Dans le style « je ne veux voir qu’une seule tête », et « nous sommes tous égaux face à la vie que l’on vit » se fixer comme objectif une bonne moyenne bien compacte obtenue par un diviseur qui ne veut rien dire c’est jeter de la poudre aux yeux pour mieux masquer son impuissance. En l’occurrence ici il s’agit des objectifs nutritionnels prioritaires définit par le PNNS 1et2 concernant la consommation d’alcool par les français.
Je cite « Diminuer la consommation annuelle d’alcool à moins de 20 g par jour (PNNS1), de 20% par habitant afin de passer en dessous de 8,5 l/an/habitant (PNNS2) »
« Repère boissons : ne pas dépasser par jours 2 verres de vin de 10cl pour les femmes et 3 verres pour les hommes. »
Tout ça est beau et rassurant comme l’objectif d’un Plan mais est-ce avec de tels indicateurs globaux que l’on fait progresser le niveau de la santé de nos concitoyens. En effet, le vieil adage : « qui trop embrasse mal étreint » garde en la matière toute sa pertinence.
La stratégie est un art militaire. Lorsque l’état-major dresse un plan de bataille il doit tenir compte des forces en présence, les siennes et celles d’en face, de la nature du terrain, de la météo, de la logistique, du moral des troupes... avant de définir une stratégie. Celle-ci se situe, avec de multiples variantes, entre 2 types de choix : défendre ou attaquer. En clair, et de façon un peu sommaire, soit concentrer ses forces sur ses points faibles pour ne pas reculer, soit tout miser sur ses points forts pour progresser.
Dans le domaine de la Santé Publique il semble que l’état-major de la Direction Générale de la Santé, flanquée d’une myriade de représentants de l’Administration et des Etablissements publics de l’Etat (51 membres) ait élaboré « un programme ambitieux » mais que « la gouvernance et l’organisation ne sont pas à la hauteur des enjeux ». En clair, tout ce beau monde bichonne sur le papier un beau PNNS mais pour sa mise en oeuvre plus personne, ou presque, est en capacité d’appliquer et de contrôler ce qui se passe sur le terrain.
Mais qu’est-ce donc ce PNNS ?
Pour faire dans l’ironie facile je répondrai qu’en France nous n’avons pas de pétrole mais nous avons le Plan National Nutrition Santé 1 et 2 : que le monde entier nous envie*, fils adultérin du Gosplan et d’une belle part de la matière grise des beaux esprits qui ont si bien appréhendés et gérés la pandémie H1N1, forme fort indigeste du Gloubiboulga cher à Casimir, dont le petit peuple avachi devant son téléviseur, ingurgitant force de pizzas et de sodas, ne retient que le gimmick « manger, bouger... » inscrit sur le bandeau déroulant qui défile lorsque des bienfaiteurs de notre santé, tels Coca Cola et Mac Do font de la pub à la télé.
Plus sérieusement (accrochez-vous car c’est du sabir administratif pur sucre) :
« Le PNNS est un programme de santé publique qui propose une politique nutritionnelle à travers le double prisme de la tradition culinaire française d’une alimentation qui rime avec plaisir et patrimoine gastronomique, et la santé et du bien-être au regard des risques de survenue de certaines maladies, comme certains cancers, le diabète et l’obésité compte tenu des déséquilibres nutritionnels, liés à la fois à des excès dans l’alimentation et à un environnement marqué par une augmentation des comportement sédentaires et au manque d’activité physique.
Le PNNS s’inscrit dans un système de représentation qui va de la sphère privée à la sphère publique, mettant en jeu l’histoire individuelle et le mode de vie de chacun, avec une très grande diversité des comportements alimentaires observés dans un contexte où les valeurs culturelles, l’environnement économique et social pèsent sur les politiques publiques.
Si le PNNS, au terme de ses deux programmes, s’appuie sur un consensus sur la définition des repères nutritionnels, dont il a permis de diffuser les références, il lui a été difficile de définir avec succès une politique nutritionnelle généraliste, qui tienne compte par ailleurs des différentes populations cibles en fonction de leur âge (les jeunes et les personnes âgées), ou de leur niveau socio-économique (les populations en situation de pauvreté ou de précarité).
Les différentes parties prenantes que sont les acteurs institutionnels, administrations, collectivités territoriales, les acteurs économiques (producteurs du monde agricole, IAA, restauration collective) ou les partenaires associatifs et aussi les sociologues et chercheurs, souscrivent dans l’ensemble au constat que la nutrition s’impose comme un enjeu de santé publique, mais restent partagés sur la part qui revient à chaque déterminant. Pour certains, la régulation des comportements alimentaires collectifs doit être privilégiée, alors que pour d’autres la responsabilité de chacun dans son mode de vie est primordiale. Chacun s’accorde néanmoins à reconnaître des facteurs d’environnement que sont la politique d’aménagement urbain comme la politique de transport, les équipements sportifs, mais aussi l’organisation de la restauration scolaire, la qualité nutritionnelle des aliments, ou leur prix. »
Herculéen !
Ça donne, accrochez vos ceintures, pour le PNNS1 de janvier 2001 :
- 9 objectifs nutritionnels prioritaires
- 9 objectifs spécifiques qui ont une approche populationnelle
- des principes généraux (le choix alimentaire individuel est un acte libre, le PNNS prend en compte la triple dimension biologique, symbolique et sociale de l’acte alimentaire...)
- 6 axes stratégiques.
Le PNNS 2 de 2006-2010 lui :
- conserve les 9 objectifs nutritionnels prioritaires
- élargit à 10 les objectifs spécifiques
- énonce 10 principes généraux (dont le bannissement de toute stigmatisation des personnes)
- comprend 4 plans d’action.
Je sens que vous frisez l’indigestion et que vous filez tout droit vers une surcharge pondérale mais désolé je dois aller au bout du bout.
D’abord pour vous informer des moyens financiers mis en œuvre : « L’essentiel des crédits publics (environ 15 millions d’€ par an) mis à disposition de ce programme sont de fait attribués à l’INPES (environ 10 millions d’€ par an) en charge des actions de communication visant à faire connaître et à décliner les principaux repères nutritionnels ainsi que les bonnes pratiques alimentaires tant vers le grand public, que les filières professionnelles, que du monde socio-éducatif et de la santé. »
En langage simple : l’essentiel des crédits passe dans la Com !
A noter « que l’INPES reconnaît en outre que le risque de confusion entre le message sanitaire et le produit promu, un problème soulevé par l’UFC Que Choisir avant la mise en place des bandeaux. En effet, cette association avait montré dès 2006 qu’après la visualisation d’un spot télévisé pour les céréales riches en sucres avec le bandeau d’information « Pour votre santé, évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé » 68 % des adultes sondés pensaient que le fabriquant vantait l’équilibre nutritionnel de son produit. »
Attention, je n’écris pas que tout est bon à jeter dans les « bonnes intentions » des promoteurs des PNNSS 1 et 2, je me contente de souligner comme le font les auditeurs de l’IGAS et du CGAER – mes citations sont extraites de leur rapport d’avril 2010 – qu’ « il est regrettable qu’à la lecture du programme ne transparaisse aucune tentative, sinon de hiérarchisation, du moins de définition d’un ordre de priorité, ou à minima de mise en valeur, de certaines problématiques par rapport à d’autres »
Pour prouver mon esprit éminemment constructif je vais poser une question de fond aux concepteurs du PNNS et faire une suggestion d’action ultra-prioritaire.
Ma question : « à plusieurs reprises il est souligné que l’alimentation tient une place originale et centrale dans la culture de notre pays. Le formidable patrimoine gastronomique et culturel dans ce domaine, la place particulière des terroirs dans nos références identitaires, la richesse et la diversité de notre offre alimentaire, la puissance de l’agro-industrie nationale, les enjeux économiques qui y sont liés constituent un alliage particulier et fort dont aucune politique publique ne saurait faire abstraction. »
Fort bien, même si le lien que vous faite entre notre patrimoine gastronomique et la puissance de notre industrie agro-alimentaire ne clarifie pas l’approche de la question que je vous pose : ne pensez-vous pas que, comme le soutiennent des scientifiques, « Le Bien Vivre à la française le meilleur remède contre le développement de l'obésité » ? http://www.berthomeau.com/article-30650904.html
Ma suggestion d’action ultra-prioritaire : En partant du constat que certains secteurs de notre agriculture souffrent, plus particulièrement : les fruits et légumes, viande bovine et ovine, une partie du secteur laitier et que parallèlement le secteur de la restauration collective, plus particulièrement les cantines scolaires et les restaurants universitaires, se trouvent confronté au dilemme entre le prix et la qualité nutritionnelle et gustative des produits offerts, la mise en place, comme aux USA, d’un système préférentiel d’achats de ces produits pour les gérants de ces structures, permettrait tout à la fois de soutenir le prix de ces produits, et donc de rémunérer plus justement les producteurs, tout en apportant à nos enfants et à nos jeunes une alimentation plus saine et plus équilibrée à un prix abordable par le plus grand nombre.
Ma proposition n’a rien d’irréaliste et que les grisouilloux de la sacro-sainte « concurrence » de Paris ou de Bruxelles ne viennent pas me chanter leur chanson sinon je sors ma sulfateuse.
Fort bien me direz-vous, et la dose prescrite, vous l’avez zappée ! C’est vrai mais vous aurez la suite au prochain numéro car là il faut que je pose mon stylo...