C’eut été du Mumm « Cordon Vert » ! Gag ? Non voir l’image ci-dessous. Le 12 juillet 1998 restera le jour de notre unique étoile. Aimé Jacquet, contre vents et marées, tirait parti des forces et faiblesses de ses joueurs, des egos des uns et de l’altruisme d’autres, pour constituer une équipe. Le football est un sport collectif et, même si la victoire fut belle, les matches de qualification ne furent pas tous, loin s’en faut, des emblèmes de beau jeu.
Le collectif, un mot un peu abimé par le collectivisme niveleur, est une force lorsque la somme des individualités est supérieure à leur stricte addition. Dans un collectif soudé l’individualité talentueuse s’épanouit plus encore au contact du joueur de devoir et le joueur ordinaire se transcende. Au-delà des tactiques, des consignes, du tableau noir, dans cette alchimie le rôle de l’entraineur est bien de transfuser à ses individualités cet altruisme qui mène aux plus belles victoires.
Dans le football français dans les années 60 qui suivirent la fameuse Coupe du Monde de 1958 où la France de Kopa et de Fontaine se classa 3ième un drôle de bonhomme chauve, discret, un émigré espagnol, José Arribas, tira le FC Nantes de la 2de Division en 62-63 pour conquérir en 64-65 le titre de « champion de France » avec une équipe « sans vedettes » selon des principes nouveaux.
« Faire confiance aux hommes, provoquer une crise de conscience chez tous ceux qui ont accepté de le suivre, telle est la ligne de conduite de José Arribas. Pour lui, l’esprit collectif prime tout. Il n’admet pas qu’un joueur puisse profiter du travail des autres, à son seul avantage.
José est bien placé pour savoir qu’un être isolé éprouve des difficultés à survivre. L’expérience des Halles de Bordeaux est constamment présente à sa mémoire : sans le soutien des « forts », il n’aurait pu franchir la plus noire période de son histoire.
Parce qu’il a vu la force l’emporter sur la loi, dans son propre pays* il exige le strict respect des règlements sur le terrain. Arribas est l’ennemi de la brutalité, du football purement physique. Le mouvement doit se fonder sur l’intelligence. »
François Cavil dans L’Évènement mensuel d’Emmanuel d’Astier N°2 1966
- José Arribas est né à Bilbao en janvier 1921. Le père de José prend les armes contre les franquistes. Après la défaite sa famille émigre dans le Sud-Ouest. À 16 ans il travaille aux Halles de Bordeaux et ce sont les « forts » qui lui apprennent le français. Lorsque les allemands occupent la France il devient un clandestin. Honnête footballeur il joue dans des petits clubs puis devient »entraîneur-joueur : « contremaître » du football à Noyen-sur-Sarthe 2000 habitants. Il conduit cette modeste équipe jusqu’à la Division d’Honneur. Il postule pour le FC Nantes. Les dirigeants le choisissent. En 3 ans avec un savant dosage de jeunes et de vieux briscards : André Strappe, Pancho Gonzales et André Guillot il hisse le club en 1ière Division. La belle aventure du FC Nantes commençait.
Je l’ai suivi avec amour et passion. Je n’ai jamais eu l’âme d’un supporter, j’aime le jeu, l’intelligence du jeu, la joie de la victoire, l’acceptation sportive de la défaite. Gondet, Budzinsky, Simon, Suaudeau n’étaient pas des stars mais d’excellents joueurs au service d’un collectif. Reste le grand Max Bossis : si vous avez un peu de temps je vous conseille de lire la chronique que je lui avais consacrée en novembre 2005 « Le Grand Max » http://www.berthomeau.com/article-1154159.html Elle est courte et elle a le mérite d’aborder le sujet du jour.
Je n’ai pas regardé, hormis un beau match de l’Allemagne, les « prestations » de l’équipe de France. Je n’ai guère de sympathie pour Raymond Domenech mais dans cette affaire il n’est que l’expression la plus affirmée d’une absence d’ambition collective de ses joueurs et des dirigeants du football français. Pour ces derniers, les traiter de petits boutiquiers ce serait insulter le petite commerce. Ils ne sont qu’insignifiance et vacuité. Quand aux joueurs le qualificatif de « lopettes » me semblent le plus approprié. Jouer semble étranger à leur vocabulaire. Pour le Raymond, tirer sur un corbillard n’est pas dans ma culture alors, puisque la retraite est à l’ordre du jour, je lui en souhaite une pleine de regrets éternels et plein de petits Ribéry...