa sentence est tombée sans appel « Un article, rayeur*, inutile et partial. » Espace de liberté oblige : Sans la liberté de blâmer, il n'est pas d'éloge flatteur alors, comme disent nos ados, qui aiment tant le gel coiffant effet mouillé, pas de soucis. Mais voilà t’y pas que dans son élan bienveillant de releveur de bretelles d’un chroniqueur qui pratique la sociologie à 2 balles et qui gaspille son réel talent à écrire des facilités, notre Hervé se lâche « enfin, tu remarqueras, si tu n'as que deux ou trois produits dans la main, que c'est l'endroit où, systématiquement, on te propose de passer devant... Ce sont peut être des pauvres, tu peux les mépriser à demi mot, mais tu devrais y aller, pour voir. Chiche ? » C’est t’y pas beau ça me voilà, au détour d’une phrase taxé de mépriser à demi mot les pauvres.
Là, je me suis dit : mon coco faut que tu consultes en hâte une cellule de soutien psychologique pour encaisser un tel crochet du droit. Et puis, après quelques coups de plume au cul des commentaires de Bizeul, je me suis dit que le jeu n’en valait pas la chandelle. C’était comme si moi j’avais écrit que la « Petite Sibérie » faisait un tabac en Seine-Saint Denis et qu’on m’accusait d’anticommunisme primaire. La meilleure thérapie c’est l’action. Je suis donc revenu à mon auto-mission : le Beaujolais. Je travaille. J’écoute. Je lis ce qui a été proposé : le plan Beaujolais de mon collègue Alain Bolio par exemple...
Ce matin, puisque selon mon habitude j’ai longuement digressé, je soumet à votre réflexion deux éléments lourds de la production du beaujolais :
1° La part du Vrac : 75%
2° La part des caves coopératives : 30% de la récolte totale qu’elles vendent au ¾ au négoce.
Ces deux pourcentages montrent que s’en tenir qu’à une approche par le haut, qui bien évidemment est nécessaire pour bâtir ou rebâtir une notoriété pour les crus du Beaujolais, ne se révèle pas suffisante pour traiter au fond le dossier Beaujolais « Grand Corps Malade ».