Février a tiré ses 29 jours en nous rappelant qu’il peut faire très froid en hiver et j’en ai profité pour chroniquer sur un vieil opus d’un savant belge Théodore Augustin Mann « Mémoires sur les grandes gelées et leurs effets » qui, bien avant nos climatologues, constatait un réchauffement de notre planète. Et pendant ce temps-là notre Eva arborait une magnifique chapka pour protéger son joli minois des frimas ce qui, bien sûr, ne l’empêchait pas d’arpenter les coins et les recoins de notre planète des vins pour dénicher de belles quilles.
Ne me dites pas qu’Eva est en retard à son rendez-vous mensuel c’est inexact car, si ce fichu mois de février savait compter, arrêtait de décoconner, le mois de mars débuterait aujourd’hui. Ce matin elle vous attire sur de nouveaux rivages pour vous faire apprécier sa dernière trouvaille : un vin coquin qui tire ses avantages de ce que certains appellent les cépages modestes. Merci Eva et bonne route, ne te perds pas sur ton nouveau chemin et reviens-nous le mois prochain avec un plein panier de belles quilles : ce sera le printemps alors adieu chapka, doudoune et mitaines, vive le temps des terrasses, les jupes corolles et les débardeurs !
Dans le vin, il y les cépages incontournables, qu'on connait presque tous et qui nous parlent immédiatement, le chardonnay, le sauvignon, le cabernet... Et puis il y a les mal-aimés, les mal-connus et les presque disparus. Qu'une poignée de vignerons s'efforce de faire connaître ou revivre pour le plus grand bonheur de nos papilles.
Aujourd’hui, un cépage jusqu'alors inconnu pour moi, ou plus précisément, une variété de cépage inconnue. La cuvée s'appelle « Moisson Rouge » et est produite par Agnès et René Mosse, dont le talent va au-delà de cette seule cuvée (allez voir du côté de leurs blancs secs en vous arrêtant sur la case bonbon avec un verre d'Achillée, vous vous régalerez). Le cépage : Gamay. La variété : Gamay de Bouze. Oui, Gamay de Bouze.
Bon alors, c'est quoi cette variété de Gamay ? C'est un Gamay d'origine bourguignonne, on l'appelle aussi rouge de Bouze (Côte d'or) même si au cours de mes quelques cherches sur le web, je lui ai trouvé bien des synonymes. C'est donc une variété de Gamay noir à jus blanc qui aurait servi à une époque à colorer les vins manquant de couleur. C'est la première fois que je tombe sur cette variété. link
Au final, qu'est-ce que ça donne, un Gamay de Bouze pétillant dans un verre ? Ça donne tout d'abord un jus assez noir et foncé pour un Gamay, je comprends qu'on l'ait utilisé comme un cépage teinturier. C'est assez trouble, il n'y a pas eu de dégorgement, ce que me confirme l'article de Patrick. link Les bulles sont fines, le jus gouleyant, les tannins finalement assez fondus avec un peu de sucre résiduel. Du fruit, des p’tites bulles, ça passe à merveille et ça appelle la terrasse, les apéritifs interminables du printemps... Mais je vous rassure, ce pur jus de Gamay de Bouze se boit à merveille en toutes saisons !
Alors remercions Agnès et René Mosse de ne pas avoir oublié ce cépage et de l'avoir rendu aussi gourmand.
Et moi, j'irais bien à la recherche d'autres cépages un peu oubliés...
Domaine Mosse
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