Octobre, les premiers jours de l’automne, il fait beau même très beau, les soirées sont longues et belles et, comme un bonheur n'arrive jamais seul, Eva revient sur mes lignes pour la seconde fois et les mots qui viennent sous sa plume virtuelle nous prennent par la main et nous mènent avec elle en des territoires où l’on a envie de se poser, de prendre le temps, d’écouter, de l’écouter.
Imaginez, tard dans la soirée, alors que la fraîcheur de la nuit fait contraste avec la touffeur de la journée, une belle flambée qui crépite dans une de ces grandes et hautes cheminées où l’on pouvait faire tourner la broche, lentement le cercle se forme verre à la main, on s’assemble et on s’assied, la conversation s’épuise et petit à petit le silence se fait troublé que par le seul petit ploc du bouchon qu’Eva retire du goulot de la bouteille qu’elle est allée quérir au cellier, le rituel peut commencer, les verres scintillent sous l’impact du rougeoiement des flammes et je crois que c’est moi qui lance mezzo vocce : « nous sommes tout ouïe Eva… »
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Je ne sais pas vraiment pourquoi j'ai choisi aujourd'hui ce vin. Ce Verre des Poètes d'Emile Heredia. Peut-être que noyé sous un flot continu d'informations démoralisantes et de discours détestablement creux, on finit par avoir besoin de se poser. Et de voir les mots se poser aussi. De prendre le temps de les lire et de les écouter. De ceux qu'on ne présente plus à ceux qui laissent leur plume fiévreuse déverser des torrents de mots sur des lignes virtuelles, il est bon de laisser les poètes nous bercer ou éveiller nos consciences.
Le Verre des poètes est un vin de table. Je trouve que l'expression « vin de table » prend ici un sens très noble. N'est-on pas tous un peu poète, surtout lorsque l'on se retrouve autour d'une table, entre amis, à refaire le monde autour d'un beau verre de vin? Cette table, qui rassemble, est aussi le théâtre de discussions animées pour refaire le monde, comprendre le passé, imaginer le futur. S'enflammer, se disputer, s'émouvoir, se contredire, s'énerver pour enfin se réconcilier autour d'un bon verre.
Ce bon verre en l'occurrence, c'est un Verre des Poètes, 100 % Pineau d'Aunis, un beau et élégant vin de table. Le côté poivré et épicé de ce cépage ligérien encore trop méconnu y est affirmé mais fin. Il y aurait même quelques notes florales au nez. En bouche, il est léger tout en ayant un caractère affirmé. Et puis un beau fruit, presque cassis mais plutôt groseille. Un vin fin, qu'on prend grand plaisir à boire. A carafer, il se goûte tout aussi bien 2 voire 3 jours après l'ouverture. La poésie continue...
Il ne faut pas boire pour être poète. Mais un beau vin peut nous inspirer. Je me demande bien si tous les poètes aiment ou ont aimé le bon vin. Si tous étaient amoureux de cette boisson si particulière, qui déclenche parfois chez nous des émotions telles que même sans plume, on s'enflamme, on s'exclame, on s'emporte, on exulte ! La fièvre des mots nous gagne à tel point qu'on se prendrait presque pour le plus grand des poètes du siècle. Au moins. Finalement, c'est peut-être tout simplement le vin lui-même qui est poète. Qu'on ne peut rien faire d'autre, face à l'émotion qu'il suscite en nous, que de se passionner. Et de laisser venir les mots.
Je vous laisse sur ces bonnes paroles de Beaumarchais qui ornent la bouteille d'Emile Heredia. A méditer, ce serait dommage de mourir sot. “Bannissons le chagrin, il nous consume. Sans le feu du bon vin qui nous rallume, réduit à languir. L'homme sans plaisir vivrait comme un sot et mourrait bientôt. ” Beaumarchais
Le Verre des Poètes Domaine le Montrieux
Emile Heredia
43 rue de Montrieux
41110 NAVEIL
Description du Verre des Poètes : link