Ma mère était une excellente cuisinière au quotidien comme pour les grandes occasions : son beurre blanc, ses vols au vent, ses tartes… À Noël, bien évidemment, elle nous préparait une bûche.
Ce qui me fascinait dans la préparation de la bûche c’était le moment, ô combien délicat, où maman roulait le biscuit de génoise, qu’elle venait de tartiner d’une crème au beurre. Une fois l’opération effectuée c’était plus ludique : la couverture de la buche, à l’aide d’une douille chemin de fer, d’une fine couche de la crème au beurre chocolatée. Puis, venait la phase artistique : tracer des nervures pour faire genre écorce, poser la base d’une branche sciée, dessiner aux deux extrémités l’écorce de la bûche, enfin placer les petits champignons en meringue puis enfin le nain avec sa scie.
De la bien belle ouvrage même si au final la bûche de maman n’était pas d’une grande légèreté (la crème au beurre) mais, en ces temps d’après restrictions, nos mères avaient la hantise de bien nous nourrir.
Maintenant nous consommons. Bien sûr la crise fait que « les Français dépenseront globalement moins cette année pour les fêtes de Noël mais ils vont préserver leurs budgets gastronomie et jouets, a déclaré mardi la secrétaire d'Etat au Commerce et à l'Artisanat Carole Delga, au micro de France info.
Le budget global pour les dépenses liées aux fêtes de fin d'année est plutôt en baisse, de l'ordre de 4%," a indiqué la secrétaire d'Etat.
En revanche, pour tout ce qui est nourriture et jouets, c'est une progression. Il y aura certainement une hausse de plus de 3% des ventes de jouets », a-t-elle annoncé, en ajoutant que les produits made in France recevaient un bon accueil, notamment les jouets fabriqués dans le Jura.
Les traditions ne se perdent pas tout à fait mais du côté de la bûche de Noël, du moins à Paris, nous assistons à une surenchère des « pâtissiers stars » Pierre Hermé en tête. C’est une inflation de créations que vous pouvez découvrir en ouvrant le lien ci-contre Le Top des bûches de Noël 2014 des Chefs Pâtissiers à Paris link
Inflation aussi sur les prix avec une mention toute particulière à Pierre Hermé avec Bûche de Noël 2014 by Pierre Hermé «Solstice d’hiver» Edition limitée à 55 exemplaires Tarif : 140 € à partir de 12 personnes.
Je dois vous avouer que ces compositions esthétisantes ne me font pas saliver et ne me donne pas envie de casser ma tirelire pour quelques bouchées de bûche de Noël.
Comme je n’ai guère la main pâtissière renouveler les gestes de maman pour faire sa bûche ne me tente pas. Alors, que faire ?
Chercher une bûche qui lui ressemblerait.
Je l’ai trouvé, dans son esprit chez Philippe Conticini à la Pâtisserie des Rêves rue du Bac à quelques tours de roue de chez moi.
Il l’a baptisé : LA BÛCHE VINTAGE link
« Avec son allure rappelant la bûche traditionnelle de notre enfance, cette création de Philippe Conticini est désormais un rendez-vous incontournable. Crème aux marrons, biscuit moelleux à la pâte de marron, nuage de crème chantilly, base croustillante à la vanille et fleur de sel, marron doux, compotée acidulée de griottes et « craquounet » à la fleur de sel. »
Vous allez me dire que je ne suis pas à une contradiction près car cette bûche, dans sa substance, n’a strictement rien à voir avec la buche de maman. La réponse est évidemment oui mais ce qui comptait pour moi c’était l’esprit, le geste de revisiter la bûche traditionnelle de Noël et ça Conticini le fait admirablement bien. Sa bûche dite vintage est d’une légèreté absolue, elle a fait l’unanimité.
Si Conticini est un grand pâtissier il lui faudra prendre des cours de logistique pour l’année prochaine : la distribution des commandes rue du Bac a relevé de l’improvisation proche du foutage de gueule : 1 heure d’attente face à de braves jeunes gens perdus dans un classeur bordélique. Le gag c’est que les clients qui n’avaient pas passé commande étaient servis, eux. Seul bon point, l’extrême patience des gens mais, pour le moins, Philippe Conticini nous doit autre chose que des plates excuses.
Mais la bûche de Noël d'où vient-elle ?
« Bien avant de devenir le dessert que nous connaissons du repas de Noël, la bûche allumée dans la cheminée en cette nuit merveilleuse exprime, dans toutes les traditions européennes, une mosaïque de croyances et de coutumes.
Elle était destinée à se consumer pendant trois jours mais l’idéal était qu’elle puisse tenir douze jours, pendant les douze nuits critiques consécutives, jusqu’à l’Epiphanie qui célèbre la venue des Mages à Bethléem. En Allemagne, on l’appelle « Christbrand », alors qu’en Italie elle est « il ceppo », pour devenir « Yule log » dans les pays anglo-saxons, « kerstblock » en Flandre, « cachofio » en Provence, « chuquet » en Normandie ou bien « cosse » dans le Berry. » link
« La date de naissance du dessert qui a permis de continuer à célébrer symboliquement ce rituel varie selon les sources : certains évoquent sa création vers 1834 par un des ouvriers pâtissiers de La Vieille France à Paris, d'autres son invention vers 1945 par un pâtissier de la société Colibri et quelques-uns la tradition d'un « gâteau roulé de Noël » dans la région Poitou-Charentes depuis le 19ème siècle. »
Avec ma bûche vintage le brut nature Cumières 1er cru de Georges Laval s’imposait !