Âmes prudes, cœurs romantiques, femmes de haute vertu, hommes de grande moralité, rassurez-vous je n’agite pas sous vos yeux l’étendard d’un soudard en mal de stupre et de fornication. Loin de moi un tel projet je ne fais ce matin que plaider pour que nos corps en leurs plaisirs de table sachent revenir à la simplicité. Manger simple et sain n’est pas forcément compliqué. Pour illustrer mon propos permettez—moi de prendre appui sur mon cas.
Je n’ai, pauvre urbain, qu’un balcon suspendu au 9ième étage, orienté plein sud, et cette année profitant d’un raid végétal au mois de mai au Château de la Roche Guyon linkj’ai acquis 8 pieds de tomates de variétés anciennes : Andine cornue, Green Zebra, Jersey Devil, Roma. Culture totalement bio, hormis l’arrosage mes pieds de tomates ont fait ce qu’ils ont voulu ce qui, je le confesse, n’est pas très bon pour la productivité : faut pincer les gourmands (il existe un forum pour les Nuls comme moi link) Bref, même si elles se sont payé un coup de chaud pendant mes vacances à Venise, et que le soleil ne les a pas gâté en juillet, j’ai récolté de belles tomates fort goûteuses. Si ça vous dit de faire comme moi trouver ces anciennes variétés n’est pas du tout compliqué (un site par exemple link)
Pour les allergiques à l’agriculture soit sur balcon, soit en pleine terre on trouve des tomates de variétés anciennes sur les marchés aussi bien à Paris qu’en province (j’ai accompagné un grand propriétaire sur le marché de Libourne et nous en avons trouvées). Utilisez plusieurs variétés en fonction de leur goût, doux ou acidulé, de leur jutosité, de leur couleur, de leur arome. Un patchwork donc, beau à l’œil et bon pour les papilles. Reste donc à les préparer ! Consigne : simplicité ! Faire une salade de tomates est à la portée de quiconque sait se servir un couteau. Un couteau qui coupe, pas une lame de frimeur ! En effet, dans cet exercice, eu égard à ce que ces tomates se suffisent à elles-mêmes, nul besoin des condiments de type vinaigrette, vous tranchez vos tomates en lamelles ni trop épaisses, ni trop fines ou dans le cas de petits modules la coupe en 4/4 est idéale. Moulin à sel, moulin à poivre et vraiment comme exhausseur un mince filet de vinaigre de vin blanc (j’ai un vinaigre d’Orléans de cépage Chardonnay qui convient fort bien).
Je vous conseille de manger debout ce qui permet de porter l’assiette au niveau du menton. Le nez en profite et l’on peut ainsi enfourner les tranches avec rapidité. Pour autant, une fois en bouche il ne s’agit pas de tomber dans la gloutonnerie mais de se tapisser la bouche de fraicheur et de saveurs. Lorsque vous en avez terminé des tomates reste à accomplir un acte important : saucer ! Là vous allez me chambrer puisque je n’ai pas fait de vinaigrette. Et bien vous posez votre assiette : sur le jus des tomates vous versez un filet d’huile (celle que vous voulez) puis vous découper persil et ciboulette, vous touillez et avec un gros bout de pain à mie dense et épaisse vous saucez jusqu’à ce que l’assiette soit aussi lisse qu’une fesse de nonne.
Enfin, après avoir posé l’assiette vous vous servez un verre de vin blanc frais juste ce qu’il faut. Vous essuyez vos lèvres un peu graisseuses, soit avec votre manche si vous n’avez pas de serviette, soit avec votre mouchoir ou bien sûr une serviette, et vous posez vos fesses là où vous voulez et vous lapez votre verre à petites gorgées. Si vous pratiquez l’exercice en groupe : il faut une grande cuisine et une certaine discipline afin d’éviter les accidents. Pour la beauté du geste chaque convive pioche dans la montagne de tomates et prépare son frichti par lui-même d’où l’utilité de posséder son propre couteau. Bien évidemment la maison fournit assiette, fourchette et verre, pour le reste comme on disait dans la cour de l’école lorsqu’on jouait au drapeau ou au ballon prisonnier « c’est chacun pour sa peau »
Bon appétit !